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ment ; le charme est trop puissant et l’enchantement trop fort. Ainsi, mes frères, si Dieu nous aime, croyez qu’il ne permet pas que nous dormions à notre aise dans ce lieu d’exil. Il nous trouve dans nos vains divertissements, il interrompt le cours de nos imaginaires félicités, de peur que nous ne nous laissions entraîner aux fleuves de Babylone, c’est-à-dire au courant des plaisirs qui passent. Croyez donc très certainement, ô enfants de la nouvelle alliance, que lorsque Dieu vous envoie des afflictions, c’est qu’il veut briser les liens qui vous tenaient attachés au monde, et vous rappeler à votre patrie. Le soldat est trop lâche qui veut toujours être à l’ombre ; et c’est être trop délicat que de vouloir vivre à son aise et en ce monde et en l’autre… Ne t’étonne donc pas, chrétien, si Jésus-Christ te donne part à ses souffrances, afin de t’en donner à sa gloire[1] ».

Dans le sermon sur les Obligations de l’état religieux, il est sur le mariage plusieurs pages que j’ai lues d’abord avec une sorte de stupeur et dans lesquelles, aujourd’hui encore, j’inclinerais à trouver quelque exagération quoique avec un fond de vérité. Mais la franchise de l’expression, comme la profondeur de l’observation, et l’éloquente réalité de certains détails m’avaient frappé, et je n’ai pu résister à la tentation de cette nouvelle citation encore qu’un peu longue.

« Demandez, voyez, écoutez : que trouvez-vous dans toutes les familles, dans les mariages même qu’on croit les mieux assortis et les plus heureux, sinon des peines, des contradictions, des angoisses ? Les voilà ces tribu-

  1. Sermon sur l’Utilité des souffrances.