Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P3 - Q-Z.djvu/74

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de l'Agriculture, du Commerce et des Finances, et a publié, entre autres ouvrages, une Histoire de l'Asie, de l'Afrique et de l'Amérique, Paris, 1770-75, 15 vol. in-12 ou 5 vol. in-4, et les Nouveaux synonymes français, 1785 et 1796, ouvrage estimé, qui se place à côté de ceux de Girard, de Beauzée, sur le même sujet, et qui lui valut un prix de l'Académie.

ROUCHER (J. Ant.), poëte, né en 1745 à Montpellier, s'était déjà fait connaître avantageusement lorsqu'il fut nommé par Turgot receveur des gabelles à Montfort-l'Amaury, espèce de sinécure qui lui permettait de se livrer à son goût pour les lettres. Ayant voulu s'opposer aux excès de la Révolution, il fut condamné à mort pendant la Terreur; il subit le supplice avec courage le 7 thermidor (25 juill. 1794). On a de Roucher les Mois, poëme en 12 chants, 1779, une traduction de la Richesse des nations de Smith, 1790, et divers morceaux en vers et en prose. Ses Mois eurent beaucoup de vogue dans l'origine, et tombèrent depuis dans un injuste oubli : quoique l'ouvrage soit long et inégalement écrit, il offre de très-beaux morceaux. Sa Correspondance (pendant sa captivité) a été publiée en 1797.

ROUDAH, île de la Basse-Égypte (Djizeh), dans le Nil, vis-à-vis de Fostât. A l'extrémité S. O. de cette île était le fameux nilomètre des anciens Égyptiens.

ROUDBAR, forteresse de Perse (Ghilan), sur le Kizil-Ouzen, à 60 kil. S. O. de Recht et près de Kasbin, était la résidence de Kya-Buzurk-omid, l'un des chefs des Assassins.

ROUELLE (G. Fr.), chimiste, né en 1703 au bourg de Mathieu, près de Caen, m. en 1770, s'établit pharmacien à Paris, y fit des cours de chimie qui furent très-suivis, devint en 1742 professeur de chimie au jardin royal des Plantes, en 1744 membre adjoint de l'Académie des sciences. Rouelle est un des hommes qui ont fait faire en France le plus de progrès à la chimie; malheureusement il écrivait peu, et souvent ses auditeurs s'appropriaient ses découvertes. On lui doit surtout de précieuses recherches sur les sels : il distingua le premier des sels neutres, acides et basiques. C'est lui qui forma Macquer, Darcet, Sage, Cadet. M. Capa rédigé son Éloge, 1845. — Hilaire R., son frère et son élève (1718-79), lui succéda au jardin des Plantes. On lui doit plusieurs découvertes, entre autres celle de l'urée. On a de lui un Tableau de l'analyse chimique, 1774.

ROUEN, Rotomagus, Rudomum, ch.-l. du dép. de la Seine-Inférieure, sur la r. dr. de la Seine (avec un faub. sur la r. g.), à 126 k. N. O. de Paris par la route, et 137 par le chemin de fer; 102 649 h. Archevêché, qu'on fait remonter à l'an 260, et dont le siège fut occupé par S. Mellon, S. Romain, S. Ouen, le cardinal d'Amboise, le cardinal Ch. de Bourbon, François de Joyeuse, Franç. de Harlay, etc. (le titulaire a le titre de Primat de Normandie) ; église consistoriale calviniste; synagogue; cour d'appel, trib. de 1re instance et de commerce; ch.-l. de division militaire ; faculté de théologie, école secondaire de médecine, école préparatoire aux facultés; lycée; école d'hydrographie. Acad. des sciences, belles-lettres et arts; sociétés de commerce, d'agriculture, d'émulation, etc. Riche bibliothèque, jardin botanique, musée. Beau port (la marée s'y fait sentir, et les petits navires peuvent y mouiller); beau pont de pierre (remplaçant un pont de bateaux qui s'élevait et s'abaissait avec la marée), pont suspendu; cathédrale magnifique, dont la flèche a été détruite par la foudre en 1822 et depuis reconstruite en fer, et où se voyait une cloche de 20 000 kilogr. dite George d'Amboise, fondue en 1501, par ordre du cardinal d'Amboise, archev. de Rouen, brisée en 1786; belle église St-Ouen, attenante à l'hôtel de ville : cette église, commencée en 1318, est un admirable vaisseau gothique, que domine une tour richement dentelée, et dont le portail, ouvrage tout récent, a été achevé en 1852; tour du beffroi ou de la Grosse Horloge, élevée en 1389; halle aux toiles, palais de justice, hôtel de ville, vaste Hôtel-Dieu, bourse, théâtres, superbes boulevards. Plusieurs faubourgs : ceux de Bouvreuil et de Beauvoisine au N., de S.-Hilaire au N. E., de Martinville à l'E., d'Eauplet au S. E., de de St-Sever au S. (sur la r. g. de la Seine). Beaux quais, deux belles rues, la rue Napoléon ou Impériale, et la rue de Crosne; mais la ville est généralement mal bâtie, les rues sont étroites et tortueuses, les maisons en partie construites en bois. La ville est encaissée entre plusieurs collines (Ste-Catherine, mont Riboudet, etc.) et traversée par 3 petites riv. (l'Aubec, le Robec, la Renelle), ce qui la rend fort humide. Chemin de fer, allant de Rouen à Paris et au Havre. Grande industrie : nombreuses filatures de coton; tissus, toiles dites rouenneries; teintureries, raffinerie de sucre, confiserie renommée, surtout pour le sucre de pomme et la gelée de pomme; quincaillerie, tanneries, brasseries, fonderies de métaux, orfèvrerie. Commerce très-actif : grand et petit cabotage; Trois foires de 15 jours, les 20 février, 20 juin et 23 octobre : cette dernière surtout, dite foire de la St-Romain, est très-importante. — Rouen, l'une des villes les plus anciennes du pays, était avant la conquête romaine le chef-lieu des Veliocasses; elle devint sous les Romains la métropole de la 2e Lyonnaise. Le Christianisme y fut introduit dès le IIIe siècle. Mérovée, fils de Chilpéric I, y épousa en 576 sa tante Brunehaut : l'archevêque Prétextat, qui avait béni cette union, fut assassiné dans la cathédrale même par ordre de Frédégonde. Les Normands prirent Rouen en 841 et 859 : ce fut dès lors une de leurs stations. Les ducs de Normandie y fixèrent depuis leur résidence et en firent bientôt une grande ville. Elle obtint une commune en 1144. Après la condamnation de Jean sans Terre, meurtrier de son neveu Arthur, Philippe-Auguste enleva Rouen aux Anglais en 1204. Elle n'a cessé depuis d'appartenir à la France que de 1419 (époque à laquelle Henri V, roi d'Angleterre, y fit son entrée, après un siège célèbre) jusqu'à 1449 (où elle revint à Charles VII avec le reste de la Normandie). Dans l'intervalle avait eu lieu à Rouen le procès et la mort de Jeanne d'Arc (1431). Le siège de Rouen en 1562 fut un des actes principaux de la 1re guerre civile religieuse du Calvinisme : le roi de Navarre, Ant. de Bourbon, fut blessé à mort à ce siége; le duc François de Guise prit la ville sur Montgomery. Henri IV l'assiégea en 1591, mais ne put la prendre; il y tint en 1596 une célèbre assemblée de Notables. La révocation de l'édit de Nantes fut fatale au commerce de Rouen; il ne se releva que sous Louis XV et surtout sous Napoléon I. Depuis il a encore beaucoup souffert par suite des communications directes du Havre avec Paris au moyen du Chemin de fer, et plus récemment par l'effet de la disette du coton, amenée par la guerre civile des États-Unis (1862-64). Rouen avait jadis un parlement, établi par Louis XII en 1499. Lors de l'organisation de l'université impériale, elle fut le chef-lieu d'une académie, qui a été supprimée en 1854. Rouen a vu naître les deux Corneille, Benserade, St-Amant, Fontenelle, Pradon, Daniel, Bochart, Basnage, Brumoy, Sanadon, J. Jouvenet, Restout, Géricault, la Champmêlé, Mmes du Boccage et Leprince de Beaumont, Boïeldieu, le général Duvivier, etc.

ROUERGUE, Rutenicus pagus, anc. prov. de France, à l'extrémité N. E. du grand-gouvt de Guyenne et Gascogne, était limitée de trois côtés par le Languedoc, et tenait par le 4e à l'Auvergne au N. et au Quercy au N. O. : au S. E. s'étendaient les Cévennes. Le Rouergue était divisé en trois parties : le Comté de R., la Hte-Marche, la B.-Marche. Places principales : dans le Comté, Rhodez, St-Geniez, Entraigues ; dans la Hte-Marche, Milhau, St-Affrique ; dans la B.-Marche, Villefranche, St-Antonin, Najac, Sauveterre. Il forme auj. le dép. de l'Aveyron et une petite partie de celui de Lot-et-Garonne. — Le Rouergue, habité d'abord par les Ruteni, fut com-