Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P3 - Q-Z.djvu/367

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

VALENCE, Valentia Edetanorum, v. forte d'Espagne, capit. de la prov. et de l'anc. royaume de ce nom, sur la r. dr. du Guadalaviar, à 2 kil. de la Méditerranée, et à 250 kil. S. E. de Madrid; 260 000 h. Archevêché, université, fondée en 1209, académie des sciences et arts, académie de peinture, société économique, bibliothèque, école militaire de sous-officiers. Superbe cathédrale, la plus riche du roy., beaux quais, bourse, palais archiépiscopal, palais du gouverneur, musée de peinture, fondé en 1836. Belles promenades du Mail et de l’Alameda. Soieries, velours, moires, passementerie, draps, sparterie, chapeaux, ébénisterie, orfèvrerie, fleurs artificielles ; manuf. royale de tabac. Patrie des papes Alexandre VI et Célestin III, de Guilhen de Castro, d'Hugues de Moncade. — Valence était la capitale des Edetani; les Romains en firent une colonie. Les Arabes la prirent en 715 : comprise d'abord dans le califat de Cordoue, elle devint, lors du démembrement de ce califat (1031), la capit. d'un petit royaume. Elle fut enlevée aux Maures en 1094 par le Cid, mais fut reprise par eux après la mort du héros (1102), malgré l'héroïque résistance de Chimène, sa veuve; fut conquise définitivement par Jacques I, roi d'Aragon, en 1238, puis réunie à la Castille avec la couronne d'Aragon. Il était resté beaucoup de Maures à Valence et dans le roy. de ce nom après la conquête ; le nombre s'en accrut encore après la chute du roy. de Grenade (1492); leur industrie et leur habileté en agriculture enrichirent beaucoup le pays : aussi les Valençais s'opposèrent-ils tant qu'ils purent au bannissement des Maures qui eut lieu sous Philippe II et III. Valence est la 1re ville d'Espagne où l'on ait imprimé. Le maréchal Suchet s'empara de cette ville en 1812.

VALENCE (Royaume de), anc. division de l'Espagne, entre la Catalogne au N., l'Aragon et la Nouv.-Castille à l'O., le roy. de Murcie au S. et la Méditerranée à l'E., comprenait les prov. actuelles de Valence, Alicante et Castellon-de-la-Plana, et avait pour capit. Valence. C'est une des plus délicieuses contrées de l'Europe : climat chaud, mais sain, sol fertile, fruits exquis, surtout les oranges qui s'exportent en grande quantité ; vins excellents, kermès, riz, sparterie, etc. ; agriculture bien entendue. Grand commerce, industrie florissante. — Ce pays, habité jadis par les Edetani, et compris par les Romains dans l'Espagne Tarraconaise, fut conquis par les Goths, puis par les Maures (715), appartint aux califes de Cordoue, et forma quelque temps (1031-1094) un petit royaume à part qui eut pour capit. Valence et qui suivit le sort de cette ville. Quoique, sous la domination espagnole, ce ne fût plus qu'une province, on continua de dire Royaume de Valence; cette prov. fut longtemps gouvernée par un vice-roi et conserva sa législation particulière jusqu'en 1707. Auj., elle forme, avec Murcie, la capitainerie générale de Valence-et-Murcie, qui comprend 5 intendances civiles : Valence, Alicante, Castellon, Murcie, Albacète. — L'intend. de Valence, entre l'Aragon au N., la Vieille-Castille à l'O., les prov. d'Albacète et d'Alicante au S., et la Méditerranée à l'E., a 500 000 hab.; ch.-l., Valence.

VALENCE, Julia Valentia, v. de France, ch.-l. du dép. de la Drôme, sur la r. g. du Rhône, à 561 kil. S. E. de Paris par la route, à 617 k. par le chemin de fer; 18 711 hab. Évêché, église calviniste; trib. de 1re inst. et de commerce, école d'artillerie, collège, école normale, biblioth., musée, jardin botanique. Citadelle, belle cathédrale en style roman-byzantin (où se voit le mausolée de Pie VI); palais épiscopal, pont suspendu, belle promenade du Château des Fleurs, statue de Championnet. Gants, toiles peintes, filature de soie. Commerce de vins du Rhône, eau-de-vie, fruits, huile, laines, peaux. — Valence était la capit. des Segalauni. Elle devint de bonne heure colonie romaine et fit partie de la 1re Viennaise. Soumise par les Bourguignons, puis par les Francs, elle fit successivement partie des royaumes de Bourgogne et d'Arles, des comtés de Provence et de Toulouse, fut ensuite gouvernée par ses évêques, qui furent continuellement en guerre avec les comtes de Valentinois, fut réunie au Dauphiné avec le Valentinois, puis à la France avec le Dauphiné. Il s'est tenu 3 conciles particuliers à Valence (374, 584, 855). L'Université de Grenoble y fut transférée en 1454 par Louis XI : c'est là qu'enseigna Cujas; c'est là aussi que siégea la Chambre ardente qui condamna Mandrin, en 1755. Patrie de Pluvinel, de Français (dit de Nantes), de Championnet.

VALENCE, ch.-l. de c. (Gers), à 9 kil. S. de Condom, sur la Bayse: 1642 hab. — Ch.-l. de c. (Tarn), à 25 kil. N. E. d'Alby ; 1303 hab. Bois de charpente.

VALENCE, ch.-l. de c. (Tarn-et-Garonne), à 16 kil. O. de Moissac; 3539 hab. Plumes d'oie, toiles.

VALENCE (Alexandre TIMBRONE, comte de), général français, né en 1757 à Agen, d'une famille ancienne de Guyenne, m. en 1820, était colonel des dragons de Chartres en 1789. Il adopta les principes de la Révolution, servit sous Luckner et Dumouriez, commanda la réserve à Valmy, prit Charleroi et Namur, fut blessé à Nerwinde, fit défection avec Dumouriez, rentra en France sous le consulat (1801), commanda une division de cavalerie en Espagne, en Allemagne, en Russie, défendit la Franche-Comté en 1814, et fut en 1815 un des commissaires qui négocièrent un armistice après le désastre de Waterloo. Sénateur sous l'Empire, il devint pair de France en 1819. Il était gendre de Mme de Genlis.

VALENCIA, v. du Vénézuela, ch.-l. de la prov. de Carabobo, près d'un lac de son nom et à 30 K. S. S. E. de Puerto-Caballo ; 16 000 hab. Entrepôt de commerce entre Caracas et Porto-Bello. On cultive aux environs l'indigo et le coton. — Fondée en 1555. Elle eut beaucoup à souffrir dans la guerre de l'Indépendance; elle fut incendiée en 1814.

VALENCIANA, v. du Mexique (Guanaxuato), au milieu des Andes, près de Guanaxuato; 4000 hab. Immenses mines d'argent exploitées depuis 1768 par Obrégon (depuis comte de Valenciana), auj. envahies en partie par les eaux; de 1771 à 1804, elles avaient produit près de 500 millions de francs.

VALENCIENNES, Valentianæ, ch.-l. d'arr. (Nord), au confluent de l'Escaut et de la Ronelle, à 52 kil. S. E. de Lille par la route, à 68 k. par chemin de fer; 24 966 h. Place de guerre de 1re classe, avec direction d'artillerie, trib. de 1re inst. et de commerce; collège, musée, bibliothèque; académie de peinture; société philharmonique. On remarque la citadelle, œuvre de Vauban, la place d'Armes, l'hôtel de ville, l'arsenal, la salle de spectacle, la statue de Froissart (érigée en 1856). Batistes, linons, gazes, mérinos, calicots, percales, dentelles renommées, dites valenciennes, bonneterie, imprimeries sur étoffes diverses, tissus métalliques, huiles, amidon, sucre de betteraves, forges et hauts fourneaux. Grand commerce. Patrie de Froissart, de Mlle Duchesnois, des peintres Watteau et Pater. Aux environs, mines d'Anzin. On célèbre dans cette ville depuis 1825 une fête dite des Incas, brillante mascarade de bourgeois portant le costume des anciens Péruviens; on y voit figurer d'ordinaire le grand Huascar, ainsi que Christophe Colomb, Cortez, Pizarre. — Cette ville, en 842, échut à Lothaire, et par suite passa à l'empire d'Allemagne. Elle était au moyen âge la capit. du Hainaut et jouissait de grands privilèges communaux. Vainement assiégée par Marguerite de Hainaut en 1254, par Louis XI en 1477, par Turenne en 1656, elle fut prise par Louis XIV en 1677 et lui fut cédée par le traité de Nimègue (1678). Prise par les Autrichiens en 1793, elle fut reprise par les Français dès 1794.

VALENCIENNES (H.), peintre de paysage et d'histoire, né à Toulouse en 1750, m. en 1819. Parmi ses œuvres on distingue : Cicéron découvrant le tombeau d'Archimède, au Louvre. Il a laissé un Traité estimé de perspective et de l'art du paysage (1800 et 1820).