Page:Bouniol - Les rues de Paris, 1.djvu/248

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de la presque totalité (à l’égard de Colbert surtout) des écrivains même monarchiques et conservateurs auxquels le parti pris de la tradition semble avoir fait illusion et dérobé la claire-vue des évènements. Voici comment St-Victor s’exprime sur Colbert :

« Il entendait les finances, le commerce, les manufactures et toutes les branches de l’administration intérieure, aussi bien que Louvois entendait la guerre ; et pour les administrateurs exclusifs de cette science industrielle qu’il rendit florissante en France plus qu’elle ne l’avait été jusqu’à lui, il n’y eut jamais de plus grand ministre que Colbert. Il faudrait sans doute le louer sans réserve, si, tout en administrant avec cette supériorité qu’on ne peut lui contester, son esprit se fût élevé au-dessus du matériel de son administration, et si, non moins blâmable en ce point que son rival, il n’eût pas, comme lui, cherché à tout abattre sous le despotisme étroit dans lequel leurs basses flatteries avaient renfermé leur maître et dont ils partageaient avec lui, et à l’ombre de son nom, les funestes prérogatives… Tout ce qui osait résister à ce despotisme sans règles et sans bornes devait être brisé. Ce n’était point assez que Louis XIV eût la plénitude du pouvoir temporel à un degré où aucun roi de France ne l’avait possédé avant lui ; il arriva, ainsi que nous l’avons vu, qu’un pape eut l’audace de ne pas se plier à toutes ses volontés ; il convint d’apprendre au pouvoir spirituel à quelle distance il devait se tenir du grand roi, et comme nous l’apprend Bossuet lui-même, « les quatre articles sortirent à cet effet des bureaux du surintendant. »

La conduite de Louis XIV, par exemple, conseillé ou