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des Pensées de Pascal (1842), où il appelait l’attention sur les altérations du texte des Pensées ; Jacqueline Pascal (1842) ; de l’instruction publique en Hollande (1837) et en Allemagne (1840). Écarté de la carrière publique en 1848, il se borna à prendre part aux publications moralisatrices demandées par le gén. Cavaignac à l’Académie des sciences morales et politiques, et publia Justice et Charité, et une édition populaire de la Profession de foi du vicaire savoyard. Il perdit, en 1852, la direction de l’enseignement de la philosophie en France, par la suppression de la section permanente du conseil de l’instruction publique, et passa dans la retraite ses dernières années, qu’il consacra à de nouveaux remaniements de ses anciennes leçons (parmi lesquels on distingua son volume du Vrai, au Beau et du Bien (1853), et son Hist. générale de la philosophie depuis les temps les plus anciens jusque la fin du XVIIIe siècle (1863, 1 vol. in-8), et à des publications des plus intéressantes pour l’histoire des lettres et de la société au XVIIe siècle : Mme de Longueville (1863 et suiv.) ; Mme de Sablé (1854) ; Mme de Chevreuse, Mme de Hautefort (1856) ; la Société française au XVIIe siècle d’après le grand Cyrus (1858) ; la Jeunesse de Mazarin (1865).

COUZA (Alex.-Jean), homme politique roumain, né à Galatz (Moldavie) en 1820, m. en 1873 ; appartenait à la petite noblesse des Principautés danubiennes ; était colonel dans la milice moldave, lorsque, par suite de la Convention de Paris du 19 août 1858, la Moldavie et la Valachie furent constituées en Principautés unies ; fut choisi pour hospodar à la fois par ces deux principautés ; obtint de la Porte, avec la ratification de son élection, un firman qui complétait leur union ; mais ne sut pas contenir les partis, et, après une longue série de crises ministérielles, malgré un plébiscite qui lui avait été favorable (611 094 voix sur 682 621), fut renversé, et remplacé par Charles Ier de Hohenzollern, prince de Roumanie (20 fév. 1866).

CRUVEILHIER (Jean), médecin français, né à Limoges en 1791, mort en 1874 ; fut élève de Dupuytren, médecin des hôpitaux, professeur à la Faculté de médecine de Parts. Son grand ouvrage sur l’Anatomie pathologique du corps humain (1835) le fit nommer membre de l’Académie des sciences.

DARBOY (Georges), prélat et écrivain français, né à Fay-Billot (Haute-Marne) en 1813, de parents commerçants ; fut ordonné prêtre en 1836, et, après trois ans de vicariat à Saint-Dizier, devint professeur de philosophie, puis de théologie au grand séminaire de Langres, dont il avait été un des élèves les plus distingués (1841). Nommé aumônier du collège Henri IV par Mgr Affre, puis chanoine de Notre-Dame, il fut chargé par Mgr Sibour d’inspecter l’enseignement religieux dans les lycées, et reçut le titre de vicaire général honoraire. Il devint en 1865 vicaire général titulaire, puis (1859) évêque de Nancy, enfin (1863) archevêque de Paris ; il fut nommé en 1864 grand aumônier de l’empereur et sénateur. Après l’insurrection du 18 mars 1871, il fut arrêté par ordre de la Commune, retenu comme otage, et, après deux mois passés au secret, fut fusillé, le 24 mai, avec le président Bonjean et plusieurs ecclésiastiques. — Prédicateur éminent, écrivain distingué, Mgr Darboy a laissé une traduction, avec Introduction et notes, de saint Denys l’Aréopagite, et divers ouvrages de littérature et de piété : les Femmes de la Bible (1848), les Saintes femmes (1850), la Vie de saint Thomas Becket (1860). — Sous le titre de Mgr Darboy, Esquisses familières (in-12, 1872), M. Alexis Pierron a donné sur ce prélat d’intéressants détails biographiques.

DASH (Cisterne de Courtiras, dite comtesse), romancière française, née à Paris en 1805. m. en 1872. Après de grands revers de fortune, elle chercha et trouva des ressources dans le travail littéraire. Elle publia, sous le pseudonyme de comtesse Dash, auquel elle donna quelque célébrité, un nombre considérable de romans d’un style facile, et dont les sujets sont en général empruntés aux mœurs du grand monde : le Jeu de la reine, la Bien-aimée du Sacré-Cœur, la Belle aux yeux d’or, etc., etc.

DAUBIGNY (Ch.-François), peintre et graveur français, né à Paris en 1817, m. en 1878 ; fut élève de Paul Delaroche et de son père, qui était peintre paysagiste, s’adonna, comme son père, à la peinture de paysage, et, depuis 1838, se fit remarquer à toutes les expositions par des toiles qui placent son nom à côté de ceux de Corot et de Théod. Rousseau.

DAUMAS (Eugène), général français, né en 1803, m. en 1871 ; fit toute sa carrière militaire en Algérie, fut le principal organisateur des bureaux arabes, et devint en 1850 directeur des affaires de l’Algérie au ministère de la guerre, en 1853 général de division, et en 1857 sénateur. Il a publié sur l’Algérie plusieurs ouvrages estimé : la Société arabe (1845) ; le Sahara algérien (1845) ; Mœurs et coutumes de l’Algérie (1857) ; la Kabylie (1857) ; les Chevaux du Sahara (1858).

DAVID (Félicien), compositeur français, né à Cadenet (Vaucluse) en 1810, m. en 1877 ; fut d’abord clerc d’avoué, puis chef d’orchestre au théâtre d’Aix ; vint à Paris en 1830 et attira l’attention de Chérubini ; entra au Conservatoire ; se fit saint-simonien, mit en musique tous les chœurs destinés à être chantés par les adeptes de la religion nouvelle, et visita l’Orient avec le P. Enfantin. À son retour il publia un recueil de Mélodies orientales (1835), qui passèrent presque inaperçues ; mais son ode-symphonie du Désert eut une vogue européenne. Il fut moins heureux avec son Moïse sur le Sinaï et son Christophe Colomb, mais il retrouva le succès avec sa composition des Hirondelles, son opéra d’Herculanum (1859) et ses opéras-comiques de la Perle du Brésil (1851) et de Lalla-Roukh (1862). Il était membre de l’Académie des beaux-arts.

DEAK (François), h. politique hongrois, né en 1803, m. en 1876 ; fut d’abord avocat à Zala, entra dans la vie politique en 1832 comme député de Pesth à la Diète de Presbourg, et devint bientôt le chef de l’opposition hongroise contre le centralisme autrichien ; essaya en 1840 de faire prévaloir des idées de conciliation entre la Diète et l’Empereur ; devint, à la révolution de mars 1848, ministre de la justice dans le cabinet du comte Bathyani, mais se retira lors de l’arrivée de Kossuth au pouvoir ; fut un des négociateurs envoyés par la Diète, à la fin de 1849, auprès du prince Windischgraetz, et, n’ayant pu obtenir aucune concession, se tint éloigné des affaires publiques jusqu’en 1840. Lorsque une Constitution fut donnée à son pays (1860), il redevint député à la Diète et demanda la création d’un ministère hongrois en résidence à Pesth ; enfin, lorsque M. de Beust, en créant le dualisme austro-hongrois (1867), eut donné satisfaction au parti modéré, il se rallia au Gouvernement et le soutint dans les principales questions politiques.

DÉJAZET (Virginie), actrice française, née en 1798, m. en 1875 ; monta sur les planches dès l’âge de cinq ans ; joua d’abord loi rôles d’enfants, puis, sur les scènes du Vaudeville, des Variétés et du Gymnase, obtint de très-grands succès dans les rôles masculins, dont elle se fit une spécialité, et où elle était remarquable de désinvolture et de vivacité. Elle excellait encore à chanter les couplets. Jusque dans sa vieillesse, elle resta au théâtre, y parut toujours jeune et sémillante, et ne cessa d’y être accueillie avec faveur. De 1860 à 1865, elle donna ses dernières représentations suivies au Théâtre Déjazet, pour lequel son fils (Eugène Déjazet) composa un certain nombre d’opérettes.