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comme la Reine, elle a consommé paisiblement le grand sacrifice de sa vie. »

Après l’audience, Dumas, toujours frénétique, proposa au tribunal de faire arrêter l’avocat. On ne l’osa pas encore cependant, parce qu’on voulait avoir l’air de laisser la liberté aux défenseurs tant qu’ils existaient, et ils ne furent supprimés que deux mois après « comme les fauteurs salariés de la tyrannie, dit le rapport à ce sujet, voués par état à la défense des ennemis du peuple. »

Bientôt après, 1er juillet, Chauveau-Lagarde, arrêté à la campagne, à vingt lieues de Paris, fut amené par des gendarmes à la prison de la Conciergerie. L’ordre d’arrestation portait « qu’il serait traduit sous trois jours au tribunal révolutionnaire pour y être jugé, attendu qu’il était temps que le défenseur de la Capet (sic) portât sa tête sur le même échafaud. »

Mais le prisonnier eut le bonheur d’être oublié dans cette foule de victimes que le tribunal immolait sans relâche : « Je ne réclamai point, dit-il, je gagnai du temps, et après quarante jours de captivité, je fus mis en liberté dix jours après la mort de Robespierre et de Payan qui m’avait fait arrêter. »

Libre, le courageux avocat reprit avec la même indépendance l’exercice de sa profession. En 1797, nous le voyons défendre, devant une commission militaire, l’abbé Brottier, accusé de conspiration royaliste. Sous l’Empire, à force de démarches et de persévérance, il obtient la grâce du lieutenant-colonel espagnol Darguines, que son éloquence n’avait pu faire absoudre. Sous la Restauration, à laquelle ses sympathies étaient