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que j’ai tant de fois prêché et conseillé aux autres. »

Dès le lendemain, après s’être préparé par une confession de toute sa vie à recevoir les derniers sacrements, « il entra lui-même, dit le Père Bretonneau, témoin oculaire sans doute, dans tous les sentiments qu’il avait inspirés à tant de moribonds. Il se regarda comme un criminel condamné à mort par l’arrêt du ciel. Dans cet état, il se présenta à la justice divine. Il accepta l’arrêt qu’elle avait prononcé contre lui et qu’elle allait exécuter : « J’ai abusé de la vie, dit-il en s’adressant à Dieu : je mérite que vous me l’ôtiez et c’est de tout mon cœur que je me soumets à un si juste châtiment. »

D’après ce que nous lisons ailleurs, il dit à ceux qui l’entouraient : « Je vois bien que je ne puis guérir sans miracle ; mais que suis-je pour que Dieu daigne faire un miracle en ma faveur ? Que sa sainte volonté s’accomplisse aux dépens de ma vie s’il l’ordonne ainsi ; qu’il me sépare de ce monde où je n’ai été que trop longtemps et qu’il m’unisse pour jamais à lui ! »

Avec une entière tranquillité d’esprit et comme s’il pouvait encore compter sur de longs jours, il mit en ordre les papiers dont il était dépositaire. Puis, se souvenant de ses nombreux et illustres amis, « il désira qu’on leur apprît qu’il regardait sa séparation d’avec eux sur la terre comme une partie du sacrifice qu’il faisait à Dieu de sa vie. »

Il s’entretint ensuite quelque temps avec son directeur, et alors un mieux s’étant manifesté, ses confrères et amis reprirent quelque espérance. Mais, dans la soirée, un violent accès de fièvre survint, bientôt suivi du