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aux journaux ou revues des romans de fantaisie ou d’histoire qui se succédaient en feuilletons ou en articles, étaient toujours accueillis avec une faveur empressée, et le plus souvent, après avoir eu un succès de vogue à la lecture, en obtenaient tout autant à la scène. Les principaux sont : les Trois Mousquetaires (1844) ; Vingt ans après (1845) ; le Vicomte de Bragelonne (1847) ; le Comte de Monte-Cristo (1841-1845) ; la Reine Margot (1845) ; le Chevalier de Maison-Rouge (1847) ; le Chevalier d’Harmental (1849) ; la Dame de Montsoreau (1850) ; les Louves de Machecoul, etc., etc. En 1848, Alexandre Dumas essaya de jouer un rôle politique ; en 1852, il passa en Belgique après le coup d’État ; en 1860, il partit pour l’Italie, où il se fit le compagnon et l’historiographe de Garibaldi, et devint conservateur des musées napolitains. De retour en France, il recommença à publier des romans, qui n’eurent pas le même succès que les précédents : les Mohicans de Paris, Isaac Laquedem, etc. Il voulut aussi se faire journaliste, et fonda plusieurs journaux qui ne vécurent pas. Il a encore publié, à diverses époques, des Impressions de voyage (1833-41), qui comptent parmi ses meilleurs ouvrages, des livres d'histoire, enfin des causeries, des Mémoires (1852), où la personnalité de l’auteur est mise en relief avec une complaisance souvent excessive. – Peu d’écrivains ont été aussi heureusement doués qu’Alexandre Dumas : imagination, originalité, vivacité d’esprit, facilité et souplesse de style, art prodigieux pour arranger les faits en roman ou en drame, entente du dialogue et de la mise en scène, il réunissait plus de qualités qu’il n’en faut pour faire un grand écrivain. Mais tout entier aux succès du moment, il ne prit jamais le temps d’élaborer des œuvres durables : pendant trente ans de sa vie, il multiplia presque coup sur coup les productions de tout genre avec une fécondité qui paraissait inépuisable, et qui même fit douter que tous les ouvrages publiés sous son nom lui appartinssent : il eut des collaborateurs dont quelques-uns revendiquèrent avec éclat une partie du mérite de plusieurs de ses œuvres ; mais ce qui prouve que la part d’Alexandre Dumas était toujours considérable, même dans ces travaux en commun, c’est qu’aucun de ses collaborateurs, travaillant seul, n’a jamais réussi au même degré. Parmi les œuvres hâtives qui sont sorties de sa plume, soit drames, soit romans, plusieurs resteront, parce qu’elles sont vigoureuses, vivantes et spirituelles, et parce que nul écrivain n’a su, plus qu’Alexandre Dumas, amuser et captiver son lecteur.

DUPIN (André-Marie-J.-J.), dit DUPIN AÎNÉ, jurisconsulte et magistrat français, né à Varzy (Nièvre) en 1783, m. en 1865 ; se distingua de bonne heure par son ardeur au travail, et se fit promptement au barreau une réputation par son savoir, par sa lucidité d’exposition, par la vivacité originale de sa parole ; les causes politiques qu’il plaida sous la Restauration (défense du maréchal Ney, de Béranger, de Jay et Jouy, etc.) le rendirent populaire, et le firent élire en 1827 membre de la Chambre des députés, où il siégea au centre gauche. Mêlé dès lors d’une manière continue aux affaires publiques, sans abandonner le barreau, il fit une vive opposition au ministère Polignac, prit une part active à l’élection de Louis-Philippe comme roi des Français et fut le principal rédacteur de la nouvelle Charte ; devint procureur général à la Cour de cassation ; fut, de 1832 à 1840, président de la Chambre des députés, où il soutint constamment le nouveau pouvoir avec fidélité et indépendance ; essaya vainement aux journées de février 1848, de faire voter par la Chambre la régence de la duchesse d’Orléans ; fut élu représentant à la Constituante, participa aux travaux du comité de législation et de la commission de Constitution, appuya toutes les mesures propres à ramener l'ordre dans le pays, et soutint quelque temps la politique du prince-président ; mais protesta, comme président de la Législative, contre le coup d’État du 2 décembre 1851, et donna sa démission de procureur général de la Cour de cassation à la suite du décret qui confisquait les biens de la famille d’Orléans. Après une retraite de six années, qu’il consacra à l’agriculture et à la publication de ses Mémoires (4 vol. in~8, 1855-63), il fut renommé procureur général de la Cour de cassation, et fut appelé au Sénat ; dans ce double poste, malgré sa vieillesse, il fit encore preuve d’activité et de talent oratoire, et sur les questions religieuses défendit avec ardeur les opinions gallicanes qu’il avait professées dès sa jeunesse. Il était membre de l’Académie française (1831) et de l’Académie des sciences morales et politiques (1832). Il a été publié de M. Dupin, outre ses Mémoires, quelques-uns de ses Plaidoyers (1823), de ses Réquisitoires (1852), ses Mercuriales (1846) ses Travaux académiques (1862), et un grand nombre d’ouvrages de jurisprudence dont les principaux sont : Traité des successions ab intestat (1804) ; Lois commerciales (1820) ; Lois de procédure, Lois criminelles (1821, 2 vol.); Lois forestières (1822) ; Lois des communes (1823) ; Manuel des étudiants en droit (1824) ; les Libertés de l’Église gallicane (1824); Traité des apanages (1835); Manuel du droit public ecclésiastique français (4e édit. 1845) ; le Procès de Jésus-Christ (1828) ou Jésus devant Caïphe et Pilate (1855). – De ses deux frères, l’un (Philippe), né en 1795, m. en 1846, a été un des avocats les plus brillants du barreau de Paris, et deux fois bâtonnier de l’ordre ; l'autre (Charles Dupin), né en 1784, m. en 1873, a été fait baron par Louis-Philippe, sénateur par Napoléon III. Ancien élève de l’École polytechnique, il est devenu membre de l’Académie des sciences morales et politiques, et s’est fait un nom comme économiste et statisticien, par ses travaux, dont les principaux sont ; Voyages dans la Grande-Bretagne, 6 vol. in-4o, 1816-21 ; Forces productives et commerciales de la France (1827) ; Harmonie des intérêts sociaux (1833), etc. ·

DUPONT (Pierre), chansonnier français, né à Lyon en 1821, mort en 1870. Fils de pauvres artisans de Provins, il fut racheté de la conscription par cette ville, qui lui fournit les moyens d’éditer ses premières œuvres (1842). Ayant obtenu un prix de poésie à l’Académie française, il fut attaché à la rédaction du Dictionnaire. En 1847, il conquit une certaine popularité par sa chanson les Bœufs, et par quelques autres, qui ont une couleur socialiste ; envoyé à Lambessa après le coup d’État du 2 décembre, il fut gracié par l’intervention de quelques amis. Ses chansons et poésies ont été recueillies en un volume in-32 (1851).

DURET (Francisque-Joseph), sculpteur français, né à Paris en 1804, m. en 1865, fils d’un sculpteur, élève de son père et de Bosio, fut membre de l’Académie des beaux-arts, concourut à la décoration de l’hôtel de ville de Paris et du nouveau Louvre. C’est de lui qu’est la fontaine monumentale de la place Saint-Michel.

ÉLIE DE BEAUMONT (J.-B.-Léonce), géologue français, né à Caen (Calvados) en 1798, m. en 1874 ; fut élève de l’École polytechnique et de l’École des mines ; ingénieur des mines (1824), professeur à l'École des mines (1829) et au Collége de France (1832), membre et bientôt (1835) secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, enfin sénateur dès le rétablissement du Sénat par le second Empire. Il a laissé d’importants travaux : sur la métallurgie et la géologie, parmi lesquels on distingue Coup d’œil sur les mines (1824), Voyage métallurgique en Angleterre (1827), de nombreux mémoires insérés dans les Annales des mines et dans les Mémoires de la Société géologique de France. C’est dans sa Notice sur les systèmes des montagnes qu’il expose ses idées