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conquête du monde, lui laissa le gouvernement des déserts à l'E. de l’Égypte ; mais Typhon convoita l’Égypte même, et il l'eût envahie si Djom (ou Hercule) ne l'eût repoussé par ordre d'Isis. Après le retour d'Osiris, il trouva moyen de faire entrer ce prince dans un coffre, l'y enferma et le fit ainsi périr, puis il abandonna le cadavre au cours du Nil. Lorsque Isis eut recueilli ces tristes restes et les eut placés dans un cercueil, Typhon attenta au sépulcre et dispersa par tout le Delta le cadavre dépecé en 14 lambeaux. Le fils d'Osiris, Orus, devenu grand, vainquit Typhon et le fil périr. L'hippopotame, l'âne, le verrat, le crocodile, le scorpion lui étaient consacrés. Il avait souvent, auprès des grands temples consacrés aux dieux bons, de simples chapelles, dites chapelles noires ou Typhonia. On l'honorait surtout à Héracléopolis la Petite, appelée de là Typhonopolis.

TYR, auj. Sor ou Sour, nom commun à deux villes de Phénicie, l'une sur la côte, au S. de Sidon, l'autre dans une île voisine. La 1re fut fondée vers 1900 av. J.-C, et détruite en 572 par Nabuchodonosor. La 2e fut bâtie par les Tyriens échappés au sac de leur ville et qui s'étaient réfugiés dans l'île : elle est comme la continuation de la première. Tyr avait deux ports, l'un au N., vers Sidon, l'autre au S., regardant l'Égypte; ses murailles étaient très-fortes; le détroit qui la séparait du continent, et qui était large d'env. 3 kil., la rendait presque inexpugnable. Longtemps elle forma un État à part, qui était le plus riche de la Phénicie; elle brillait principalement par sa marine : on la nommait la Reine des mers. Son commerce s'étendait jusque dans l'Atlantique. La pourpre de Tyr n'avait point de rivale au monde. Gadès, Carthage, Utique étaient des colonies tyriennes. Son gouvernement était monarchique (sauf de 572 à 554 av. J.-C); on connaît surtout parmi ses rois Hiram, qui fournit à Salomon des cèdres et lui envoya des ouvriers pour la construction du temple de Jérusalem; Ithobal I, père de Jézabel, femme d'Achab ; le cruel Pygmalion, dont la sœur Didon, forcée de fuir, alla fonder Carthage; Elylée, qui défendit victorieusement Tyr contre Salmanazar, roi d'Assyrie, et Ithobal II, sous lequel eut lieu la prise de l'ancienne Tyr par Nabuchodonosor II, après un siège de 13 ans (572). Le luxe et la corruption de cette ville égalaient ses richesses. Son culte tenait de ceux de la Phénicie : Melkart (dit l’Hercule de Tyr), Astarté (ou Vénus), Thammouz (ou Adonis) étaient ses divinités principales. — La Nouv. Tyr fut prise en 332 par Alexandre après un siège de 7 mois, et en joignant l'île au continent par une digue gigantesque. Quelques années plus tard, elle subit encore un siège de 14 mois contre Antigone, père de Démétrius Poliorcète. Depuis elle suivit le sort de la Syrie. L'an 125 av. J.-C., les Tyriens obtinrent des rois de Syrie l'autorisation de se gouverner par leurs propres lois : de cette époque date une ère usitée en Syrie et dite Ère de Tyr. Cette ville finit par tomber avec le reste de la Syrie sous le joug des Romains, puis elle passa sous celui des Arabes, et enfin des Turcs (1517). Elle avait été prise par les Croisés en 1124; elle fut prise par les Français en 1799. La Tyr actuelle compte à peine 2000 hab. ; son port est tout ensablé.

TYRANNION, grammairien, natif du Pont. Lucullus le fit prisonnier et esclave; mais Muréna, son 2e maître, l'affranchit. Il devint l'ami dé Cicéron, ouvrit une école dans la maison de ce grand homme, acquit par ses leçons de grandes richesses et les employa à former une belle bibliothèque. C'est lui qui le premier publia les ouvrages d'Aristote à Rome.

TYRAS, rivière de Sarmatie, est auj. le Dniester.

TYRNAU, v. de Hongrie (Presbourg), à 40kil. N. E. de Presbourg; 8000 hab. Cour d'appel; jadis université, transférée à Bude en 1777; hôtel d'invalides. Nombre de monastères, d'où le nom de Petite-Rome. Grand commerce de vins : la ville possède une vaste tonne, rivale de celle d'Heidelberg. Patrie de Sambucus. Victoire des Impériaux sur les Hongrois en 1705.

TYRO, fille de Salmonée, roi d'Élis, fut aimée de Neptune qui la séduisit en prenant la figure du fleuve Énipée, et qui la rendit mère de Pélias et de Nélée (père de Nestor). Mariée depuis à Créthée, roi d'Iolchos, elle en eut Éson.

TYROL, partie orientale de la Rhétie des anciens, contrée et grand gouvt de la monarchie autrichienne, borné au N. par la Bavière, à l'O. par les.Grisons, à l'E. par l'Illyrie et le cercle de Salzbourg, au S. par le roy. Lombard-Vénitien : env. 230 kil. en tous sens; 950 000 hab. (dont env. le tiers Italiens); ch.-l., Inspruck. Divisé d'abord en 7 cercles (Ht et Bas-Innthal, Pusterthal, Adige, Trente, Roveredo, Vorarlberg), il n'en compte plus auj. que 4 : Inspruck, Brixen, Trente, Vorarlberg. Le Tyrol tire son nom du château de Tyrol ou Terioli, sur l'Adige, à 2 kil. de Méran. Il est traversé par de très-hautes montagnes (Alpes rhétiques), et est fort analogue à la Suisse : l'Adige, l'Eisach, la Brenta, la Drave, le Lech y prennent leur source. Air froid et très-vif; sol peu fertile, sauf au S.; agriculture bien entendue : grains, vin, houblon, bétail, abeilles, vers à soie; on élève beaucoup d'oiseaux (les serins du Tyrol s'exportent par toute l'Europe). Riches mines de fer, argent, plomb, houille, alun, marbre, albâtre; sources minérales et thermales. Industrie assez médiocre. Les Tyroliens sont forts, agiles, simples, attachés aux usages de leurs ancêtres et très-religieux : presque tous sont catholiques. Ils sont excellents tireurs, habiles musiciens et surtout bons chanteurs. Les Tyroliens allemands émigrent au printemps pour revenir chez eux passer l'hiver; les Tyroliens italiens partent vers l'hiver et reviennent l'été. — L'anc. Rhétie, après avoir appartenu aux Goths, aux Lombards, aux ducs de Bavière Agilolfings, puis à l'empire carlovingien et ensuite au royaume de Germanie, fut séparée en deux parties quand Boson fonda le roy.d'Arles : 1° la Rhétie occid. (depuis pays des Grisons) , fut comprise dans le roy. d'Arles; 2° la Rhétie orientale, qui n'est autre que le Tyrol actuel, resta au roy. de Germanie. Nombre de seigneuries se formèrent dans cette dernière, entre autres les comtés de Goritz, Eppan, Ulten, Andechs, Méran et celui de Tyrol, alors un des moindres, mais dont les propriétaires étaient de la maison de Goritz. En 1359, Marguerite à la Grande Bouche, héritière de cette maison, céda le Tyrol et ses prétentions sur les autres propriétés de Goritz à la maison d'Autriche, qui n'a cessé de le posséder depuis. Le Tyrol fut souvent donné en apanage à des princes de la maison d'Autriche. Une des branches de cette maison, après la mort de Maximilien II, prit le nom de branche de Tyrol ; cette branche arriva à l'empire en 1618, dans la personne de Ferdinand II, et ne cessa qu'avec Charles VI. Envahi et conquis au commencement de ce siècle par les armes françaises et bavaroises, le Tyrol fut un moment réuni à la Bavière, 1805. Il éclata dans ce pays, en 1809 contre la nouvelle domination une insurrection dirigée par André Hofer, qui fut bientôt comprimée (V. HOFER). Le Tyrol a été rendu à l'Autriche en 1814. Il s'insurgea en 1848 contre cette puissance, mais fut promptement réduit par le feld-maréchal Radetzky.

TYRONE, comté d'Irlande (Ulster) , entre ceux de Loudonderry au N., d'Antrim à l'E., de Monaghan et de Fermanagh au S,, de Donegal à l'O., compte 315 000 hab. et a pour ch.-l. Omagh. Les O'Neill, anciens rois de l'Irlande, s'étaient mis à la tête de ce pays dans la rébellion de 1597.

TYRREL (John), l'assassin des enfants d'Édouard. V. RICHARD III.

TYRREL (James), historien, né à Londres en 1642, m. en 1718, fut de son temps le champion des idées libérales : il combattit le Patriarche de Filmer, favorisa la révolution de 1688, et composa dans ce but des Dialogues politiques, qui eurent une grande vogue. Il fit paraître, de 1700 à 1704, une Histoire générale de l’Angleterre, qui s'arrête à la fin de Ri-