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RUTILIUS (P.) RUFUS, né vers 150 av. J.-C, suivit Métellus comme lieutenant à la guerre de Numidie, devint consul l'an 105 av. J.-C., répara les fautes de son collègue Mallius, qui s'était laissé battre par les Cimbres, et forma une armée toute prête pour Marius. En 98, il accompagna en Asie comme lieutenant le proconsul Q. Mucius Scævola : ayant voulu réprimer les exactions des chevaliers qui remplissaient l'office de publicains, il fut lui-même à son retour accusé de concussion et condamné à l'exil par l'effet de l'intrigue. Sylla, maître de Rome, lui offrit de rentrer dans sa patrie; mais Rutilius refusa, ne voulant point être ramené contrairement aux lois, et mourut dans l'exil. Il s'était retiré à Smyrne.

RUTILIUS LUPUS (P.), grammairien latin que l'on fait vivre au temps de Tibère, est auteur d'un traité De figuris sententiarum, écrit avec une élégance cicéronienne, et édité en 1768 par Ruhnkenius, et en 1841, à Leipsick, par Frotscher.

RUTILIUS NUMATIANUS (Claudius), maître des offices et préfet de Rome sous Honorius en 417, était natif de Toulouse ou de Poitiers. Il a laissé un Itinerarium, en vers élégiaques, où il décrit un voyage fait de Rome en Gaule de 417 à 420. On n'a que le Ier livre et 68 vers du IIe livre de ce poëme, écrit en latin assez pur et qui offre de gracieuses descriptions. Publié pour la 1re fois à Bologne en 1520, il a été reproduit dans les Poetæ latini minores de Wernsdorf, et donné à part par Zumpt, Berlin, 1840. Il a été paraphrasé en français par Lefranc de Pompignan, et trad. par Collombet, 1842, et par E. Despois, 1843, dans la collection Panckoucke.

RUTLAND (comté de), le plus petit des comtés d'Angleterre, entre ceux de Lincoln, de Northampton et de Leicester, a 31 kil. sur 25, et 22 000 hab.; ch.-l. Oakham. La famille Manners porte le titre de duc de Rutland.

RUTULES, Rutuli, petit peuple du Latium, du temps d'Enée, était au S. de Rome et avait pour capit. Ardée. Conduits par Turnus, leur roi, ils firent la guerre à Énée. Tarquin le Superbe allait leur enlever Ardée lorsqu'il fut chassé du trône.

RUVIGNY (H. de), gentilhomme protestant, né en 1647, m. en 1720, était député des Églises réformées de France quand la révocation de l'édit de Nantes le força de passer en Angleterre. Il s'y fit naturaliser, fut nommé comte de Gallway, prit du service dans l'armée anglaise, se battit à Nerwinde contre ses anciens compatriotes à la tête d'un régiment de réfugiés français et devint général en chef des troupes britanniques en Piémont, puis en Portugal, pendant la guerre de la succession d'Espagne. Ayant perdu la bataille d'Almanza (1707), il fut rappelé, il publia pour se justifier des Mémoires qui reportaient toute la faute sur le ministre Sunderland, gendre de Marlborough.

RUVO, Rubi, Rubia, v. d'Italie (Terre de Bari), à 29 k. S. E. de Barletta; 6000 hab. Évêché.

RUYSBROCK (Jean de), mystique, né en 1294 à Ruysbrock près de Bruxelles, m. en 1381, fut longtemps vicaire de l'église Ste-Gudule à Bruxelles, puis prieur d'un monastère de chanoines réguliers à Groendal. Ses ouvrages, où il ne fait guère que reproduire les doctrines de S. Denis l'Aréopagite, sont écrits en allemand ; une collection en a été donnée en latin par Surius, Cologne, 1552, et a été réimprimée en 1609 et 1692. On y remarque le traité De nuptiis spiritualibus.

RUYSCH (Fréd.), médecin anatomiste, né à La Haye en 1638, m. en 1731, professa l'anatomie et la botanique à l'Université d'Amsterdam, fut en même temps médecin légiste près des tribunaux, et eut une grande clientelle. Il est surtout célèbre par la perfection à laquelle il porta l'art des injections avec des cires colorées, dont il se servit, soit pour conserver les corps, soit pour suivre les dernières ramifications des vaisseaux dans les tissus : il fit à l'aide de ce procédé de nombreuses découvertes anatomiques, notamment celle des valvules des vaisseaux lymphatiques et d'une membrane inférieure de l'œil, qui a conservé son nom. Malheureusement, il n'a pas laissé en mourant le secret de son procédé. Il a aussi fait connaître le premier beaucoup de plantes exotiques. Son superbe cabinet de préparations anatomiques fut visité et acheté par Pierre le Grand (1717). Il a laissé de nombreux ouvrages, qui furent réunis à Amsterdam en 1737, 5 vol. in-4.

RUYSDAEL, peintre. V. RUISDAEL.

RUYTER (Michel), célèbre marin hollandais, né en 1607 à Flessingue, commença par être mousse, fit huit campagnes, aux Indes comme capitaine de vaisseau, commanda comme contre-amiral en 1645 l'escadre opposée aux Espagnols, et en 1652 celle que la Hollande envoyait contre l'Angleterre; soutint glorieusement Tromp dans ses trois combats contre Blake (1653), fit éprouver de grandes pertes aux corsaires barbaresques (1656), puis, courant au secours du Danemark, battit 2 fois la flotte suédoise (1659), fut nommé vice-amiral à son retour en Hollande, et fit en 1664 une nouvelle expédition contre les Barbaresques. Il mit le comble à sa gloire dans la guerre de 1665-67 contre l'Angleterre, et dans celle de 1672-76 contre la France : pendant la 1re, il prit le port de Sheerness, remonta la Tamise, et jeta l'effroi dans Londres; dans la 2e, il livra combat aux Anglais et aux Français réunis à Soults-Bay, sur la côte d'Angleterre (1672); dans la campagne navale de 1673 il montra autant de prudence que de bravoure. Cependant il tenta en vain de s'emparer de la Martinique (1674). Envoyé en 1675 pour débloquer Messine, Ruyter livra bataille à Duquesne devant Catane : il y fut vaincu et blessé mortellement, mais après avoir fait un mal immense aux Français; il alla mourir de ses blessures à Syracuse (26 avril 1676). Les États généraux lui élevèrent un magnifique mausolée dans Amsterdam. Sa Vie a été écrite par G. Brandt, et trad. en français par Aubin, Amst., 1690.

RYE, v. et port d'Angleterre (Sussex) , une des Cinq Ports, sur la Manche, à l'embouchure de la Rother, à 13 kil. N. E. de Winchelsea; 3000 h. Pêche du hareng. Ville jadis très-fortifiée.

RYEGATE, bg d'Angleterre (Surrey), à 26 kil. E. de Guilford et à 34 S. E. de Londres; 5000 h. Station de chemin de fer. Église antique, dite le Prieuré, ruines d'un château fort. Titre de baronnie.

RYE-HOUSE (Complot de), complot formé en Angleterre en 1683, sous le règne de Charles II, avait, dit-on, pour but de tuer le roi et son frère, le duc d'York (Jacques II); un colonel Rumsay en était le chef ostensible. L'attentat devait s'accomplir à Rye-House, maison de campagne d'un des conjurés (d'où son nom); mais le complot fut découvert avant d'avoir reçu aucune exécution.

RYES, ch.-l. de cant. (Calvados), à 9 k. N. E. de Bayeux; 506 hab.

RYMER (Thomas), historien anglais, né vers 1650 dans le comté d'York, m. en 1713, fut nommé historiographe de la couronne, fit d'immenses recherches dans les archives de la Tour de Londres, et publia un précieux recueil de pièces continuées dans ce dépôt. Ce recueil, connu vulgairement sous le nom d’Actes de Rymer, est intitulé : Fœdera, conventiones, litteræ et cujuscumque generis acta publica inter reges Angliæ et alios imperatores, reges, pontifices, ab anno 1066 ad nostra usque tempora, Londres, 1704-35, 20 vol. in-fol. Il mourut pendant l'impression du XVe vol., mais il avait préparé les 2 suivants; le XVIIe contient la table générale; les 3 derniers (1726-35), rédigés par Sanderson, conduisent les Actes jusqu'à 1654. Il a été donné 3 autres éditions des Actes de Rymer : l'une à Londres, 1727-35, 2 v. in-f.; l'autre à La Haye, 1739-45, 20 v. in-4 ou l0 in-fol.; la 3e à Londres en 1816, par ordre du Parlement. On doit à Leclerc et à Rapin-Thoyras un Abrégé des Actes de Rymer.

RYSWICK, vge de Hollande (Holl. mérid.), près du canal de La Haye à Delft, à 3 k. S. E. de La Haye;