Page:Bouniol - Les rues de Paris, 1.djvu/234

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

partis vers lesquels il inclinait également, se résigna enfin au départ. Dieu sait ce qu’il lui en coûtait et avec quelles larmes il se sépara de son troupeau désolé, après avoir fait don au diocèse et à ses amis de tout ce qu’il possédait, l’église, la maison épiscopale, le couvent des Ursulines, restés sa propriété ; il donna aussi ses ornements, jusqu’à ses livres. Il ne se réservait rien et partait plus pauvre qu’il n’était venu. La ville presque entière voulut lui faire cortége à sa sortie des murs, et quarante voitures au moins l’accompagnèrent pendant plusieurs lieues sur la route de New-York. Quand enfin, il fallut se séparer, protestants et catholiques s’agenouillèrent également pour recevoir une dernière fois sa bénédiction.

Vers la fin de l’année 1823, Mgr de Cheverus arrivait en France, et la tristesse qu’il ressentait souvent encore à la pensée de ceux qu’il laissait orphelins, s’adoucit peu à peu par la joie de revoir, avec la terre natale, de vieux amis, des parents qui lui faisaient fête, et auxquels il croyait avoir dit un éternel adieu. Présenté au roi lors de son arrivée à Paris, puis nommé à l’évêché de Montauban, après quelques retards provenant de difficultés relatives à l’enregistrement des bulles, il put faire son entrée dans sa ville épiscopale où sa réputation l’avait devancé ; aussi catholiques et protestants s’empressèrent à l’envi pour le recevoir et les ministres furent des premiers à venir le saluer. Un trait touchant marqua les débuts de son épiscopat. Il apprit que, dans une ville assez importante de son diocèse, le maire et le curé ne vivaient point en bonne intelligence, mais par la faute surtout du premier. L’évêque va le trouver :