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ment naïf, et ces travers de son esprit, en dépit de son génie, l’illustre écrivain ne fit ni aux autres ni à lui-même tout le bien qu’il eût pu, et s’il faut l’avouer même, il fit à eux comme à lui, plus d’une fois, quelque mal. Comme nous l’avons dit, dans la plupart de ses ouvrages, il est un certain nombre de passages, de pages même qu’on s’étonne d’y lire, et que la main d’un chrétien, s’il les avait écrites dans la fièvre du travail, n’aurait pas dû hésiter, après réflexion, à effacer.

Pour lui-même, l’illustre poète, faute d’une règle de conduite assez ferme, en écoutant trop, ce semble, les entraînements de l’ambition et d’autres, a vu souvent sa vie troublée par l’inquiétude, empoisonnée par les cruels déboires, par les déceptions amères, bouleversée même par des orages. Par les mêmes motifs, et faute sans doute d’avoir fait à la préoccupation religieuse la plus large part dans sa vie, ses dernières années furent désolées par cet ennui morne, par ces incurables et, sous certains rapports, inexcusables tristesses à l’état de phénomène et dont plusieurs témoins oculaires nous font de si prodigueux récits. Madame de Bawr dit dans ses Mémoires et Souvenirs :

« Comment donc devînt-il si indifférent à tant de gloire ? Hélas ! il ne put supporter la perte de sa jeunesse. Sans qu’il fût atteint d’aucune infirmité, d’aucune souffrance grave, il était si malheureux de vieillir que rien ici-bas n’excita plus son intérêt, ne lui apporta plus de joie. Cette mélancolie de caractère, dont son ardente imagination lui donna des accès auxquels nous devons Réné et tant d’autres belles pages, devint une tristesse habituelle. La tête penchée, l’œil abattu, il res-