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rieuses. Personne cependant ne garda rancune au courageux apôtre, et, tout au contraire, ce fut une joie universelle quand, quelques années après, on apprit que l’abbé de Cheverus, promu à l’épiscopat, était choisi pour remplir l’un des quatre nouveaux siéges érigés en Amérique, celui de Boston, diocèse comprenant toute la Nouvelle-Angleterre. Cette haute dignité avait été proposée d’abord à l’abbé de Malignon, qui certes en était digne par ses vertus et par sa science ; il en donna la meilleure preuve puisque, dans son humilité, il fit si bien que M. de Cheverus fut nommé à sa place comme plus apte à remplir ces hautes fonctions dans les circonstances actuelles.

Le nouvel évêque d’ailleurs ne trompa point l’attente de son ami ni celle de ses ouailles, et sa dignité ne refroidit en rien l’ardeur de son zèle, bien au contraire. Évêque, il resta missionnaire, se faisant tout à tous selon la parole du grand Paul, et continuant d’exercer toutes les fonctions du saint ministère, baptisant, confessant, catéchisant, visitant les pauvres, les malades, et les plus délaissés, les plus abandonnés. Un jour, la vieille domestique qui le servait remarque que Monseigneur, sorti de bonne heure pour se rendre à l’église, rentrait plus tard qu’à l’ordinaire, et sur ses vêtements froissés elle aperçoit des traces de poussière mêlée avec un grossier duvet. Le lendemain et le jour suivant, elle fait la même remarque. Alors, se doutant bien qu’il y avait là quelque touchant mystère de charité, et craignant que son maître ne fût entraîné par son zèle, elle le suit à distance un matin et le voit, dans un faubourg éloigné de la ville, entrer dans une cabane. Elle s’approche, et