Page:Bouniol - Les rues de Paris, 1.djvu/270

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

comme une relique et qui, de plus, pouvait être une ressource dans les besoins pressants… La Condamine doutait que le vase, vu sa grandeur, fût réellement une émeraude, et, pour s’en assurer et éprouver sa dureté, il allait tenter de le rayer, lorsqu’on le prévint et le vase lui fut retiré des mains.

Autre anecdote que rapporte Biot, mais qu’il est difficile de ne pas croire apocryphe : « Dans un petit village, sur les bords de la mer, on lui montrait un cierge que l’on entretenait toujours allumé, et l’on ajoutait que, s’il venait à s’éteindre, le village serait tout aussitôt englouti par les flots.

« Êtes-vous bien sûr de ce que vous dites ? demanda La Condamine au cicerone ; et comme celui-ci répondit qu’il n’en doutait point :

« Eh bien ! reprend l’académicien, nous allons voir, et aussitôt il souffle sur le cierge qu’il éteint. On n’eut que le temps de le dérober à la fureur du peuple en le faisant échapper par une issue secrète et lui recommandant de quitter le village au plus vite. »

Voici qui paraît plus vraisemblable : un jour qu’il se trouvait près de Mme de Choiseul pendant qu’elle écrivait une lettre, il se pencha, soit distraction, soit indiscrétion, comme pour regarder. Mme de Choiseul s’en aperçut, et continuant néanmoins d’écrire, elle ajouta :

« Je vous en dirais bien davantage si M. de La Condamine n’était pas derrière moi, lisant ce que je vous écris. »

La leçon était méritée encore que La Condamine protestât bien haut de son innocence en disant : « Ah !