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Nîmes en 1743, était aussi ministre protestant. Élu membre de l’Assemblée Constituante, il s’y fit remarquer par son hostilité contre le clergé. À la Convention, il combattit la mise en jugement de Louis XVI, et vota pour l’appel au peuple et le sursis. Membre de la commission girondine qui surveillait les actes du tribunal révolutionnaire, il se vit enveloppé dans la proscription de son parti, et porta sa tête sur l’échafaud (1793). On a de lui un Précis de l’histoire de la Révolution française, 1791, continué par Lacretelle jeune, et des Lettres à Bailly sur l’histoire primitive de la Grèce, 1787.

RABBATH-AMMON, auj. Amman, capit. des Ammonites. V. AMMAN et AMMONITES.

RABBATH-MOAB, auj. Rabbah, capit. des Moabites, à l’E. de la mer Morte et près de la r. g. de l’Arnon, était à 100 kil. S. E. de Jérusalem.

RABBE (Alph.), né en 1786 à Riez (B.-Alpes), m. à Paris en 1830, fut sous l’Empire attaché à l’administration de l’armée d’Espagne, puis exerça la profession d’avocat à Aix, se signala sous la Restauration comme libéral, et fut plusieurs fois emprisonné. On a de lui des Résumés de l’histoire de Russie, — de Portugal, — d’Espagne ; et une Hist. d’Alexandre I, emp. de Russie, 1826. Il commença en 1829 la Biographie universelle et portative des Contemporains, continuée par Boisjolin et Binet Ste-Preuve.

RABBIN, qui dérive de l’hébreu Rabb, seigneur, maître, docteur de la loi chez les Juifs modernes. Ce sont des espèces de casuistes instruits, que l’on peut consulter sur les questions religieuses ; mais ils n’ont pas, comme on le croit, de caractère sacerdotal.

RABELAIS (François), célèbre écrivain français, né en 1483 à Chinon, m. en 1553, était fils d’un apothicaire. Il fut quelque temps moine chez les Cordeliers et fut ordonné prêtre, puis, s’accommodant peu de la vie claustrale, il jeta le froc, se mit à courir le monde, se fit recevoir docteur à Montpellier (1531), et exerça la médecine dans cette ville. Chargé par la Faculté de Montpellier de solliciter du chancelier Duprat le rétablissement de quelques-uns de ses privilèges, il réussit dans cette négociation, et la Faculté. reconnaissante décida qu’à l’avenir tout médecin qui prendrait ses degrés revêtirait, en passant sa thèse, la robe de Rabelais. Le cardinal Du Bellay, ambassadeur à Rome, avec lequel il s’était lié au collége, l’emmena avec lui en qualité de médecin. Pendant son séjour à Rome, il se fit remettre les peines canoniques qu’il avait encourues ; néanmoins, il n’épargna dans ses railleries ni le sacré collège, ni le pape lui-même. À son retour, il obtint une prébende à l’abbaye de St-Maur ; en outre il fut nommé en 1545 curé de Meudon. Rabelais était de l’humeur la plus gaie et la plus bouffonne : on en raconte mille anecdotes plaisantes. On a de lui quelques ouvrages sérieux, notamment des éditions de divers traités d’Hippocrate et de Galien ; mais ces travaux n’auraient pas sauvé son nom de l’oubli s’il n’eût été l’auteur de la fameuse histoire de Gargantua et Pantagruel. C’est un roman satirique, rempli de folies, d’extravagances, de quolibets, de mots barbares et forgés à plaisir, de passages obscurs ou même inintelligibles, et qui souvent est ennuyeux ; mais on y trouve aussi beaucoup de gaieté, d’esprit et même de bon sens ; malheureusement, ce livre est déshonoré par des obscénités et des impiétés : les moines surtout y sont l’objet des attaques les plus violentes. Aussi fut-il censuré par la Sorbonne, condamné par le Parlement et mis à l’Index à Rome. On s’est donné beaucoup de peine pour saisir le véritable sens de cet ouvrage : la plupart des commentateurs y ont vu une allégorie continuelle : pour eux Gargantua est François I ; Grand Gousier, Louis XII ; Pantagruel, Henri II ; Picrochole, Maximilien Sforze ; Gargamelle, Anne de Bretagne ; Badebec, la reine Claude ; la Grande Jument, Diane de Poitiers ; Panurge, le cardinal de Lorraine ; mais il est probable que le fond et le cadre sont tout d’imagination, et que les allusions ne se trouvent que dans les détails. Le roman de Rabelais se compose de 5 livres, qui parurent séparément depuis 1533 jusqu’en 1553 (le dernier livre ne fut publié qu’après sa mort). Il en a été fait un grand nombre d’éditions, la plupart avec commentaires. Les principales sont celles d’Amsterdam, 1711 et 1741, avec remarques de Le Duchat et La Monnoye, 5 vol. in-8 ; celle d’Esmangart et E. Johanneau, Paris, 1823-26, 9 v. in-8, avec les remarques de Le Duchat, Bernier, Le Motteux, Voltaire, Ginguené ; de de l’Aulnay, 1823, 3 v. in-8 ; de P. Lacroix, 1842, in-12 ; enfin celle de MM. Burgaud et Rathery, revue sur les textes originaux, 1857, 2 v. in-18. L’abbé Marsy a rajeuni le style de l’auteur dans son Rabelais moderne, 1752. On a de Rabelais un recueil de Lettres, Paris, 1651.

RABENER (Théoph.), poëte et moraliste allemand, né à Wachau, près de Leipsick, en 1714, mort en 1771, remplit divers emplois dans les finances. On a de lui des Lettres satiriques, où il attaque de la manière la plus piquante les vices et les ridicules des classes bourgeoises : il y prend souvent Lucain pour modèle. Ses Œuvres ont été publiés à Leipsick, 1777, en 6 v., et à Stuttgard, 1840, en 4 vol. Quelques-uns de ses écrits ont été traduits en français : les Satires, par Boispréaux, Paris, 1754 ; Osaureus ou le Nouvel Abélard, comédie, par Cailleau, 1761.

RABIRIUS (C.), chevalier romain : accusé par Labienus d’avoir assassiné le tribun Saturninus, il fut défendu par Cicéron et acquitté. Nous avons encore le discours de Cicéron. — Cicéron plaida également pour un autre Rabirius, Caius Postumus, accusé de concussion, et réussit aussi a le faire absoudre.

RABIRIUS (C.), poëte latin du siècle d’Auguste, avait cultivé avec succès la poésie épique : Velléius le nomme à côté de Virgile. On lui attribue un morceau d’un poëme De Bello Actiaco trouvé dans les papyrus d’Herculanum, publié par Kreyssig, Schneeberg, 1814, et réimprimé, avec traduction et commentaires, par Montanari, Forli, 1830-34.

RABUTIN (BUSSI). V. BUSSI.

RACAN (Honorat DE BUEIL, marquis de), poëte, né en 1589 à La Roche-Racan en Touraine, mort en 1670, était fils d’un maréchal de camp. Page de Henri IV, puis militaire, il quitta le service avec le grade de maréchal de camp, et se livra aux lettres. Il fut l’élève et l’ami de Malherbe et fut nommé membre de l’Acad. française dès sa fondation (1635), quoiqu’il ne sût pas le latin. Racan a composé, sous le titre de Bergeries, des Idylles où la vérité du sentiment s’empreint souvent d’une teinte mélancolique, et qui furent fort goûtées de ses contemporains. On a aussi de lui des odes sacrées, tirées des psaumes ; des poésies diverses, et d’intéressants Mémoires sur la vie de Malherbe. Quoique cet auteur manque de force en général, il a donné à la langue poétique une harmonie et une grâce naturelle qu’on ne connaissait pas encore. On a publié ses Œuvres à Paris 1724, 2 vol. in-12. M. T. de la Tour en a donné en 1857 un recueil plus complet, avec Notice biographique et littéraire, 2 vol. in-16.

RACCA, RÉHA ou ORFA, l’anc. Édesse. V. ORFA.

RACCA, Nicephorium, v. de la Turquie d’Asie (Diarbékir), ch.-l. de pachalik, au confluent du Bélès et de l’Euphrate, à 200 k. S. O. de Diarbékir et à 160 kil. S. de l’autre Racca ou Orfa. Fondée par Alexandre, sous le nom de Nicephorium (V. ce nom). Ruines d’un palais d’Haroun-al-Raschid.

RACHEL, 2e fille de Laban, inspira de l’amour à Jacob, son cousin, qui, pour l’obtenir, consentit à se mettre pendant 7 ans au service de son oncle. Au bout de ce temps, Laban, usant de ruse, substitua à Rachel Lia, sa fille aînée, et Jacob fut obligé de servir encore 7 autres années pour obtenir la main de celle qu’il aimait. Après 6 ans de stérilité, elle lui donna un fils, Joseph ; 16 ans après, elle mit au monde un 2e fils, Benjamin, le plus jeune des enfants de Jacob.

RACHEL (Mlle), grande tragédienne, née en 1820,