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sances spéciales, a su, mieux que nous ne pourrions le faire, mettre en relief les services rendus par cet artisan illustre dont le nom, resté justement populaire, est une preuve nouvelle que la gloire ne dédaigne personne, et se plaît à récompenser tous les genres de mérite. À ce titre, Breguet, comme Jacquard, comme Richard Lenoir, mérite une place dans notre galerie, d’autant plus que chez lui le caractère de l’homme était à la hauteur du talent, du génie de l’artiste ; c’est M. Parisot qui n’hésite pas à lui donner ce titre, et qui songerait à le lui contester ?

« Breguet, dit M. Villenave, était recherché dans les premières classes de la société où il comptait plusieurs amis. On a dit de lui qu’il avait toujours conservé la naïveté de la jeunesse et même celle de l’enfance ; qu’il voyait tout en beau, excepté ses ouvrages ; qu’en lui, tout était égal, uni, simple ; qu’il était timide sans être jamais embarrassé ; qu’on trouvait des rapports entre lui et le bon La Fontaine ; qu’il n’avait jamais voulu quitter sa petite et modeste maison où la fortune était venue le trouver ; qu’il était toujours prêt à être utile aux artistes ; que tous étaient heureux autour de lui, et lui plus que les autres. On raconte qu’étant devenu un peu sourd sans être susceptible, il disait, quand on riait de quelque quiproquo : Dites-le-moi, que je rie aussi, ce qu’il ne manquait pas de faire. »

Breguet (Abraham-Louis), naquit à Neufchatel en Suisse, le 10 janvier 1747, d’une famille d’origine française. Enfant, il paraissait d’une intelligence paresseuse, et ses maîtres augurèrent assez mal de son peu de goût pour la grammaire française et latine. Tout