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succomba le 27 avril 1799. Dans l’ordre du jour du lendemain on lisait : « Il emporte au tombeau les regrets universels ; l’armée perd en lui un de ses chefs les plus braves, l’Égypte un de ses législateurs, la France un de ses meilleurs citoyens, les sciences un homme qui y remplissait un rôle célèbre. »

Ce témoignage, à la vérité officiel, prouve que le général était mieux apprécié par les soldats qu’on a pu le penser d’après les paroles rapportées plus haut. Mais voici qui le prouve mieux encore : le désir de reconnaître par lui-même un des points les plus importants de la géographie de l’Orient, avait engagé Bonaparte à se rendre à Suez (4 nivôse an VII), avec Monge, Berthollet, Costal et du Falga Caffarelli. On avait traversé la mer Rouge, près de Suez, à un gué praticable seulement pendant la marée basse. Au retour, la marée commençant à monter, on dut prendre un autre chemin en s’éloignant du rivage. Mais par une erreur du guide, on s’égara au milieu de marais profonds, entre lesquels donnait passage seulement un sentier fort étroit. Plusieurs des chevaux trébuchèrent et s’enfoncèrent dans la bourbe, d’où il fut impossible de les retirer. Il en fut ainsi de celui que montait Caffarelli qui, à cause de sa jambe, n’ayant pu descendre à temps, courait le plus grand danger. Deux guides (soldats) du général en chef, l’aperçoivent et s’efforcent d’arriver jusqu’à lui.

« Mes amis, leur crie Caffarelli, il n’y a aucun moyen de se dégager d’ici, éloignez-vous et n’enlevez pas trois hommes à la patrie lorsque vous pouvez en sauver deux. »

Ces généreuses paroles, au lieu de décourager les bra-