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gne en faveur de Ferdinand VII et contre le régime des Cortès; Chateaubriand, qui avait pris part à ce congrès, en a écrit l'histoire. — La province de Vérone, entre le lac de Garda à l'O., le Tyrol au N., les prov. de Vicence et de Padoue à l'E., a 93 k. sur 40, et env. 300 000 h. Montagnes au N. Sol fertile, gibier, pêche lucrative. Cuivre, houille; marbre, albâtre et pierre à fusil ; terre verte dite Terre de Vérone, etc. Avant 1797, ce pays formait une des provinces de Terre-Ferme de la république de Venise.

VÉRONÈSE (Paul CALIARI, dit), célèbre peintre italien, né à Vérone en 1528 ou 1530, m. en 1588, était fils d'un sculpteur. Il révéla de bonne heure son talent, et marcha bientôt sur les traces du Titien et du Tintoret qu'il s'était proposés pour modèles. Mal apprécié à Vérone, il alla se fixer à Venise, et embellit cette ville d'une foule de chefs-d'œuvre, parmi lesquels on remarque le plafond de la Bibliothèque St-Marc. Il brille par l'élégance, la richesse des ornements, la fécondité et la grandeur de l'imagination, la beauté et la grâce des têtes ; mais on lui reproche trop d'uniformité dans les poses et les plus bizarres anachronismes. On admire surtout son Apothéose de Venise et ses différentes Cènes. Le Louvre possède 12 toiles de cet artiste, entre autres les Noces de Cana, grand et magnifique tableau qui est peut-être son chef-d'œuvre; Loth et ses filles, Susanne au bain, l'Évanouissement d'Esther, la Vierge et l'enfant Jésus, le Repos chez Simon le Pharisien, les Pèlerins d'Emmaüs, Jupiter foudroyant les Crimes. Le Guide disait que, s'il avait à choisir entre tous les peintres, il voudrait être Véronèse.

VÉRONIQUE. On a donné ce nom (qui paraît être formé du latin vera, vrai, et du grec eikonika, diminutif d’eikôn, portrait), à la représentation de la face de N.-S. imprimée sur un linge que l'on garde à St-Pierre de Rome. Quelques-uns croient que c'est le suaire même qui fut mis sur le visage de J.-C. après sa mort; d'autres que c'est le linge avec lequel une sainte femme essuya le visage du Sauveur, couvert de sang et de sueur, lorsqu'il montait au Calvalre, linge qui garda son empreinte. Une fête est célébrée le 4 fév. en l'honneur de cette sainte image.

VÉRONIQUE (Ste), religieuse au couvent de Ste-Marthe de Milan, patronne des lingères, était d'abord une simple ouvrière. Elle fut le modèle de la vie religieuse, et m. à Milan en 1497. On la fête le 13 janv.

VERRÈS (C. Licinius), Romain fameux par ses concussions, né vers 119 av. J.-C., était de la famille noble des Licinius. Envoyé en Asie comme lieutenant du consul Dolabella (82), et chargé de combattre les Pirates, il ne se signala que par ses déprédations. Nommé en 75 préteur urbain en Sicile, il réussit à garder trois ans cette province. Abusant de son pouvoir et comptant sur l'impunité, il écrasa les Siciliens d'impôts exorbitants, en même temps qu'il exerçait contre les malheureux habitants toutes sortes de cruautés et les dépouillait de tout ce qu'ils possédaient de plus précieux en statues, tableaux, vases, etc.; il n'épargna pas même les citoyens romains (V. GAVIUS). A sa sortie de charge, il fut accusé par la plupart des villes de la Sicile. Il espérait corrompre ses accusateurs et ses juges, et comptait sur l'éloquence d'Hortensius, son défenseur, mais Cicéron, chargé de l'accusation, mit tous ses crimes au grand jour. Verrès s'exila sans attendre l'issue du procès, et fut condamné à restituer aux Siciliens plusieurs millions, qui étaient loin d'égaler ses déprédations (72). Il ne revint de l'exil que 24 ans après, et fut proscrit par Antoine pour avoir refusé de lui céder de beaux vases de Corinthe (43). Cicéron nous a laissé sept discours contre Verrès, parmi lesquels on remarque surtout le De Signis et le De Suppliciis; mais tous n'ont pas été réellement prononcés : il avait suffi, pour faire condamner Verrès, de l'audition des témoins.

VERRI (Alexandre), littérateur, né à Milan en 1741, m. en 1816, avait d'abord été avocat, puis s'était livré à l'étude de la législation, tant en Italie qu'à Paris, où il se mit en relation avec les chefs du parti philosophe. Il publia ensuite, avec Beccaria une feuille périodique intitulée le Café, qui eut une grande vogue; puis vint se fixer à Rome où, après quelques essais dramatiques, il entreprit une Iliade abrégée, qui n'eut pas de succès. On a de lui quelques autres ouvrages qui lui ont valu plus de réputation : les Nuits romaines au tombeau des Scipions, espèce de dialogues des morts, les Aventures de Sapho et la Vie d'Érostrate, romans; un Essai sur l'histoire générale d'Italie (1826). Ces ouvrages, écrits en italien, ont été traduits par Lestrade (1826,1827, etc.). — Ses deux frères, Pierre (1728-97) et Charles (1743-1823), ont aussi écrit. Le 1er, après avoir été successivement militaire et administrateur, s'occupa surtout d'économie politique, et devint l'âme d'un cercle où brillaient les Beccaria, les Frisi, les Carli : ses Méditations sur l'économie politique, Milan, 1771, sont un ouvrage des plus remarquables. On doit au 2e plusieurs traités d'agronomie : De la Culture de la Vigne; De la Culture du Mûrier, etc.

VERRIÈRES, vge de Seine-et-Oise, sur la Bièvre, à 14 kil. S. E. de Versailles; 1200 hab. Joli bois; eau minérale ferrugineuse. Exelmans y obtint un avantage sur les Prussiens le 12 juillet 1815.

VERRIUS FLACCUS (M.), grammairien latin, esclave d'abord, puis affranchi, tint à Rome une école qui fut la plus renommée de cette ville, et fut chargé par Auguste de l'éducation de ses deux petits-fils, Caïus et Lucius Agrippa; il mourut très-vieux, sous Tibère. De plusieurs ouvrages qu'il avait composés (Saturnalia, Res memoria dignæ, De Orthographia, etc.), le plus fameux est le traité De verborum significatione, espèce de grand lexique latin, qui fut abrégé au IIIe s., par Sextus Pompeius Festus, abrégé lui-même 400 ans plus tard par Paul Warnefriede. Ces abrégés successifs ont fait perdre le lexique primitif; mais ce qui reste de celui de Pomp. Festus, quoique dans un déplorable état, fournit des fragments authentiques de Verrius Flaccus, auxquels il faut joindre d'autres fragments épars dans divers auteurs, et les restes d'un calendrier romain qu'il avait rédigé, les Fastes prénestins, publiés par Foggini, Rome, 1779, in-fol. Les fragments de Verrius, recueillis par Denis Godefroy (dans les Auctores latinæ linguæ), ont été publiés avec les notes d'Antoine Augustin dans son édition de Pomp. Festus (Venise, 1559) ; depuis, on les a toujours réimprimés avec ce dernier. Les meilleures édit. sont celles de Lindemann, Leips., 1832, et d'E. Egger, Paris, 1838.

VERROCHIO (André), sculpteur et peintre, né à Florence vers 1422, m. à Venise en 1488, réussit surtout dans la sculpture, et surpassa tous ses contemporains dans l'art de travailler le bronze; on admire encore son groupe de Jésus et S. Thomas, dans l'Église San-Michele de Florence. Comme peintre, il eut la gloire de former le Pérugin et Léonard de Vinci. Il était aussi bon musicien.

VERRUE (Jeanne D'ALBERT DE LUYNES, comtesse de), femme remarquable par son esprit et sa beauté, née en 1670, m. en 1736, resta veuve en 1704, son mari, le comte de Verrue, ayant été tué à la bataille de Hochstædt. Liée avec les philosophes et les artistes, elle attira surtout l'attention par ses riches collections de tableaux et de livres. Elle devint la favorite de Victor-Amédée II, duc de Savoie, puis roi de Sardaigne et pendant longtemps elle gouverna sa cour et ses États. On l'avait surnommée la Dame de volupté.

VERSAILLES, Versaliæ en latin moderne, ch.-l. du dép. de Seine-et-Oise, à 23 kil. S. O. de Paris, auquel elle est reliée par 2 chemins de fer (dits de la r. dr. et de la r. g.); 43 899 hab. Évêché, suffragant de Paris, église calviniste, cour d'assises, trib. de 1re inst. et de comm. ; lycée, école normale primaire, école d'artillerie (pour la garde impériale). Vaste place d'armes devant le château; trois magnifiques avenues disposées en éventail, partant du châ-