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publié un écrit intitulé : Parallèle des Juifs qui ont crucifié Jésus-Christ avec les Français qui ont tué leur roi. On a de lui un Dictionnaire universel des sciences ecclésiastiques, Paris, 1760 et suiv., 6 vol. in-fol.; une bonne Analyse des conciles, 1772-77, 6 v. in-4., et une curieuse Dissertation sur la possession du corps et l'infestation des maisons par les démons.

RICHARD (L. Cl. Marie), botaniste, né à Versailles en 1754, m. en 1821, était fils du jardinier du roi à Auteuil. Il alla, de 1781 à 1789, visiter, aux frais de Louis XVI et au nom de l'Acad. des sciences, la Guyane, la Martinique, etc., y rassembla de riches et vastes collections, mais revint malade, et vécut longtemps dans la gêne jusqu'à ce qu'il eût obtenu une chaire de botanique et une place à l'Institut. On lui doit divers ouvrages et des mémoires insérés dans les Annales du Muséum : on estime surtout ses travaux sur l'organisation des végétaux et son Analyse du fruit, 1808. Il a donné une excellente édition du Dictionnaire élémentaire de botanique de Bulliard, 1800. — Son fils, Achille R., 1794-1852, marcha sur ses traces, publia d'excellents travaux sur la Flore de la Sénégambie, de la Nouv.-Zélande, de l'Abyssinie et de Cuba, devint professeur à la Faculté de médecine et fut admis à l'Institut en 1834. On lui doit un Manuel de botanique, devenu classique.

RICHARD-LENOIR (Franç. RICHARD, dit), célèbre industriel, né en 1765 à Épinay-sur-Odon (Calvados), d'une famille de paysans, mort en 1849, quitta son village à 17 ans pour chercher fortune, vint à Paris, y fit le commerce des toiles de coton, et, après avoir été simple porte-balle, devint eu peu de temps un des plus riches commerçants de l'époque. Voulant affranchir l'industrie française du tribut qu'elle payait à l'Angleterre, il s'associa en 1797 avec un autre négociant, Lenoir, dont le nom est resté lié au sien, pour créer en France des métiers propres au filage et au tissage du coton, et ils obtinrent un tel succès qu'ils eurent bientôt plusieurs manufactures sur divers points de la France. Richard reçut les encouragements de Napoléon, qui le décora de sa propre main; mais il se vit ruiné en 1814 par la suppression des droits d'entrée, et passa ses dernières années dans la gêne. Son nom a été donné en 1862 à un des nouveaux boulevards de Paris.

RICHARD SIMON. V. SIMON.

RICHARDSON (Samuel), célèbre romancier anglais, né en 1689, dans le comté de Derby, m. en 1761, était fils d'un menuisier. Mis en apprentissage chez un imprimeur, il devint le gendre de son maître, et finit par avoir lui-même un belle imprimerie. A 52 ans, il se fit auteur et publia successivement : Paméla (1741), Clarisse Harlowe (1748), sir Charles Grandison (1753), romans qui obtinrent le plus grand succès : les deux derniers passent pour des chefs-d'œuvre ; cependant on y trouve des longueurs qui en rendent quelquefois la lecture fatigants. Prévôt et Letourneur ont traduit en français les romans de Richardson. Ils étaient fort à la mode à la fin du dernier siècle : Diderot surtout en était enthousiaste. On les lit peu aujourd'hui. Jules Janin a donné en 1846 une Clarisse Harlowe abrégée, qui fait de ce roman un livre presque nouveau et d'une lecture plus facile. Mistriss Barbauld a donné en 1804 la Correspondance de Richardson ; Walter Scott lui a consacré une intéressante notice dans la Biographie des romanciers.

RICHARDSON (Jonathan), peintre de portraits, né à Londres en 1665, m. en 1745, se distingue par la force et le relief du coloris, mais manque d'élégance et de style. Il voyagea en Italie, où il forma une riche collection de tableaux, dessins et objets d'arts. Il a laissé un Traité de peinture et de sculpture, Londres, 1719, ouvrage médiocre, qui cependant a été trad. en français par Rutgers, 1728.

RICHELET (Pierre), grammairien, né en 1631 à Cheminon (Marne), m. en 1698, fut d'abord régent au collège de Vitry-le-Français, puis précepteur à Dijon, se fit recevoir avocat à Paris et abandonna enfin les affaires pour les lettres. Il se fit beaucoup d'ennemis par son humeur caustique. Il est surtout connu par son Dictionnaire français, Genève, 1680, in-4, le premier dictionnaire qui ait été rédigé sur un plan philosophique : souvent réimprimé, cet ouvrage a été refondu et amélioré par de Wailly. On a en outre de lui : la Versification française, 1671; les Commencements de la langue française ou Grammaire tirée de l'usage et des bons auteurs, 1694, et un recueil intitulé Les plus belles Lettres françaises, sorte de manuel épistolaire. Le Dictionn. des rimes, qui lui est généralement attribué, n'est qu'un remaniement de celui de Frémont d'Ablancourt.

RICHELIEU, ch.-l. de cant. (Indre-et-Loire), à 21 kil. S. E. de Chinon, sur la Mable; 2601 hab. Ville régulièrement bâtie, Sucre de betterave, eau-de-vie, huiles, etc. Berceau de la famille de Richelieu. Ce n'était jadis qu'un village ; il fut reconstruit par le cardinal, qui le fit ériger en duché-pairie. L'ancien château a été détruit au début de ce siècle.

RICHELIEU (Armand DU PLESSIS, cardinal, duc de), célèbre ministre de Louis XIII, né à Paris en 1585, était d'une maison noble du Poitou, originaire du bourg de Richelieu, et avait pour père François du Plessis, capitaine des gardes de Henri IV. Il fut d'abord destiné aux armes, puis reçut les ordres et fut sacré en 1607 évêque de Luçon, n'ayant que 22 ans. Député aux États généraux en 1614 par le clergé de Poitou, il s'y fit remarquer, sut plaire au maréchal d'Ancre, qui disposait de tout, et à Marie de Médicis, alors régente, fut nommé aumônier de cette princesse (1615), puis secrétaire d'État pour, l'intérieur et la guerre (1616). Il suivit en 1617 à Blois la reine mère, alors en disgrâce, mais sans se brouiller avec Louis XIII : chargé de négocier un accommodement entre la mère et le fils, il réussit dans cette mission délicate et fit conclure les traités d'Angoulême (1620) et d'Angers (1621) : le chapeau de cardinal lui fut donné en récompense (1622). Il entra en 1623 au conseil par la protection de la reine et presque malgré Louis XIII, qui avait de la répugnance pour sa personne, et il y montra une telle supériorité qu'il fut bientôt nommé premier ministre. Arrivé au souverain pouvoir, il forma trois grandes entreprises qu'il ne perdit jamais de vue : détruire la puissance politique du protestantisme en France, abattre l'orgueil et l'esprit factieux de la noblesse, et abaisser la maison d'Autriche. Dirigeant d'abord ses efforts contre les Protestants, il leur reprit, en 1626, l'île de Ré, leur enleva, en 1628, leur dernier boulevard, La Rochelle, en fermant le port par un môle gigantesque, et anéantit leur puissance par la paix d'Alais et l'édit de Nîmes (1629), qui leur enlevaient leurs privilèges politiques. Dans le même temps, il replaçait sous la domination de la Suisse la Valteline, que l'Espagne lui disputait (1626), assurait au duc de Nevers le duché de Mantoue et le Montferrat en forçant le Pas de Suze (1629), s'emparait des États du duc de Savoie (1630), et se préparait à combattra l'Autriche. Prenant part dans ce but à la guerre de Trente ans, il ne craignit pas de soutenir le parti protestant en Allemagne, s'unit à Gustave-Adolphe, roi de Suède, qui était à la tête de ce parti (1630), seconda ce prince de tout son pouvoir dans ses efforts contre l'Autriche, et, après sa mort (1632), solda les troupes de Bernard de Weimar, qui l'avait remplacé; puis, combattant ouvertement l'Autriche (1634-41), il attaqua cette maison dans toutes ses possessions à la fois, dirigea des armées en Alsace, dans les Pays-Bas, en Italie, en Catalogne, obtint partout des succès et prépara la prépondérance de la France qu'assurèrent après sa mort les traités de Westphalie (1648) et des Pyrénées (1659). Ce qui coûta le plus de peine à Richelieu, ce furent ses luttes contre les grands : il eut à déjouer mille cabales, et compta parmi ses principaux adversaires la reine mère, Marie de Médicis, devenue jalouse de l'ascen-