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commerce avec la Hongrie et la Transylvanie. — Vienne, bâtie par les Wendes, n'était qu'un village quand Auguste conquit la Pannonie; les Romains y établirent une de leurs stations militaires importantes. Henri I (Jasomirgott), marquis d'Autriche, en fit une ville (1151) ; Léopold VIII lui donna de bonnes murailles (1198); Frédéric II la déclara ville impériale en 1237. Rodolphe I de Habsbourg la prit en 1277, et dès lors la fortune de la maison de Habsbourg, devenue maison d'Autriche, la fit sortir de son obscurité (surtout après 1437). Matthias Corvin l'assiégea en vain en 1477; il la prit en 1485. Vienne eut aussi a subir deux sièges fameux de la part des Turcs : en 1529 elle fut assiégée par Soliman II en personne, mais fut délivrée par Charles-Quint, qui força le sultan à se retirer après 20 assauts inutiles; en 1683, elle allait succomber lorsqu'elle fut sauvée par le roi de Pologne, Jean Sobieski. Napoléon occupa Vienne en 1805 et 1809. Insurgée en 1848, elle fut bombardée et bientôt réduite. — Il fut signé à Vienne divers traités, entre autres celui de 1738 (qui donnait la Lorraine à Stanislas avec réversibilité à la France, la Toscane à François de Lorraine, époux de Marie-Thérèse, et le royaume de Naples à don Carlos), et celui de 1809 qui mit fin à la 6e coalition, et par lequel l'empereur d'Autriche cédait à Napoléon les prov. illyriennes avec partie du Tyrol, et lui donnait la main de sa fille Marie-Louise. — On nomme Congrès de Vienne le congrès tenu dans cette ville du 3 oct. 1814 au 9 juin 1815 par les puissances alliées pour régler l'état de divers États de l'Europe et assurer l'équilibre européen; Déclaration de Vienne, l'acte publié par les alliés le 13 mars 1815, par lequel Napoléon était mis hors la loi.

VIENNE, Vienna, Vienna Allobrogum, v. de France, ch.-l. d'arr. (Isère), au confluent de la Gère et du Rhône, à 91 kil. N. O. de Grenoble par la route, à 119 par chemin de fer; 19 559 hab. Anc. archevêché, dont les titulaires étaient jadis primats des Gaules, et réuni auj. à celui de Lyon. Trib. de 1re inst. et de commerce; collége; belle église St-Maurice; hôtel de ville; quartier de cavalerie; arc de triomphe antique; ruines d'un théâtre, d'un amphithéâtre, d'une naumachie, d'un temple d'Auguste et de Livie (auj. musée d'antiquités), d'un aqueduc. Bibliothèque, musée d'anatomie. Draps croisés, corderie, haut fourneau, fonderie de plomb, papeterie, etc. — Vienne était la capitale des Allobroges. Tibère en fit une colonie romaine ; Claude lui donna un sénat (qui fut le premier de ceux des Gaules); elle fut sous les Romains le séjour principal du gouverneur de la Narbonaise. Sous Dioctétien, elle donna son nom à la Viennaise détachée de la Narbonaise. Les Burgundes en firent leur capitale en 432; les Francs la prirent en 534. Charles le Chauve l'assiégea en 871 et s'en empara. Elle redevint capitale en 879, lors de la formation du roy. de Bourgogne Cisjurane (qu'on nomme aussi quelquefois Roy. de Vienne); mais, après la réunion des deux Bourgognes, elle perdit ce rang qu'Arles lui ravit; elle ne fut plus alors que le ch.-l. d'un comté, gouverné par ses évêques. Son sort suivit celui du Dauphiné ; cependant elle ne se soumit à la France qu'en 1448, environ un siècle après la réunion du reste de cette province. Le Bas-Dauphiné se nommait Viennois. En 1311 (sous Clément V) se tint à Vienne le 16e concile œcuménique, qui supprima l'ordre des Templiers. Vienne est la patrie de S. Mamert, Claudien Mamert, Nic. Chorier, Ponsard.

VIENNE (la), Vigenna, riv. de France, naît dans le N. du dép. de la Corrèze, arrose ceux de la Hte-Vienne, de la Vienne, de l'Indre-et-Loire; reçoit la Creuse, le Clain, le Taurion; baigne St-Léonard, Limoges, Chabannais, Confolens, l'Ile-Jourdain, Lussac, Châtellerault (où elle devient navigable), Chinon, et se jette dans la Loire à Candes, après un cours de 410 k.

VIENNE (dép. de la), entre ceux des Deux-Sèvres à l'O., de Maine-et-Loire et d'Indre-et-Loire au N., de l'Indre et de la Hte-Vienne à l'E., de la Charente au S. : 6760 kil. carrés; 322 028 hab.; ch.-l., Poitiers. Formé aux dépens du Poitou, de la Touraine et du Berri. Collines, surtout à l'O., plaines, landes, bruyères. Fer, houille, marbre, granit, pierres meulières et lithographiques; eaux minérales. Grains; légumes, fruits, pommes de terre, châtaignes, lin (très-beau); chanvre, truffes renommées; miel, cire, vins, bons pâturages. Moutons excellents, chevaux, mulets. Couvertures de laine, lainages divers, dentelles communes, coutellerie, usines à fer, papeterie, etc. — Ce dép. a 5 arr, (Poitiers, Châtellerault, Loudun, Civray, Montmorillon), 31 cantons et 296 comm.; il appartient à la 18e division militaire, a une cour impér. et un évêché à Poitiers.

VIENNE (dép. de la HTE-), entre ceux de la Vienne et de l'Indre au N., de la Dordogne et de la Corrèze au S., de la Charente à l'O., de la Creuse à l'E. : 5543 kil. carrés; 310 595 h.: ch.-l., Limoges. Formé du Limousin et de parties de la Marche, du Poitou et du Berri. Ramifications des monts de l'Auvergne, assez élevées, surtout au S. et au centre; beaucoup de rivières et de ruisseaux, 556 étangs; climat humide. Fer, plomb, étain, antimoine; porphyre, marbre, serpentine, terre à porcelaine (fort abondante à St-Yrieix). Sol peu fertile; vastes châtaigneraies (la châtaigne y est l'aliment du bas peuple), blé, blé noir, seigle, légumes, raves, lin, chanvre, etc.; foin excellent. Chevaux élégants et robustes, moutons, porcs, abeilles; loups. Les habitants émigrent annuellement pour se louer comme maçons, charpentiers, moissonneurs, etc. — Ce dép. a 4 arr. (Limoges, Bellac, Rochechouart, St-Yrieix ), 27 cantons, 290 communes; il appartient à la 21e div. militaire, a une cour impér. et un évêché à Limoges.

VIENNE (Jean de), amiral de France, d'une maison ancienne de Bourgogne, servit sous Charles V et Charles VI, fit une descente en Angleterre en 1377, prit et brûla Rye (dans le comté de Sussex), saccagea l'île de Wight, prit part à la bataille de Rosebecque contre les Flamands en 1382, et fit trois ans après une descente en Écosse. La guerre contre les Turcs ayant été résolue, il accompagna le duc de Bourbon en Barbarie ainsi qu'au siège de Carthagène. En 1396, il fut du nombre des seigneurs français qui allèrent au secours du roi de Hongrie contre Bajazet I : il commandait l'avant-garde à la bataille de Nicopolis, et y périt avec 2000 gentilshommes.

VIENNOIS (le), anc. petit pays de France, dans le Bas-Dauphiné, entre le Rhône, l'Isère et le Grésivaudan, tirait son nom de Vienne, son ch.-l. Il fait auj. partie des dép. de la Drôme et de l'Isère.

VIERGE (la Sainte), mère de Dieu. V. MARIE.

VIERGE (la), signe du Zodiaque. V. VIERGE dans notre Dict. univ. des Sciences.

VIERGES (les), groupe de petites îles qui font partie des Antilles, au N. des Petites Antilles, par 66° 55' long. O., 17° 30' lat. N.; env. 20 000 hab. Ces îles sont au nombre de 40 environ : il y en a 7 principales, qui appartiennent à des puissances différentes : Anegada, Gorda, Tortola, aux Anglais; St-Jean, St-Thomas, aux Danois; Borequim, Vique, aux Espagnols. Sol assez fertile, climat chaud, ouragans fréquents; peu d'eau.— Découvertes en 1493 par Christophe Colomb qui les nomma ainsi, dit-on, en souvenir des Onze mille vierges, à cause de leur nombre. Fr. Drake les visita en 1580. Les Hollandais y fondèrent le 1er établissement à Tortola, pour la pêche des tortues; les Anglais leur enlevèrent cet établissement en 1666; peu à peu les Anglais et les Danois ont occupé les meilleures îles.

VIERGES (les ONZE MILLE). V. URSULE (Ste).

VIERZON ou VIERZON-VILLE, ch.-l. de c. (Cher), sur le Cher et l'Yèdre et le canal du Berry, à 35 k. N. O. de Bourges; 7740 h. Chemin de fer; importante manufacture de porcelaine, poterie; forges (fer de 1re qualité), acier, tôle, etc. — Vierzon-Village, à 2 k. au S., est le faubourg de la ville et compte 4852 hab. — Anc. seigneurie.