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dévoué à son pays, un industriel doué du génie des grandes créations, un homme du monde plein d’affabilité, un homme de goût et un ami des arts : il avait formé une galerie particulière remarquable, l’une des dernières qui aient existé en Europe.

SCHNETZ (Jean-Victor), peintre français, né en 1787, mort en 1870. Élève de David, de Gros et de Gérard il fut à diverses reprises directeur de l’Académie française à Rome (1840-1861), et a laissé des toiles estimées pour la fermeté du dessin, et dont plusieurs sont au musée du Luxembourg.

SOULOUQUE, empereur d’Haïti sous le nom de Faustin Ier, né en 1789 à Saint-Domingue, d’une famille d’esclaves ; passa par tous les grades de l’armée d’Haïti et fut élu en 1847 président de la république ; s’entoura d’une garde nègre, à l’aide de laquelle il répandit la terreur dans la bourgeoisie des villes ; se fit élire empereur (26 août 1848), et se livra à une sorte de parodie de Napoléon Ier, créant de grandes charges de la couronne, une noblesse, des princes, des marquis, des ducs, se faisant sacrer et s’arrogeant pour liste civile le septième des revenus de l’État ; il essaya vainement de conquérir l'île entière, fut renversé en 1859 par Geffrard, qui rétablit la république, et mourut en France (1867).

STERN (Daniel), pseudonyme de Marie de Flavigny, comtesse d’Agoult, femme de lettres française, née à Francfort-sur-le-Mein en 1805, m. en 1876. Elle écrivit en 1841-42, dans un journal, deux nouvelles, Hervé et Valentia, qui furent très-remarquées, et qui furent suivies d’études sur l’état politique et intellectuel de l’Allemagne et de diverses œuvres d’histoire ou d’imagination parmi lesquelles on distingue une Histoire de la révolution de 1848, et le roman passionné de Nélida.

STRAUSS (le docteur David), théologien allemand, né à Ludwigsbourg (Wurtemberg) en 1808, m. en 1874, ; était simple répétiteur au séminaire protestant de Tubingue quand il fit paraître (1833) une Vie de Jésus, ouvrage empreint d’un esprit de rationalisme qui le fit destituer, mais fut presque immédiatement traduit dans toutes les langues de l’Europe (en français, par Littré, 4 vol. in-8, 1839-40). Il a depuis (1864) écrit une Vie populaire de Jésus, dont l'idée lui a été inspirée par l’ouvrage de M. Renan. Il a du reste apporté lui-même des adoucissements à sa doctrine dans quelques écrits postérieurs, par exemple la Dogmatique chrétienne dans son développement historique (1840). Il fut en 1848 nommé député à la diète wurtembergeoise, mais ne tarda pas à donner sa démission pour se consacrer à ses études.

TAMBURINI (Antonio), chanteur italien, né à Faenza en 1800, m. en 1876 ; montra de bonne heure de rares dispositions pour la musique, et fut à douze ans engagé dans les chœurs de l’Opéra de Faenza ; se fit applaudir sur les diverses scènes lyriques, de l’Italie et pendant vingt ans chanta au Théâtre italien de Paris. Il excellait dans Don Juan.

TECHENER (Joseph), bibliophile français, né à Orges (Haute-Marne) en 1802, m. en 1873; était libraire-éditeur ; a fondé en 1834 le Bulletin des bibliophiles et publié une Histoire de la bibliophilie (1861-63).

THALBERG (Sigismond), pianiste et compositeur suisse, né à Genève en 1812, mort en 1871. Après avoir obtenu, dès l’âge de quinze ans, de grands succès dans les salons de Vienne, il commença, en 1830, une série de voyages et de concerts, qui rendirent sa réputation européenne et qui le conduisirent jusqu'en Amérique. Comme compositeur, il a laissé des études estimées, des fantaisies ou variations sur des thèmes d’opéras, parmi lesquelles on distingue la Prière de Moïse.

THIBOUST (Lambert), auteur dramatique français, né en 1826, m. en 1867 ; est auteur de plus de cinquante pièces, drames ou vaudevilles, souvent remarquables par leur verve et leur esprit, et parmi lesquelles on distingue : la Corde sensible (1852) ; les Filles de marbre (1853) ; un Mari dans du coton (1862) ; les Jocrisses de l’amour (1865).

THIERS (Louis-Adolphe), homme politique et historien français, né à Marseille en 1797, mort en 1877 ; était d'une famille de commerçants ruinés par la révolution, et parent des Chénier ; fut reçu avocat à Aix en 1820, mats quitta bientôt le barreau pour l’étude de la philosophie et de l’histoire ; fut couronné par l’Académie d’Aix pour un Éloge de Vauvenargues (1821) ; vint à Paris, et entra, par la recommandation de son compatriote Manuel, à la rédaction du Constitutionnel, s’y fit bientôt un nom comme polémiste et comme critique d’art, et réunit en volumes ses articles sur le Salon de 1822 et sur les Pyrénées et le midi de la France (1823). En même temps il se faisait remarquer par la vivacité de son esprit, par l’éclat et la solidité de sa conversation, dans les salons de l’opposition, et était reçu familièrement chez Laffitte et Talleyrand. Son Histoire de la Révolution française (10 vol. 1823-27) eut un immense succès, surtout après 1830, parce qu’elle présentait, en face de la Restauration, une réhabilitation partielle des actes et une apologie assez résolue des principes de la Révolution. Il allait s’embarquer, en 1829, pour un voyage autour du monde, quand fut constitué le ministère Polignac (août 1829) ; il resta pour défendre les opinions libérales contre les tendances absolutistes du nouveau ministère, fonda le National pour soutenir cette maxime constitutionnelle que « le roi règne et ne gouverne pas », posa nettement en face de la monarchie de droit divin la candidature éventuelle du duc d’Orléans au trône ; fut poursuivi et condamné pour un de ses articles ; rédigea, le 26 juillet 1830, la protestation des journalistes contre les Ordonnances, organisa la résistance légale, et, après les journées des 27, 28 et 29, décida le duc d Orléans à accepter le titre de lieutenant général du royaume (ler août), puis celui de « roi des Français » (9 août). Il devint alors conseiller d’État, sous-secrétaire d’État au ministère des finances sous le baron Louis et sous Laffite, et député d’Aix. Ministre de l’intérieur, après la mort de Casimir Périer, dans le cabinet du 11 octobre 1832, il mit un terme aux menées légitimistes par l’arrestation de la duchesse de Berry ; fut un instant ministre du commerce et des travaux publics, et donna une grande activité à ces derniers travaux par le vote d’un crédit de cent millions ; rentra au ministère de l’intérieur pour lutter contre l’agitation révolutionnaire, fit écraser les insurrections de Lyon et de Paris en avril 1834 ; et, après l’attentat de Fieschi (28 juillet 1835), fit voter des lois restrictives sur la presse et le jury, connues sous le nom de Lois de septembre. En 1836, comme ministre des affaires étrangères, il était partisan d’une intervention en Espagne ; mais, n’ayant pu vaincre la résistance du roi, il céda la présidence du Conseil à M. Molé, qu’il renversa bientôt par la coalition des diverses oppositions (1838). C’est à ce moment que commence entre M. Thiers et M. Guizot une rivalité d’ambition et de talent, dans laquelle le premier personnifie le centre gauche de la Chambre, fit le second le centre droit. De nouveau président du Conseil et ministre des affaires étrangère, dans le cabinet du 1er mars 1840, M. Thiers prit parti pour Méhémet-Ali contre la Turquie, et vit la France exclue du concert européen par le traité du 15 juillet, fit des préparatifs de gerre, fit construire les fortifications de Paris, mais, ne se sentant pas appuyé par le roi, se retira, céda la place à M. Guizot, et passa dans l’opposition, où il resta jusquà la chute de la dynastie de Juillet. Devenu membre de l’Académie française depuis 1833, et de l’Académie des sciences morales et politiques, il consacra à l’histoire le temps que lui laissait la politique, et entreprit l’Histoire du