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mafré, la Fille de l’air, la Chatte blanche, le Pied de mouton, etc.

CORMENIN (Louis-Marie de LA HAYE, vicomte de), publiciste et jurisconsulte français, né à Paris en 1788, m. en 1868 ; entra comme auditeur au conseil d’État en 1810 ; fut maître des requêtes en 1815, et se fit dès lors remarquer par des publications sur le droit administratif ; devint en 1828 député d’Orléans et siégea dans les rangs de l’opposition dynastique ; protesta en juillet 1830 contre l’élévation au trône de la maison d’Orléans ; siégea depuis à la gauche et publia, sous le pseudonyme de Timon, une série de pamphlets politiques qui rendirent son nom populaire ; fut appelé, en 1848, à la Constituante ; prit une part active à la rédaction de la Constitution ; rentra au conseil d’État, où il fut maintenu par l’Empire ; fut, en 1855, nommé par décret membre de l’Académie des sciences morales et politiques ; a laissé, outre ses pamphlets, des Études sur les orateurs parlementaires (1838, souvent réimprimées), un Cours de droit administratif (1840, 2 vol. in-8), les Entretiens de village (1846), etc. — M. de Cormenin a fondé plusieurs établissements de charité et d’instruction.

CORNELIUS (Pierre de), peintre allemand, né à Dusseldorf en 1787, m. en 1867 ; se fit connaître de bonne heure par des peintures à la coupole de l’église de Neuss, et par des compositions sur le Faust de Gœthe, sur les Nibelungen ; alla compléter ses études à Rome (1810-1817) ; puis revint en Allemagne, où il restaura l’art négligé de la peinture à fresque (décoration de la glyptothèque et de la pinacothèque de Munich, de l’église Saint-Louis, à Munich, de Campo-Santo, à Berlin, etc.) . On cite parmi ses élèves M. Kaulbach. Il était membre étranger de l’Académie des beaux-arts.

COROT (J.-B.-Camille), peintre français, né à Paris en 1796, mort en 1875 ; fut élève de Michallon et de V. Bertin, alla étudier seul plusieurs années en Italie. Dès 1827, il se fit connaître par des compositions où l’on remarqua un vif sentiment poétique, et parmi lesquelles on distingue surtout ses paysages (Danse des nymphes, Soleil levant, Soleil couchant, Idylle, le Lac, Souvenir d’Italie, etc.).

COSTE (J.-J.-Victor), naturaliste français, né en 1807 à Castres (Hérault), m. en 1873 ; se voua de bonne heure à l’étude de l’embryogénie, fut professeur au Muséum et au Collége de France, et membre de l’Académie des sciences. Ses principaux ouvrages sont le cours d’Embryogénie comparée (1837) et l’Hist. générale et particulière du développement des êtres organisés (1847, 2 vol. in-4). M. Coste est le vulgarisateur de la pisciculture, c’est-à -dire de l'art de multiplier les poissons au moyen de la fécondation artificielle ; il est le promoteur de la piscine moderne de Huningue qui, en deux ans, fournit 600 000 saumons ou truites pour l’ensemencement du Rhône. Il avait été nommé en 1862 inspecteur général de la pêche fluviale et de la pêche côtière maritime.

COURBET (Gustave), peintre français, né à Ornans (Doubs) en 1819, m. en 1877 ; était destiné par sa famille à la carrière du droit, mais se livra avec passion à la peinture, qu’il apprit presque sans maître ; eut pour la première fois un tableau exposé au Salon de 1844 ; affecta, à partir de 1848, de se poser en chef d’école, opposant au culte de l’idéal le réalisme souvent le plus vulgaire, et portant une sorte de défi à la tradition classique par des toiles comme l’Après-dînée à Ornans, l’Enterrement d’Ornans, les Baigneuses, les Demoiselles des bords de la Seine, etc. (1849-1857), où il semblait avoir le parti pris de rechercher les types les plus laids ; mais en même temps montra des qualités de premier ordre dans des tableaux où il n’était pas égaré par son système (les Casseurs de pierres, les Chevreuils, un Combat de cerfs, Biche forcée à la neige, etc.). Dans les dernières années de l’Empire, il se fit remarquer par l’exaltation de ses opinions politiques, devint en mars 1871 membre de la Commune, et provoqua le décret qui ordonnait « le déboulonnement de la colonne Vendôme ; passa en conseil de guerre, fut rendu responsable seulement de cet acte de vandalisme, et fut condamné à six mois d’emprisonnement et aux frais. C’est la vanité, qui a fait de Courbet un émeutier comme elle l’a empêché de devenir, ainsi qu’il l’aurait pu, un très-grand peintre.

COURT (Joseph-Désiré), peintre d’histoire français, né à Rouen en 1798, m. en 1865, fut élève de Gros. On distingue, parmi ses toiles, la Mort de César (au Louvre).

COUSIN (Victor), philosophe et écrivain français, né à Paris en 1792, m. en 1867 ; fit de brillantes études au lycée Charlemagne ; fut élève de l’École normale dès sa fondation, y professa lui-même, à sa sortie, la littérature grecque, puis la philosophie ; suppléa de 1815 à 1821, à la Faculté des lettres de Paris, son ancien maitre Royer-Collard, qu’il suivit d’abord docilement dans les voies de la philosophie écossaise, mais dont bientôt, à la suite d’un voyage en Allemagne, il abandonna les traces pour initier son auditoire à la métaphysique de Kant, de Fichte, de Schelling et de Hegel ; fut lors de la réaction de 1822, suspendu de ses fonctions à la Faculté, et, par suite du licenciement de l’École normale, privé de tout emploi public ; devint précepteur d’un fils du maréchal Lannes, et entreprit d’importantes publications philosophiques : édition des Œuvres inédites de Proclus (texte grec avec commentaire latin, 1820-27, 6 vol. in-8 ; 2e édit., 1865, 1 vol. in-4), et des Œuvres complètes de Descartes (1826, 11 vol. in-8) ; traduction des Œuvres complètes de Platon (1825-40, 13 vol. in-8). Après un second voyage en Allemagne, pendant lequel il fut, comme suspect de carbonarisme, arrêté à Dresde et emprisonné six mois à Berlin, il fut rétabli par le ministère Martignac (1827) dans la chaire de la Faculté des lettres, où il enseigna avec le plus grand éclat à côté de MM. Villemain et Guizot. Comblé d’honneurs après 1830, nommé coup sur coup conseiller d’État, pair de France, directeur de l’École normale, membre du conseil royal de l’Université, professeur titulaire à la Faculté des lettres (où il se fit dès lors suppléer), et en même temps élu membre de l’Académie française (1830) et de l’Académie des sciences morales et politiques à sa création (1832), il fut un instant ministre de l’instruction publique dans le cabinet Thiers (1840). Avant comme après ce ministère, dont il a résumé les actes dans la Revue des Deux-Mondes (Huit mois de ministère), il fut, en qualité de conseiller de l'Université, le chef unique de l’enseignement philosophique en France, qu’il dirigea dans le sens de l’éclectisme et du spiritualisme, dont il prit à tâche d’écarter les opinions dissidentes, et qu’il défendit de sa parole et de sa plume contre les attaques du parti ultra-catholique (Défense de l’Université et de la Philosophie, 1844, in-8, etc.). C’est alors qu’il fit ses principales publications philosophiques, la plupart simples reproductions ou remaniements de ses anciens cours, qui donnèrent une vive impulsion aux recherches savantes, et qui forment un précieux répertoire d’expositions et d’observations relatives aux divers systèmes de philosophie, mais d'où il est difficile de tirer un corps de doctrines bien arrêté : Cours de l’histoire de la philosophie au XVIIIe siècle (1840, 3 vol. in-8) ; Cours d’histoire de la philosophie moderne (1841, in-8) ; Cours d’histoire de la philosophie morale (ce dernier ouvrage a été publié par MM. Vacherot et Danton, 5 vol. in-8) ; Leçons sur la philosophie de Kant (1842, in-8) ; de la Métaphysique d’Aristote (1835), OEuvres inédites d’Abélard (1836) ; Fragments philosophiques, etc., etc. A la même époque appartiennent quelques publications critiques ou pédagogiques :