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QUES — 1570 — QUIE


chef d’une secte d’économistes qui ont été désignés sous le nom de Physiocrates et ainsi appelés parce qu’ils se proposaient de réformer la société d’après les lois de la Nature (en grec, physis). Il fut, avec Gournay, un des premiers et des plus ardents à réclamer la liberté du travail et du commerce, mais c’est à l’agriculture qu’il attachait le plus d’importance : il eut le tort de la regarder comme seule productive, ce qui le conduisit à faire porter sur la propriété territoriale tout le poids de l’impôt. Outre plusieurs ouvrages de médecine (Réfutation du traité de Silva sur la saignée, Préface des Mémoires de l’Académie de chirurgie, Essai physique sur l’économie animale), on a de lui le Tableau économique, 1758, suivi de Maximes où les principes de son système sont énoncés en axiomes. Un recueil d’écrits divers de Quesnay a été publié par Dupont (de Nemours) sous le titre de Physiocratie ou Constitution naturelle des gouvernements, 1768.

QUESNEL (le P. PASQUIER), controversiste, né à Paris en 1634, m. en 1719, se fit oratorien en 1657. Il dirigeait l’institution de l’Oratoire à Paris, quand son attachement au Jansénisme le réduisit à s’expatrier (1684). Il se réfugia à Bruxelles, où il reçut les derniers soupirs d’Arnauld, son ami ; mais il fut arrêté dans cette ville et incarcéré à Malines en 1696, et ne recouvra la liberté qu’en 1703. Il alla mourir à Amsterdam, où il avait fondé quelques églises jansénistes. On a de lui des Réflexions morales sur le Nouv. Testament, 1671-78, ouvrage dont les doctrines, approuvées d’abord par Mgr de Noailles, alors évêque de Châlons, furent condamnées quelques années après par ce même prélat, devenu archevêque de Paris. La publication de cet écrit ranima la querelle du jansénisme : il fut condamné par le pape Clément XI en 1708 et donna lieu à la fameuse constitution Unigenitus (1713), qui censurait 101 propositions extraites de ce livre. On a en outre de Quesnel : Tradition de l’Église romaine sur la prédestination des saints et la grâce efficace (Cologne, 1687, sous le pseudonyme de Germain) ; la Discipline de l’Église, Lyon, 1689 ; Hist. de la Vie et des ouvrages d’Arnauld, 1695 ; Causa Arnaldina, 1699 ; la Souveraineté des rois défendue, 1704, et une savante édition des Œuvres de S. Léon, Paris, 1675, 2 v. in-4.

QUESNOY (Le), Quercetum, ch.-l. de c. (Nord), à 30 k. N. O. d’Avesnes ; 3758 h. Ville forte, collège. Fabrique de sucre indigène, savon, miel, chanvre, lin, houille. — Fondée, suivant la tradition, par le chevalier Aymon, si célèbre par ses quatre fils, cette ville fut fortifiée en 1150 par Baudouin, comte de Flandre, prise par Louis XI aux Bourguignons en 1477, mais reprise par Maximilien. Turenne s’en empara en 1654 et le prince Eugène en 1712 ; Villars la reprit la même année ; elle tomba au pouvoir des Autrichiens en 1792, mais fut reconquise par les Français en 1794.

QUESNOY-SUR-DEULE, ch.-l. de c. (Nord), sur le canal de la Basse-Deule, à 10 kil. N. de Lille ; 4446 h. Fabriques d’huile, de sucre, de genièvre ; moulins à farine et à foulon, tanneries, brasseries.

QUESTEMBERT, ch.-l. de c. (Morbihan), à 24 kil. E. de Vannes ; 3940 h. Victoire d’Alain, duc de Bretagne, sur les Normands, 888.

QUESTEURS, Quæstores, magistrats romains chargés de recueillir les revenus publics et de faire les payements. Institués dès le temps de la royauté, ils furent originairement nommés par les rois, puis par les consuls de 509 à 307, et enfin élus par le peuple. Ils n’étaient d’abord que deux : à partir de 419 av. J.-C., il y en eut quatre, 2 Questeurs urbains et 2 Q. provinciaux. Le nombre de ces derniers s’augmenta à mesure que s’accrut le nombre des provinces : Sylla en fit élire 20 et César 40. — À l’armée, les questeurs étaient chargés de la caisse militaire, percevaient les contributions de guerre, emmagasinaient le butin. La questure était le premier pas dans la carrière des grandes dignités. On ne pouvait l’obtenir qu’à 27 ans. Sous l’Empire, elle perdit beaucoup de son caractère et de son importance : la perception, dans les provinces impériales, se faisait en partie par les procurateurs. — À partir de Constantin, on nomma Questeur du palais un grand dignitaire chargé dé rédiger les rescrits impériaux et d’élaborer les constitutions ou lois. C’était à peu près un ministre de la justice.

Auj. on donne dans certains corps le nom de questeurs aux membres chargés de l’emploi des fonds affectés au service de l’Assemblée. La Chambre des Députés, sous la Restauration, avait deux Questeurs, élus par l’assemblée : Le Corps législatifs actuel a aussi deux Questeurs, mais ils sont nommés par l’Empereur.

QUÉTIF (Jacq.), dominicain, né en 1618, m. en 1698, bibliothécaire des Dominicains de la rue St-Honoré à Paris, commença la Bibliotheca Scriptorum ordinis Minorum, Paris, 1719-21, 2 vol. in-fol. (achevée par Echard), donna des éditions de la Somme de S. Thomas, des Lettres de Savonarole, etc.

QUETTEHOU, ch.-l. de c. (Manche), près de la Manche, à 14 k. N. E. de Valognes ; 1598 h.

QUEVEDO Y VILLEGAS (Fr.), satirique espagnol, né à Madrid en 1580, mort en 1645, possédait 6 langues étrangères et avait cultivé les sciences aussi bien que les lettres. Forcé de quitter l’Espagne par suite d’un duel avec un grand seigneur, il suivit à Naples le duc d’Ossuna, nommé vice-roi ; il fut impliqué en 1618 dans la conspiration des Espagnols contre Venise et faillit périr avec ses complices, rentra en Espagne avec Ossuna, partagea sa disgrâce et resta trois ans en prison (1620-22) ; fut rappelé à la cour en 1622 avec le titre de secrétaire du roi, épousa vers 1634 une dame de haute naissance, n’en fut pas moins jeté de nouveau dans une dure prison, en 1641, comme auteur d’un libelle contre Olivarès, et y resta près de deux ans. Mordant, original, Quevedo se place près de Cervantes ; on lui reproche l’abus des sentences, le goût des antithèses et une grande inégalité de style. Il a beaucoup écrit ; ses principaux ouvrages sont : los Suenos (les Visions), 1627, satire piquante, où il passe en revue tous les abus et les vices de toutes les classes : Histoire et Vie de Tacanno Pablos de Buscon, où sont retracées les mœurs nationales. Ses Œuvres complètes ont été publiées à Madrid en 1650, de 1791-94, et 1856-60. Ses Suenos ont été traduites par la Geneste, 1647 ; ses Satires par Raclotz, Bruxelles, 1698 ; son Historia del gran Tacanno, par Restif de La Bretonne en 1776, sous ce titre : le Fin Matois ou Histoire du Grand Taquin.

QUEYRAS, vge des Htes-Alpes, sur le Guil, près du mont Viso, à 22 kil. S. E. de Briançon ; 300 h. Place de guerre de 4e classe ; fort sur un roc escarpé.

QUIBDO, v. de la Nouv.-Grenade, ch.-l. de la prov. de Choco, sur le Choco ou Atrato.

QUIBERON, ch.-l. de cant. (Morbihan), dans la presqu’île de Quiberon (qui a 12 k. de long sur 2 de large et forme une belle baie défendue par le fort Penthièvre), à 42 kil. S. E. de Lorient ; 2086 hab. Les Anglais y tentèrent un débarquement en 1746, mais furent repoussés. Le 27 juin 1795, une troupe d’émigrés, commandés par d’Horvilly et Puisaye et protégés par les chaloupes canonnières des Anglais, y débarquèrent et s’emparèrent du fort Penthièvre ; mais, cernés dans la presqu’île, ils y furent anéantis par le général Hoche ; les prisonniers furent fusillés par ordre du Comité de Salut public. Les loyalistes imputèrent cet échec à la trahison de Puisaye. Sous la Restauration, un magnifique tombeau en marbre blanc fut élevé aux victimes de Quiberon dans la plaine même où ils avaient été exécutés.

QUIÉRASQUE, QUIERS. V. CHERASCO, CHIERI.

QUIERSY-SUR-OISE, Carisidcum, vge du dép. de l’Aisne, sur l’Oise, à 35 kil. O. de Laon ; 7£0 h. Château des seigneurs d’Héristal, où se tinrent plusieurs champs de mai et plusieurs conciles, et où mourut Charles Martel en 741. En 877, Charles le Chauve y rendit en faveur des possesseurs de fiefs un célèbre édit qui consacrait l’hérédité des bénéfices.