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démie française. On a de lui une traduction de Pline le Jeune, plus élégante qu'exacte (Lettres, 1699-1701; Panégyrique de Trajan, 1709); un Traité de l'Amitié, 1703, dédié à Mme Lambert; un Traité de la Gloire, 1714; des Mémoires et Factums, 1724.

SACY (Silvestre de), savant orientaliste, né à Paris en 1758, m. en 1838, était fils d'un notaire. Il apprit les langues orientales presque sans maître, tout en étudiant le droit; fut pourvu dès 1781 d'une charge de conseiller à la cour des monnaies, et devint en 1791 un des commissaires généraux des monnaies. Élu en 1785 associé libre de l'Académie des Inscriptions, il en devint en 1792 membre ordinaire, et en 1833 secrétaire perpétuel. Il fut appelé en 1795 à la chaire d'arabe de l'école des langues orientales, qu'on venait de créer, et y joignit en 1806 celle de persan au Collége de France. A la Restauration, il fut nommé censeur royal, puis membre du conseil de l'Université (1814) ; mais il quitta ce haut poste au bout de peu d'années, ne pouvant approuver les tendances anti-libérales de ses collègues. Il devint en 1822 administrateur du Collége de France et de l'École des langues orientales; fonda, la même année, la Société asiatique dont il eut la présidence, fut nommé en 1832 conservateur des manuscrits de la Bibliothèque royale et élevé à la pairie. M. de Sacy savait plus de 20 langues, principalement l'arabe, le persan, le turc, l'hébreu, le syriaque. Il joignait à la science une grande piété, mais il était attaché aux doctrines jansénistes. Ses principaux ouvrages sont : Principes de Grammaire universelle (1799), un des meilleurs manuels de grammaire philosophique qu'on possède; Grammaire arabe (1810 et 1831), devenue classique ; Chrestomathie arabe; Relation de l’Égypte, traduite de l'arabe d'Abdallatif ; des trad. de Calila et Dimna (original des fables de Bidpay), du Pend-Nameh ou Livre des conseils de Férid-eddyn-Attar, de l’Hist. des Arabes d'Aboul-Féda, de l’Hist. des Sassanides de Mirkbond, et l’Exposé de la religion des Druses, publié l'année même de sa mort (1838). Des Mélanges de la littérature orientale, tirés de ses écrits et précédés de son Éloge par M. le duc de Broglie, ont été publiés en 1861. — Son fils, M. Ustazade de Sacy, né en 1801, s'est voué à la critique littéraire et a été élu en 1854 membre de l'Académie française.

SADDUCÉENS. V. SADUCÉENS.

SADE (Hugues de), dit le Vieux, d'une famille noble de Provence, qui exerça pendant plusieurs siècles de père en fils les premières charges municipales dans Avignon, vivait au XIVe s. et était le mari de la célèbre Laure de Noves, qui fut aimée de Pétrarque. Il répara à ses frais en 1355 le célèbre pont d'Avignon. Après lui, la maison de Sade forma 3 branches, celles de Mazan, d'Eyguières et de Tarascon, issues toutes les trois de son 3e fils.

SADE (l'abbé Jacq. de), de la même famille que le précédent, né en 1705, m. en 1778, vicaire général des archevêques de Toulouse et de Narbonne, a donné : Remarques sur les premiers poëtes français et sur les troubadours; Œuvres choisies de Pétrarque, trad. de l'italien, avec des Mémoires sur ce poëte, 1764, ouvrage estimé.

SADE (Alph. Franç., marquis de), homme fameux par ses vices, neveu du prec., né à Paris en 1740, servit quelques années, se retira en 1766 avec le grade de capitaine de cavalerie, et épousa Mlle de Montreuil, femme distinguée par ses vertus. Il ne tarda pas néanmoins à se livrer au libertinage le plus effréné, qu'il accompagnait d'atroces violences, fut arrêté à Paris en 1768, et condamné à mort à Marseille en 1772 pour un crime commis dans une scène de débauche, fut par commutation de peine enfermé à Vincennes, puis à la Bastille, enfin à Charenton, et ne recouvra sa liberté qu'à la Révolution (1790). Il se jeta dans le parti des démocrates, et se mit en même temps à publier des livres horribles, où il justifiait tous les vices et tous les crimes. Bonaparte, devenu consul, le fit reconduire à Charenton (1803) et saisit ses papiers, qui furent détruits pour la plupart. Il mourut à Charenton en 1814, dans sa 75e année. Outre des romans infâmes qui doivent être ensevelis dans l'oubli, il a laissé quelques pièces de théâtre, restées manuscrites.

SADELER (Hans), graveur au burin, né à Bruxelles en 1550, m. à Venise en 1610, fut le chef d'une famille de graveurs très-distinguée. Le plus célèbre, Gilles Sadeler, son neveu, né en 1570 à Anvers, m. en 1629, traitait avec un égal talent le portrait et le paysage : on l'a surnommé le Phénix de la gravure.

SADI, poëte persan. V. SAADI.

SADOC, Juif célèbre qui vivait au IIIe s. av. J.-C., est le chef des Saducéens. V. ce mot.

SADOLET (Jacq.), cardinal et érudit italien, né en 1477 à Modène, m. en 1547; fut avec Bembo secrétaire de Léon X et de Clément VII, et fut créé cardinal par Paul III (1536). Il tenta vainement d'empêcher Clément VII d'accéder à la ligue contre Charles-Quint, eut une grande part à la trêve conclue à Nice en 1538 entre ce prince et François I, fut député en 1542 vers François pour l'engager à la paix, et refusa les offres de ce prince, qui voulait le retenir en France. Sadolet avait pris Cicéron pour modèle et excellait, ainsi que Bembo, son ami, à écrire le latin avec une remarquable pureté. D'un caractère conciliant, il sut se faire aimer des Réformés eux-mêmes. On a de lui : Philosophiæ consolationes, 1502; De liberis recte instituendis, 1533 (trad. en franç. par P. Charpenne, 1855); Phædrus sive de laudibus philosophiæ, 1538 (trad. par Charpenne, 1864) ; des poésies latines estimées; des Lettres latines pleines d'intérêt. Ses œuvres ont été recueillies à Vérone, 1737, 4 vol. in-4. M. A. Joly a publié une Étude sur Sadolet, Caen, 1857.

SADOWA, v. de Bohême, près Kœnigin-grætz (V. ce nom). Le 3 juillet 1866, les Prussiens y ont remporté sur les Autrichiens une victoire décisive.

SADUCÉENS, secte juive, ainsi nommée de Sadoc, son fondateur, se forma vers 248 av. J.-C. Les Saducéens s'en tenaient au texte de la loi, sans admettre les explications, repoussaient les traditions, la croyance aux bons et aux mauvais anges, et niaient l'immortalité de l'âme ainsi que la résurrection des morts; ils n'en croyaient pas moins au libre arbitre et à la providence, mais ils ne servaient Dieu qu'en vue de récompenses terrestres. Ils étaient peu nombreux, mais comptaient dans leurs rangs beaucoup d'importants personnages. Au IIe s. av. J.-C., ils formèrent un parti politique, opposé à celui des Pharisiens ; les règnes d'Hyrcan I et d'Aristobule I furent l'apogée de leur puissance.

SADYATTE, roi de Lydie (621-610 av. J.-C.), père d'Alyatte et grand-père de Crésus, fit aux Milésiens une guerre qui fut terminée sous son fils.

SÆTABIS, auj. Xativa ou Jativa, v. d'Hispanie (Bétique), à 40 kil. S. O. de Sucro, était renommée par son lin et ses toiles.

SAFFI, Rusupis, v. murée et port de Maroc, sur l'Océan Atlantique, à 150 kil. N. de Mogador; 12 000 hab. Rade bonne en été. Commerce florissant avant que les marchands européens eussent été forcés de résider à Mogador. Prise par les Portugais en 1508, abandonnée en 1641.

SAGAN, v. murée des États prussiens (Silésie), ch. de cercle, sur la Bober, à 75 kil. N. O. de Liegnitz : 5000 h. Anc. principauté, qui appartint à la famille de Biren; beau château. Les Russes y battirent les Prussiens en 1759.

SAGAS, récits poétiques composés par les Scaldes ou Bardes scandinaves, du XIe au XVIe siècle, et où sont consignées les traditions mythologiques et historiques du Danemark, de la Suède, de la Norvége et de l'Islande. Les plus remarquables des Sagas, recueillies pour la plupart par Sœmund-Sigfusson, sont celles de Lodbrok, de Hervara, de Vilkina, de Volsunga, de Blomsturvalla, d’Ynglinga, d’Olaf Tryg-