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algébriques, ajouter les petits facteurs aux grands, par exemple les vastes idées sur l’électrification et la nécessité purement pratique d’une économie parcimonieuse, ou, dans le domaine théorique, s’occuper également des plus vastes problèmes de philosophie et discerner les formules théoriques défectueuses qui peuvent devenir nuisibles par la suite. Cette aptitude à voir l’époque dans son ensemble aussi bien que dans ses moindres détails, à analyser des questions comme la « chose en soi »[1] et à comprendre en même temps la valeur théorique de chaque formule d’une résolution le congrès (on se souvient que dans sa brochure : Deux tactiques, Lénine a consacré plusieurs pages à la façon dont il ne faut pas rédiger les résolutions) ; cette prodigieuse aptitude à voir les plus grandes et les plus petites choses dans leurs justes proportions, à trouver la place des moindres détails sur l’échiquier politique et théorique et à les répartir de la façon la plus avantageuse pour la classe ouvrière, a prouvé son expression dans une synthèse remarquable de la théorie et de la pratique.


LA QUESTION DE L’IMPÉRIALISME


Je vais maintenant examiner de façon plus concrète ce que Lénine a donné de nouveau. La question de toutes les questions est celle de l’impérialisme. Elle est étudiée chez Lénine dans un livre bien connu, dont il est inutile de donner ici le résumé. Mais, camarades, j’attire votre attention sur le fait suivant. On ne saurait trouver un seul ouvrage théorique sur l’impérialisme qui soit aussi actuel que celui de Lénine, car chaque thèse, avec les données statistiques qui l’appuient, y est liée à la conclusion politique que Lénine en tire.

Ce n’est pas une simple analyse théorique d’une époque donnée, mais une analyse qui fait apparaître clairement la voie que doit suivre la classe ouvrière en raison de l’évolution de la classe dominante, en raison de l’impérialisme. Il y a là encore une seconde question, extrêmement importante pour notre époque, qui n’a été résolue dans aucun ouvrage théorique[2] : la question nationale et coloniale. Lénine a accompli dans ce domaine un immense travail théorique. Il nous a montré dans ses ouvrages comment il faut poser la question nationale et coloniale, et l’expérience a entièrement confirmé la justesse de son point de vue. Ici, Lénine a vraiment fondé toute une école.

  1. Dans Histoire et conscience de classe, Lukács discute longuement de « la chose en soi » et démystifie le kantisme.
  2. Allusion à Staline qui se targuait d’être un théoricien de la question nationale et coloniale.