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1792 par les électeurs de Paris membre de la Convention. Il dirigea, concurremment avec Danton, le procès de Louis XVI, poussa avec violence à la condamnation à mort, paralysa les efforts faits par les Girondins pour sauver le roi, fit, après l'exécution, décréter le tribunal révolutionnaire, et établit par toute la France le système de la Terreur. Siégeant presque perpétuellement au Comité de salut public, qu'il dominait, il fit sanctionner les mesures les plus sanguinaires ; il acheva de ruiner le fédéralisme et la Gironde au 31 mai (1793), et se défit bientôt après de Danton, son rival de puissance (16 germinal an II, 5 avril 1794). Devenu dès lors tout-puissant et revêtu d'une sorte de dictature, Robespierre songeait à organiser un gouvernement stable ; il voulait même établir un simulacre de religion : dans ce but il fit proclamer par la Convention l'existence de l’Être suprême et l'immortalité de l'âme (18 floréal, 7 mai 1794) et fit décréter des fêtes publiques en harmonie avec le nouvel ordre de choses. Mais il n'eut le temps de rien fonder ; il avait fait peser sur la France entière la plus odieuse tyrannie et n'avait pas épargné ses collègues : ceux qui survivaient, irrités de ses hauteurs ou effrayés par ses menaces, se réunirent enfin contre lui, et, sur la proposition de Tallien, la Convention le décréta d'accusation avec ses principaux adhérents, St-Just, Couthon, Lebas, etc. (9 thermidor). Robespierre se réfugia à l'hôtel de ville, au milieu de ses partisans ; mais il y fut aussitôt arrêté et, ayant voulu faire résistance, reçut d'un gendarme un coup de pistolet qui lui fracassa la mâchoire ; il fut le lendemain conduit à l'échafaud, où il périt en même temps que 22 de ses coaccusés (10 thermidor, 28 juillet 1794). Avec lui finit le régime de la Terreur. Robespierre était un homme froid, caché, tenace dans ses opinions et dominant ; il affectait le plus pur patriotisme et tous les dehors de la vertu, ce qui l'avait fait surnommer par ses partisans l’Incorruptible. Son élocution était claire, sentencieuse, assez élégante et parfois animée d'une certaine chaleur. On a de lui quelques éloges et discours académiques (prononcés avant qu'il commençât son rôle politique), et un assez grand nombre de discours de tribune. Ses Œuvres choisies ont été publ. par Laponneraye, Par., 1832, 4 v. in-8. On peut consulter sur ce personnage, outre les histoires de la Révolution française : la Vie et les crimes de Robespierre, par Desessarts, et surtout le Rapport de Courtois sur les papiers trouvés chez Robespierre.

ROBESPIERRE (Augustin), frère du préc., né à Arras en 1764, y fut procureur de la Commune, puis député à la Convention, siégea à côté de son frère, fut envoyé par lui en mission à l'armée d'Italie et dans les provinces, puis revint à Paris pour seconder ses projets. Le voyant décrété d'accusation, il déclara qu’ayant partagé ses vertus, il voulait partager son sort : il périt en effet avec lui sur l'échafaud.

ROBINET (René), écrivain, né en 1735 à Rennes, m. en 1820, entra chez les Jésuites, puis les quitta pour se livrer aux lettres, passa quelque temps en Hollande, où il se mit aux gages des libraires, se fit un nom par un ouvrage d'une philosophie hardie, intitulé : De la Nature (Amst., 1761-68, 4 v. in-8), rentra en France en 1778 et fut peu après nommé censeur royal. A la Révolution, il se retira dans sa ville natale, où il mourut. Dans son traité de la Nature, Robinet soutient que tous les êtres sont animés, que tous, même les planètes et les étoiles, ont la faculté de se reproduire ; il veut aussi montrer qu'il y a partout équilibre entre le bien et le mal ; cet ouvrage a été combattu par l'abbé Ch. Richard et par Barruel, dans ses Helviennes. On doit à Robinet de nombreuses traductions de l'anglais et une Table des matières des Mémoires de l'Académie des sciences ; il a eu la plus grande part au Dictionnaire des Sciences morales, en 30 vol. in-4. 1777-83.

ROBIN HOOD, chef d’outlaws ou proscrits, vivant sous Richard Cœur de Lion, répandait au loin la terreur et infestait surtout les forêts du Nottingham. Il mourut en 1247, par suite d'une saignée que lui fit à l'artère radiale une religieuse qui saisit ce moyen d'en délivrer le pays. Longtemps populaire an Angleterre, ce chef a inspiré un grand nombre de ballades ; mais il doit surtout sa célébrité à W. Scott, qui lui donne un rôle important dans son roman d'’Ivanhoë.

ROBINSON (Marie DARBY, dame), dite la Sapho anglaise, née à Bristol en 1758, morte en 1800, fut mariée dès l'âge de 15 ans à un avocat qui la laissa sans ressources, entra alors au théâtre, s'y fit bientôt une réputation par son talent et sa beauté, devint la maîtresse en titre du prince de Galles (depuis Georges IV), forma plus tard une liaison intime avec Fox, et finit par se consacrer aux lettres. On a d'elle des Poésies lyriques estimées ; des pièces de théâtre et beaucoup de romans (Vincenza, la Veuve, Angelina, Hubert de Sevrac, etc.), traduits pour la plupart en français, et des Mémoires, trad. par Bertin, 1802.

ROBIQUET (Pierre), chimiste, né à Rennes en 1780, m. en 1840, fut successivement attaché au service de la marine et des armées, devint professeur à l'École de pharmacie, puis administrateur de cet établissement où il introduisit de grandes améliorations, et fut admis en 1833 à l'Institut. Il découvrit plusieurs principes chimiques importants l’asparagine (1805), la cantharidine (1810), la caféine (1821), l’alizarine et la purpurine, principes colorants de la garance (1826, 1827), l’orcine et le variolarin (1829), l’amygdaline (1830), la codéine et l’acide méconique (1834), et se distingua à la fois par la hardiesse de l'esprit, l'habileté de l'expérimentation et la fidélité des observations. On lui doit de précieux mémoires, dans les Annales de physique et de chimie, le Journal de pharmacie, et le Recueil des savants étrangers.

ROBOAM, fils de Salomon, fut reconnu roi à la mort de son père (962 av. J.-C.) ; mais il causa par ses exactions une violente insurrection : dix tribus refusèrent de lui obéir et prirent pour roi Jéroboam ; il ne conserva sous son pouvoir que les tribus de Juda et de Benjamin. Il se forma alors deux royaumes, celui de Juda et celui d’Israël composé des 10 tribus soulevées : c'est ce qu'on nomme le Schisme des 10 tribus. Sous son règne, souillé de débauche et d'impiété, Jérusalem fut prise et pillée par le roi d’Égypte Sésac, 947 av. J.-C. Il mourut l'année suivante.

ROBORTELLO (Franç.), philologue, né à Udine en 1516, m. en 1567, professa les belles-lettres à Lucques, à Venise, à Padoue, à Bologne, et eut avec plusieurs savants, notamment avec Sigonius, des démêlés si vifs que le sénat de Venise se vit obligé de leur imposer silence à tous deux. Outre de bonnes éditions d’Eschyle, de Longin, de la Tactique d'Élien (avec version lat.), on a de lui : De historica facultate, Florence, 1548 ; De vita et victu populi romani sub imperatoribus, Bologne, 1559.

ROB-ROY (Robert Mac-Grégor CAMPBELL), dit), c.-à-d. Robert le Roux, fameux déprédateur écossais, né vers 1660, était de bonne famille, et fit longtemps le commerce de bestiaux ; mais, ses spéculations ayant mal tourné, il se vit ruiné par la rigueur du duc de Montrose, qui lui avait fait quelques avances. Rob-Roy se vengea en exerçant, à la tête d'une bande recrutée dans son clan, d'horribles dévastations sur les domaines de ce seigneur, et même il les étendit sur beaucoup d'autres. Il finit par lever le blaken-mail (tribut de voleur), moyennant le payement duquel il épargnait les tributaires. Il mourut paisible dans son lit, plus que octogénaire, vers 1743. Son nom est populaire en Écosse ; il est le héros d'un roman de Walter Scott.

ROBUSTI (Jacq.), peintre. V. TINTORET (le).

ROCA (cap de), Magnum promontorium, cap du Portugal (Estramadure), le plus occid. de l'Europe, à l'extrémité des monts Cintra et au N. O. de Lisbonne, forme, avec le cap d'Espichel, la vaste baie où débouche le Tage.

ROCAMADOUR, bg de France (Lot), sur l'Alzon,