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cet avantage, et déclara que le patrimoine serait partagé par portions égales entre tous. Il mit donc tout en commun ou plutôt, comme on l’a dit, il se réserva pour sa part toutes les privations et toutes les fatigues… Il pourvut à tous les besoins, et réglant l’administration du patrimoine, il en accrut la valeur par de sages améliorations.

Il avait dû faire, momentanément du moins, à ses devoirs de père de famille le sacrifice de sa carrière militaire et remettre pour un temps son épée au fourreau en devenant l’intendant de la fortune commune et aussi l’instituteur, le professeur des orphelins. Mais, dans son amour du bien, cette tâche ne lui suffisait pas, d’après ce que nous apprend l’historien contemporain. « Surpassant encore le célèbre exemple qu’a donné en Prusse un seigneur bienfaisant (de Rochow), en créant dans ses terres des établissements réguliers d’instruction, il voulut lui-même devenir l’instituteur des enfants de son village. Chaque soir, après le travail des champs, on le vit au milieu d’eux leur donner des leçons de lecture, d’écriture et d’arithmétique ; il s’attachait particulièrement à leur enseigner la première des sciences, celle du vrai bonheur, en leur apprenant à aimer la vertu. Ses domestiques avaient part à ses instructions. Il ne se laissa ni rebuter par les fastidieux détails qu’elles entraînaient, ni détourner par ses autres affaires ou par ses propres études. Il associait ses frères à ses touchantes fonctions, il les faisait jouir des douceurs qu’il leur devait ; et sa vie se partageait ainsi entre l’accomplissement des devoirs modestes et sublimes qui appartiennent à une bienfaisance éclairée et les sentiments de la nature. »