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dégoûts, des amertumes. Elles ont toutes une infinité qui se fâche de ne pouvoir être assouvie ; ce qui mêle dans elles toutes des emportements qui dégénèrent en une espèce de fureur non moins pénible que déraisonnable. L’amour impur, s’il m’est permis de le nommer dans cette chaire, a ses incertitudes, ses agitations violentes, et ses résolutions irrésolues et l’enfer de ses jalousies. Dura sicut infernus simulatio : et le reste que je ne dis pas. L’ambition a ses captivités, ses empressements, ses défiances et ses craintes, dans sa hauteur même qui est souvent la mesure de son précipice. L’avarice, passion basse, passion odieuse au monde, amasse non-seulement les injustices, mais encore les inquiétudes avec les trésors. Eh ! qu’y a-t-il donc de plus aisé que de faire de nos passions une peine plus insupportable en leur ôtant, comme il est très juste, ce peu de douceur par où elles nous séduisent, et leur laissant seulement les inquiétudes cruelles et l’amertume dont elles abondent… « Je ferai sortir du milieu de toi le feu qui dévorera tes entrailles » dit le prophète. Je ne l’enverrai pas de loin contre toi, il prendra dans ta conscience, et ses flammes s’élanceront du milieu de toi, et ce seront tes péchés qui le produiront. Le pensez-vous chrétiens, que vous fabriquiez en péchant l’instrument de votre supplice éternel ? Cependant vous le fabriquez. Vous avalez l’iniquité comme l’eau ; vous avalez des torrents de flammes[1] ».

Quelle sublime ironie et quelle profondeur dans ces quelques lignes à l’adresse des ambitieux dont les évè-

  1. Sermon sur la Nécessité de la Pénitence.