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jets de lois libéraux, comme celui qui déférait au jury les délits de presse et les délits politiques, mais aima mieux quitter le ministère que de faire partie d’un cabinet à tendances plus avancées, présidé par M. Laffitte (novembre 1830). Il appuya de sa parole et de son autorité le ministère Casimir Périer (mars 1831-mai 1832) et entra, comme ministre de l’instruction publique, dans le cabinet du 11 oct. 1832, où Il était le collègue du maréchal Soult, du duc de Broglie et de M. Thiers, et où il marqua la trace de son passage par le rétablissement de l’Académie des sciences-morales et politiques au sein de l’Institut et par l’organisation de l’instruction primaire (loi du 28 juin 1833). Après la dissolution du ministère (22 février 1836) et quelques mois de retraite et de silence, M. Guizot rentra comme ministre de l’instruction publique dans le premier ministère Mole (6 oct. 18116) : il ne fit pas partie du second ministère Mole (15 avril 1837), lui fit une vive opposition, et le renversa (31 mars 1839) en s’unissant avec MM. Thiers, Berryer, Odilon Barrot dans une coalition qui lui a été fort reprochée. Sous le ministère Soult il fut appelé à l’ambassade de Londres (9 février 1840), poste où il fut maintenu par le ministère Thiers (1 mars 1840), mais où il se trouva en dissentiment d’opinions avec le président du Conseil, et ne put empêcher le traité du 14 juillet signé sans la France par l’Angleterre, la Russie, l’Autriche et la Prusse. Le 29 octobre 1840, il entra comme ministre des affaires étrangères dans un cabinet qui dura huit ans, mais fut le dernier de la royauté de Juillet, et que signalèrent particulièrement : 1o au dehors, la convention des Détroits (13 juillet 1841), qui fit rentrer la France dans le concert européen ; le maintien de la paix au prix de concessions fort exploitées par l’opposition (droit de visite, indemnité Pritchard, etc.) et nonobstant l’occupation des îles Marquises (1842) et les mariages espagnols (1846) ; 2o au dedans, la loi de la régence, la lutte contre les légitimistes, dont les députés sont « flétris » dans l’Adresse de 1844 pour leur pèlerinage à Belgrave-Square ; et la résistance aux propositions de réforme électorale plusieurs fois reprises en vain dans la Chambre des députés. L’agitation créée par les Banquets réformistes ayant amené des troubles qui aboutirent à la révolution du 24 février, M. Guizot dut quitter le ministère le 23, passa en Angleterre, et demeura jusqu’à sa mort (sept. 1874) presque entièrement étranger à la politique active, tout entier à ses études et aux affaires, soit de la communion protestante à laquelle il appartenait, soit des trois Académies dont il faisait partie (Académie française, des sciences morales et politiques, des inscriptions et belles-lettres). Dans cette dernière période de sa vie il publia : de la Démocratie en France (1849), Pourquoi la Révolution d’Angleterre a-t-elle réussi ? (1850) ; Nos mécomptes et nos espérances (1855) ; l’Église et la société chrétienne (1861) ; Méditations et études morales (1851) ; Mémoires pour servir à l’histoire de mon temps, 7 vol. in-8 (1858-64) ; Discours académiques (18Gl) ; Histoire parlementaire de France (4 vol., 1863) ; Méditations sur l’essence de la religion chrétienne (1864) ; Histoire de France racontée à mes petits-enfants (5 vol. in-8, 1869 et suiv. Le 5e est de Mme de Witt). À ces divers ouvrages il faut enjoindre un autre qu’il publia pendant son dernier ministère : Vie, correspondance et écrits de Washington (6 vol. in-8, 1839-40). M. Guizot laisse un grand nom comme publiciste, comme professeur et comme orateur parlementaire ; et, s’il a été très-contesté comme homme d’État, son caractère privé a toujours été entouré de respect.

HAMON (Jean-Louis), peintre français, né à Plouha (Côtes-du-Nord) en 1821, m. en 1874, fut élève de Paul Delaroche ; se fit remarquer dès 1848 par quelques tableaux de genre ; travailla plusieurs années pour la manufacture de Sèvres. Il s’est fait un nom surtout par des compositions gracieuses qui représentent des scènes enfantines : Ma sœur n’y est pas, Ce n’est pas moi, les Orphelines, etc.

HAUTPOUL (Alphonse-Henri, marquis d’), général français, né à Versailles en 1789, m. en 1865 ; fit les dernières campagnes de l’Empire et celles de la Restauration ; fut nommé pair de France en 1846, élu représentant de l’Aude à la Législative, et devint ministre de la guerre du Prince-président (1849), gouverneur de l’Algérie (1850), et enfin grand référendaire du Sénat (1852).

HEIM (François-Joseph), peintre d’histoire français, né à Belfort en 1787, m. en 1865 ; fut membre de l’Institut (Acad. des beaux-arts), a concouru à la décoration du Louvre et laissé plusieurs toiles distinguées parmi lesquelles on remarque le Massacre des Juifs.

HITTORF (Jacques-Ignace), architecte et archéologue français, né à Cologne en 1793, m. en 1867 ; fut élève de Percier et Belanger ; devint architecte du roi sous la Restauration et le gouvernement de Juillet ; fut chargé d’un grand nombre de travaux publics (embellissements des Champs-Élysées et de la place de la Concorde, construction de l’église Saint-Vincent de Paul, etc.), et devint membre de l’Académie des beaux-arts (1853). Il a laissé des ouvrages d’archéologie fort estimés : Architecture antique de la Sicile (1826-30, 3 vol.) ; Architecture polychrome chez les Grecs (1831).

HUET (Paul), peintre français, né à Paris 1804, mort en 1869. Élève de Gros et de Guérin, 11 s’est surtout fait connaître comme paysagiste, et a laissé beaucoup d’aquarelles estimées.

INGRES (Jean-Dominique-Auguste), peintre français, né en 1781 à Montauban, m. en 1867 ; fut élève de David, et resta longtemps en Italie (1807-24), où il se passionna pour Raphaël et composa plusieurs tableaux qui furent reçus à Paris avec froideur : Œdipe et le Sphinx, l’Odalisque couchée, Jésus-Christ remettant les clefs à saint Pierre, Virgile lisant l’Énéide, Roger délivrant Angélique, Henri IV en famille. Il n’obtint son premier grand succès qu’avec le Vœu de Louis XIII (1824) qui le fit reconnaître comme le chef de l’école idéaliste, et lui valut la croix et un fauteuil à l’Institut (Acad. des beaux-arts). Il a été depuis directeur de l’école française de Rome (1834-41). On a encore de l’Apothéose d’Homère, pour un plafond du Louvre, le Martyre de saint Symphorien, la Vierge d l’hostie, Stra tonice, Cherubini inspiré par la Muse, Jeanne d’Arc au sacre de Charles VII, l’Apothéose de Napoléon Ier, la Source, etc. Ingres a aussi excellé dans le portrait ; ses chefs-d’œuvre en ce genre sont : M. Bertin ainé, le comte Molé, le marquis de Pastoret, Napoléon III. Le talent d’Ingres a été longtemps méconnu ; mais dans ses dernières années il a vécu en pleine possession d’une gloire incontestée comme chef de l’école classique moderne. Son talent et son caractère ont été récompensés par les plus grands honneurs publics : il est mort grand officier de la Légion d’honneur et membre du Sénat.

JANIN (Jules), écrivain français, né à Condrieu (Loire) en 1804 ; écrivit dès 1823 dans divers journaux des articles de littérature et même de politique ; publia en 1829 un roman qui fut remarqué pour sa singularité, l’Âne mort et la Femme guillotinée, et en 1831 une monographie historique, Barnave, entra en 1830 au Journal des Débats, où il resta jusqu’à sa mort (1874), et où il se signala, surtout de 1830 à 1850, par des feuilletons de théâtre pleins d’esprit, de verve, d’originalité et d’enjouement, qui lui firent une place à part parmi les critiques dramatiques mais dont le mérite un peu léger ne s’est pas maintenu lorsque les principaux d’entre eux ont été réunis en volumes, sous le titre d’Histoire de la littérature dramatique (6 vol. in-12, 1858). C’est néanmoins.le principal titre littéraire de Jules Janin, dont l’esprit abondant et facile s’est encore répandu dans une foule d’ouvrages d’imagi-