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nements, conduits par une mystérieuse providence, déjouent si facilement et si continuellement les desseins ! Et nunc reges intelligite !

« En effet, considérez, chrétiens, ces grands et puissants génies ; ils ne savent tous ce qu’ils font : Ne voyons-nous pas tous les jours manquer quelque ressort à leurs grands et vastes desseins, et que cela ruine toute l’entreprise ? L’évènement des choses est ordinairement si extravagant, et revient si peu aux moyens que l’on y avait employés, qu’il faudrait être aveugle pour ne pas voir qu’il y a une puissance occulte et terrible qui se plaît à renverser les desseins des hommes, qui se joue de ces grands esprits qui s’imaginent remuer tout le monde, et qui ne s’aperçoivent pas qu’il y a une raison supérieure qui se sert et se moque d’eux comme ils se servent et se moquent des autres[1] ».

Voici maintenant sur la souffrance une page merveilleusement consolante pour les infortunés et qu’ils ne sauraient trop méditer et relire !

« Oui, je le dis encore une fois, les grandes prospérités ordinairement sont des supplices et les châtiments sont des grâces. « Car qui est le fils, dit l’Apôtre, que son père ne corrige pas ? »… Il n’est pas à propos que tout nous succède ; il est juste que la terre refuse ses fruits à qui a voulu goûter le fruit défendu. Après avoir été chassés du paradis, il faut que nous travaillions avec Adam, et que ce soit par nos fatigues et nos sueurs que nous achetions le pain de vie. — Quand tout nous rit dans le monde, nous nous y attachons trop facile-

  1. Sermon sur la Loi de Dieu.