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ROELAS (Jean DE LAS), peintre d’histoire espagnol, né à Séville en 1560, m. en 1620, élève de Titien, était prêtre. Ses chefs-d’œuvre, qu’on voit à Séville, sont l’Apothéose de S. Isidore, S. Jean-Baptiste, S. Jean l’Évangéliste, S. Ignace de Loyola, l’Assomption, etc. Cet artiste dessinait bien, peignait d’une façon harmonieuse, et donnait à ses personnages une grande noblesse de formes ainsi qu’une grande vérité d’expression. Il forma Zurbaran.

ROEMER (Olaüs), astronome danois, né en 1644, à Copenhague, m. en 1710, fut amené en France en 1672 par Picard qui l’avait vu et apprécié à Uranienbourg, fut placé près du Dauphin pour lui enseigner les mathématiques, et entra dès 1674 à l’Académie des sciences. On lui doit la découverte de la vitesse de la lumière, qu’il obtint par l’observation du 1er satellite de Jupiter (1675). C’est aussi lui qui a imaginé la lunette méridienne, employée aujourd’hui dans tous les observatoires sous le nom d’Instrument des passages. Il fut rappelé en Danemark en 1681 pour professer les mathématiques à Copenhague, devint directeur des monnaies, inspecteur des arsenaux et des ports, et enfin conseiller d’État, en 1707. Condorcet a prononcé son Éloge.

ROER (la), Rura, riv. des États prussiens (Prov. Rhénane), naît à 10 kil. N. E. de Malmédy, arrose cette ville, ainsi que Düren et Juliers, entre dans le Limbourg et se jette dans la Meuse à Ruremonde, après un cours de 140 kil. — De 1801 à 1814, la Roër donna son nom à un dép. français qui avait pour ch.-l. Aix-la-Chapelle. Ce dép., qui comprenait, avec une partie de l’électorat de Cologne, du duché de Clèves et de la Gueldre méridionale, le duché de Juliers et le comté de Mœrs, était borné par ceux de la Lippe au N., de la Meuse-Inf. à l’O., de Rhin-et-Moselle et de l’Ourthe au S., par le Rhin à l’E.

ROESKILDE. V. ROSKILD et ROTSCHILD.

ROGATIONS (Fête des), de rogare, prier, fête instituée en 474 par S. Mamert, évêque de Vienne en Dauphiné, dans le but d’attirer la protection de Dieu sur les biens de la terre, consiste en processions autour des champs, pendant lesquelles le prêtre bénit la terre en appelant sur les moissons les bénédictions du ciel. On la célèbre pendant les 3 jours qui précèdent l’Ascension.

ROGER (S.), évêque et patron de Cannes en Italie, m. au Xe s., était Normand d’origine. On le fête le 15 oct. et le 30 déc

ROGER I, grand-comte de Sicile, était le 12e fils de Tancrède de Hauteville. Il se joignit en 1052 à son frère Robert Guiscard, l’aida dans ses expéditions contre la Calabre, passa en 1061 dans la Sicile, qui appartenait alors aux Sarrasins, s’empara en 1074 de leurs capitales Catane et Palerme et finit, après 28 ans de fatigues, de combats, de courses, par se rendre maître de toute l'île, sauf les montagnes de l’intérieur (1089). Il avait été dès 1071 nommé par son frère comte de Sicile ; il prit lui-même, après la mort de Robert Guiscard, le titre de grand-comte, 1096. Il rétablit partout la religion chrétienne, et obtint d’Urbain II, pour lui et ses successeurs, le titre de légat apostolique, avec tous les pouvoirs attachés à cette haute fonction, 1098. Il mourut en 1101, laissant deux fils mineurs, Simon et Roger, sous la tutelle d’Adélaïde de Montferrat, sa 3e femme. — II, d’abord grand-comte, puis roi de Sicile, fils du préc., né en 1093, n’avait que 8 ans quand son père mourut, et fut placé sous la tutelle d’Adélaïde, sa mère. Dès qu’il fut en âge, il enleva la Calabre à son cousin Guillaume (1120) ; il devint en outre duc de Pouille après la mort de ce prince (1127), prit en 1130 le titre de roi des Deux-Siciles, et se fit couronner à Palerme. Peu après il joignit à ses États Amalfi, Capoue, Aversa et Naples. Pendant le schisme de l’Église, il se prononça pour l’anti-pape Anaclet II, son beau-frère, et fit prisonnier Innocent II, par lequel il fit reconnaître son titre de roi (1139). Il fit encore quelques conquêtes sur les Grecs, auxquels il enleva Corfou (1146), envoya deux expéditions en Afrique contre les corsaires de Tripoli et pilla leur ville (1147-52). 11 mourut en 1154. Ce prince encouragea l’agriculture et l’industrie : il introduisit eu Sicile le mûrier (qu’il avait apporté de Grèce), le ver à soie et la canne à sucre.

ROGER DE COLLERYE, dit Roger Bontemps, né à Paris vers 1470, m. en 1540, était prêtre et secrétaire de l’évêque d’Auxerre. De l’humeur la plus joviale, il présidait à Auxerre une société facétieuse dont la chef prenait le titre d’abbé des fous : c’est d’après lui qu’on a nommé depuis Roger Bontemps un homme qui est sans souci. Il a laissé quelques écrits en prose et en vers, qui ont été réunis pour la 1re fois en 1536 et réimprimés en 1856 par Ch. d’Héricault.

ROGER, papes. V. CLÉMENT VI et GRÉGOIRE XI.

ROGER DE FLOR, chef de Catalans. V. FLOR.

ROGER-DUCOS, l’un des Directeurs. V. DUCOS.

ROGER (François), littérateur, né en 1776 à Langres, m. à Paris en 1842, était fils d’un receveur des dîmes. Après avoir donné quelques petites pièces auj. oubliées, il fit représenter en 1806 l’Avocat, comédie en 3 actes et en vers, imitée de Goldoni, qui eut un grand succès, et en 1809 la Revanche (avec Creuzé de Lesser), qui fut aussi fort bien accueillie. Il fut admis à l’Académie française en 1817 : il avait été dès 1809 appelé par Fontanes au conseil de l’Université. Ses comédies se distinguent par des caractères bien tracés, un esprit fin, un style élégant ; mais elles manquent de force comique. Ses Œuvres ont été publiées en 1834, 2 vol. in-8. Dévoué à la cause royaliste, Roger fut sous la Restauration un des fondateurs de la Société des Bonnes-Lettres, destinée à répandre dans la jeunesse l’esprit monarchique et religieux. — Un de ses fils, le Dr Henri Roger, agrégé à la Faculté de médecine de Paris, s’est fait avantageusement connaître par un Traité d’auscultation et par la Revue scientifique qu’il a longtemps rédigée pour le Constitutionnel.

ROGERS (Samuel), poëte anglais, né à Londres en 1762, m. en 1855. était fils d’un riche banquier de la Cité, et exerça lui-même cette profession. Il profita des loisirs que lui assurait une grande fortune pour cultiver les lettres, et réussit dans le genre didactique : par l’heureux choix des expressions et le naturel du sentiment, il se place auprès de Goldsmith. On a de lui les Plaisirs de la mémoire, 1792 (trad. en vers par Albert de Montémont) ; Columbus, 1818 ; la Vie humaine, 1820 ; l’Italie, 1822, qui est son chef-d’œuvre ; des odes, des épîtres et des poèmes divers. Aussi libéral que riche, il était le Mécène des gens de lettres : son salon fut pendant cinquante ans le rendez-vous de la société la plus brillante.

ROGGEWEEN (Jac.), navigateur hollandais, né en 1669 en Zélande, partit du Texel en 1721 pour exécuter un long voyage autour du monde, et toucha chemin faisant à nombre d'îles dans ce qu’on appelle auj. Australie et Polynésie ; mais on ne donna point suite à ses découvertes, si bien qu’il reste du doute sur les lieux qu’il visita ; il fut même traité comme criminel en arrivant à Batavia par les officiers de la Compagnie des Indes orientales pour avoir navigué dans des parages qui faisaient partie de leur domaine, et ne rentra en Hollande que chargé de fers ; il se justifia avec éclat, mais ne fut plus employé. On ignore la date de sa mort. Son nom est resté à un archipel formé des îles Penrhyn, Peregrino, Pearson, Humphrey, etc., et situé dans le Grand-Océan Équinoxial, au N. O. de l’archipel de la Société et au N. E. de celui des Navigateurs, archipel qu’il avait découvert en 1722.

ROGLIANO, ch.-l. de c. (Corse), à 28 kil. N. de Bastia ; 1869 hab. Tour dite de Sénèque.

ROGNIAT (Joseph, vicomte de), général du génie, né en 1767 à Vienne en Dauphiné, m. en 1840, servit en Allemagne et en Espagne, contribua au siège de Dantzick, à la prise de Saragosse, de Tortose, de Tarragone et de Valence, et fut nommé général de