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doit faire prendre une grande courbure à toute la machine, et si l’on fait attention que le passant, quand il est au milieu de sa carrière surtout lorsqu’il fait du vent, se trouve exposé à de grands balancements, on jugera aisément qu’un pont de cette espèce, quelquefois de plus de trente toises de long, a quelque chose d’effrayant au premier coup d’œil… Cependant ce n’est pas encore là l’espèce de pont la plus singulière ni la plus dangereuse qui soit en usage dans le pays. »

Voici le portrait que l’auteur nous fait des indigènes indiens : « J’ai cru reconnaître en tous un même fonds de caractère, l’insensibilité en fait la base ; je laisse à décider si on la doit honorer du nom d’apathie, ou l’avilir par celui de stupidité. Elle naît sans doute du petit nombre de leurs idées, qui ne s’étend pas au-delà de leurs besoins. Gloutons jusqu’à la voracité, quand ils ont de quoi se satisfaire ; sobres, quand la nécessité les y oblige, jusqu’à se passer de tout sans paraître rien désirer ; pusillanimes et poltrons à l’excès, si l’ivresse ne les transporte pas ; ennemis du travail, indifférents à tout motif de gloire, d’honneur ou de reconnaissance ; uniquement occupés de l’objet présent et toujours déterminés par lui ; sans inquiétude pour l’avenir ; incapables de prévoyance et de réflexion, se livrant quand rien ne les gêne à une joie puérile qu’ils manifestent par des sauts et des éclats de rire immodérés, sans objet et sans dessein ; ils passent leur vie sans penser et ils vieillissent sans sortir de l’enfance dont ils conservent tous les désirs. »

Ce portrait du sauvage, dessiné d’après nature, d’après l’original, ne ressemble guère à celui que Jean-Jacques