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    Va, dit la fée, à tort tu t’en alarmes ;
    De grands talents ont de moins beaux succès.
    Ses chants légers seront chers aux Français,
    Et du proscrit adouciront les larmes. »

Cette pièce, l’une des meilleures inspirations de Béranger, est en quelque sorte une auto-biographie du poète comme aussi en même temps un spécimen remarquable de son talent, ce qui nous a fait la citer pour la plus grande partie.

Vanité de la gloire humaine ! Béranger à peine dans la tombe, en dépit de ses funérailles si magnifiques, le silence, précurseur de l’oubli, se fit autour de l’idole. L’ombre descendit sur la statue debout encore sur le piédestal, mais devant laquelle la foule passait de plus en plus rapide et froide, indifférente, parfois dédaigneuse. Dans les rangs mêmes de ceux qui s’étaient montrés les plus prodigues de louanges, il se trouvait des aristarques, M. Pelletan, par exemple, pour discuter, presque contester le talent, le caractère même du poète, et nous étonner par la sévère impartialité de leurs jugements. Aussi maintenant qui lit Béranger, et combien se vend-il, bon an, mal an, de ses ouvrages ?