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ROQUEFORT (J. B.), né en 1777, m. en 1834, servit plusieurs années dans l'artillerie, puis se livra aux lettres. Il se lia avec Millin et Ginguené, qu'il aida dans leurs savantes recherches ; publia de 1818 à 1820 le Glossaire de la langue romane, fut couronné en 1815 par l'Institut pour un Mémoire sur la poésie française aux XIIe et XIIIe s., et donna en 1829 un Dictionnaire étymologique de la lanque française. Il avait contracté dès sa jeunesse des habitudes de débauche qui l'obligèrent à se mettre aux gages des libraires.

ROQUELAURE, bg du dép. du Gers, dans l'anc. Armagnac, à 8 kil. N. d'Auch ; 850 hab. Il a donné son nom à la famille de Roquelaure.

ROQUELAURE (Ant. de), maréchal de France, d'une famille de l'Armagnac connue dès le XIIIe s., né en 1543, m. en 1625, s'attacha à Jeanne d'Albret, reine de Navarre, et à Henri, son fils, qu'il servit avec courage pendant la guerre civile. Henri IV, devenu roi, le nomma grand maître de sa garde-robe (1689), gouverneur de la Guyenne, et l'admit dans son intimité. Il osa un des premiers lui conseiller de se séparer de Gabrielle d'Estrées. Il était dans le carrosse du roi quand ce prince fut assassiné. Louis XIII le nomma maréchal en 1615. — J. B. Gaston, marquis, puis duc de R., son fils (1615-83), se distingua aux batailles de la Marfée (1641), de Honnecourt (1642), aux sièges de Gravelines, Bourbourg, Courtray, devint lieut. général, prit part pendant la Fronde au siège de Bordeaux où il fut blessé, fut fait duc et pair en 1652, et gouverneur de la Guyenne en 1676. Il était, ainsi que son père, d'un caractère très-jovial : on lui attribue des mœurs fort peu sévères et une foule de saillies et de bouffonneries qui ne sont pas toutes de bon goût. On a publié sous le titre de le Momus français ou Aventures divertissantes du duc de Roquelaure, 1727, une compilation des bons mots et des aventures qu'on lui attribue. — Ant. Gaston, duc de R., fils du préc., 1656-1738, gouverneur du Languedoc, pacifia les Cévennes en 1709, repoussa les Anglais à Cette, 1710, et reçut en 1724 le bâton de maréchal de France. Il ne laissa que des filles et sa maison s'éteignit en sa personne.

ROQUEMAURE, ch.-l. de cant. (Gard), sur la r. dr. du Rhône, à 29 kil. N. E. d'Uzès ; 3649 h. Tonnellerie, filatures de soie, huile d'olive, eau-de-vie, Dons vins. Clément V y mourut en 1314.

ROQUEPLAN (Camille), peintre, né en 1802, à Mallemort, près d'Arles (Bouches-du-Rhône), m. en 1855, a produit, dans les genres les plus divers, des œuvres dans lesquelles le dessin n'est pas toujours irréprochable, mais qui brillent par le sentiment, le pittoresque de l'effet et surtout par la couleur ; la plupart de ses sujets sont empruntés à J. J. Rousseau et à Walter Scott. Nous citerons : J. J. Rousseau et Mlle Galley, J. J. Rousseau cueillant des cerises, la Marée d'équinoxe, l'Antiquaire, Quentin Durward, Van Dyck à Londres, une Scène de la St-Barthélemy, le Lion amoureux. Au retour d'un voyage aux Pyrénées, il adopta une manière nouvelle, dans laquelle son coloris est moins vif et se rapproche davantage de la nature : à cette seconde manière appartiennent plusieurs sujets empruntés à la vie des montagnards. Ce peintre a su, par des procédés particuliers, assurer à ses tableaux une durée dont il parait avoir dérobé le secret aux anciens. — C. Roqueplan était frère de Nestor R., né en 1804, homme de lettres distingué et ancien directeur de l'Opéra.

ROQUESTERON, ch.-l. de c. (Alpes marit.), sur un roc, près de l'Esteron, à 12 k. S. E. de Puget-Théniers; 4440 h. Pont de pierre.

ROQUEVAIRE, ch.-l. de c. (Bouches-du-Rhône), à 23 kil. N. E de Marseille ; 3465 h. Savon, figues, câpres, raisins secs, vin muscat. Aux env., houille.

RORARIUS (Jérôme), né en 1485 à Pordenone dans le Frioul, mort en 1556, fut nonce de Clément VII en Hongrie et de Paul III en Pologne. On a de lui un traité intitulé : Quod animalia bruta sæpe ratione utantur melius homine, Paris, 1548, qui a fourni à Bayle la matière d'un intéressant article sur l'âme des bêtes dans son Dictionnaire.

ROSA (Mont), mont de Suisse (Valais), le plus haut sommet des Alpes après le Mont-Blanc, a 4636m.

ROSA (Salvator), peintre italien, né en 1615 à l'Arenella, près de Naples, d'un pauvre arpenteur, perdit son père de bonne heure, lutta longtemps contre la misère, se forma presque seul, alla se perfectionner à Rome (1635), où il resta longtemps inconnu, et ne réussit à y attirer l'attention qu'en jouant sur un théâtre de société, des pièces satiriques pleines de malignité qu'il composait lui-même (1639) : il devint dès lors l'homme à la mode et vit rechercher ses tableaux. En 1647, il reparut à Naples, où il seconda de tout son pouvoir la révolte de Masaniello. Forcé de s'éloigner après la chute de ce démagogue, il se réfugia à Rome, où il établit sa réputation comme peintre par des travaux du premier ordre ; mais, comme en même temps il écrivait de mordantes satires, il se fit de nombreux ennemis, et se vit obligé, pour échapper à leurs coups, de se retirer à Florence, où il obtint la protection des Médicis ; il ne revint à Rome que dans ses dernières années : c'est dans cette ville qu'il mourut, à 58 ans. Cet artiste avait commencé sa réputation par des paysages, mais dans la suite il ne s'attacha plus qu'aux tableaux d'histoire. On remarque dans toutes ses compositions une chaleur, une hardiesse extraordinaires, une rare énergie de touche et une grande habileté à disposer les groupes ; il se plaisait surtout à représenter des sujets tristes, des attaques de brigands et des scènes d'horreur. Il composait avec une extrême rapidité ; son coloris égale presque celui de l'école vénitienne. Parmi ses grands tableaux on remarque : S. Thomas mettant le doigt dans les plaies de Jésus (à Viterbe), Jonas prêchant dans Ninive, La Fortune distribuant aveuglément ses faveurs, l’Ombre de Pythagore, l’Ombre de Catilina ; la Pythonisse d'Endor évoquant l'ombre de Samuel, le jeune Tobie tirant à lui le poisson monstrueux (ces deux derniers au Louvre). Il a gravé lui-même à l'eau-forte plusieurs de ses tableaux. S. Rosa était aussi un poëte distingué ; ses satires, remarquables par la véhémence (surtout Babylone et l’Envie), ont été publiées à Amsterdam, 1719, à Florence, 1770 ; on y trouve une rudesse qui rappelle la touche de son pinceau. Lady Morgan a donné en 1824 : Vie et siècle de S. Rosa ; ce n'est guère qu'un roman.

ROSALIE (Ste), patronne de Palerme, était fille d'un seigneur de Rosas, du sang de Charlemagne, et vivait au XIIe s. Elle se retira dans une grotte du mont Pelegrino près de Palerme. y mena la vie la plus austère, et y m. en 1160. L’Église l'hon. le 4 sept ; on la fête avec une grande pompe à Palerme.

ROSALIE (sœur), V. RENDU.

ROSAMONDE. V. ROSEMONDE.

ROSANS, ch.-l. de c. (Htes-Alpes), à 60 k. S. O. de Gap ; 803 hab. Belle place publique.

ROSARIO DE CUCUTA, v. de la Nouv.-Grenade, sur le Rio del Oro, à 360 k. N. E. de Sta-Fé-de-Bogota et à 53 k. N. de Pamplona. C'est là que siégea en 1821 le congrès qui posa les bases de la constitution de la Colombie. — Ville et port de la Plata, sur le Parana ; 15 000 hab. Grand commerce.

ROSAS ou ROSES, Rhoda, v. forte d'Espagne (Barcelone), au pied des Pyrénées, sur la Méditerranée, au fond du golfe de Rosas, à 49 k. N. E. de Girone ; 2315 hab. Petit port. — Fondée, dit-on, par les Rhodiens dans le Xe s. av. J.-C; très-florissante sous les Romains. Conquise par les Arabes en 713, elle leur fut enlevée en 797. Prise par les Français en 1645, 1693, 1795, 1808.

ROSBACH, vge des États prussiens (prov. de Saxe), entre Naumbourg et Mersebourg. Frédéric II y battit en 1757 les Français, commandés par le maréchal de Soubise : il fit élever en mémoire de cette victoire une colonne, que Napoléon, vainqueur des Prussiens à Iéna, renversa en 1806.