Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P3 - Q-Z.djvu/350

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
TURL - 1916 - TURQ

sanes de Bactriane et de Sogdiane. Ce pays fut dans la suite conquis par Alexandre, par les rois grecs de la Bactriane, les Parthes, le 2e empire persan, les Arabes, les Tartares ou Mongols de Gengiskhan et de Tamerlan. LesRussesont depuis le commencement de ce siècle étendu leur domination sur une grande partie du Turkestan, qu’ils possèdent auj. presque en entier : ils ont pris Khiva en 1854, Khokand et Tachkend en 1866, et ont une tlotte sur le lac Aral.

TURKESTAN ou TARAZ, v. du Turkestan indépendant (khanat de Khokand), à 340 k. N. N. O. de Khokand, appartenait aux Kirghiz avant 1798 ; de 1798 à 1814, elle a été au khan de Tachkend ; elle appartient depuis au Khokand. C’est la ville sainte des Kazaks mahométans, qui y vont en pèlerinage.

TURLUPIN, nom de théâtre adopté par H. Legrand, acteur comique du théâtre de l’hôtel de Bourgogne, qui était en vogue au XVIe s. (1583-1634). Il avait d’abord joué sur les tréteaux, avec ses compères Gros-Guillaume et Gauthier-Garguille, des farces qui prirent de lui le nom de turlupinades. Techener a publié les Joyeusetés de G. Garguille, Turlupin, etc., Paris, 1829.

TURLUPINS, hérétiques du XIVe s., analogues aux Bégards, et répandus principalement dans les Pays-Bas et le nord de la France, enseignaient que l’homme, parvenu à un certain état de perfection, est exempt de tout péché. En conséquence ils allaient nus, et se livraient publiquement aux excès les plus honteux. Ces hérétiques, qui paraissent issus des Vaudois du Dauphiné, furent excommuniés par Grégoire XI en 1372, et bientôt détruits par les ordres de Charles V, roi de France. Ils appelaient eux-mêmes leur association la Fraternité des pauvres.

TURNACUM, nom latin de Tournay.

TURNÈBE (Adrien), savant philologue, dont le vrai nom était Tournebœuf, né aux Andelys en 1512, m. en 1505, professa les humanités à Toulouse, la langue grecque, puis la philosophie grecque et latine au Collège de France, dirigea l’imprimerie royale pour les livres grecs (1552-56), forma H. Estienne, eut pour amis tous les hommes supérieurs de son temps, et laissa un grand nombre de commentaires et de traductions estimés ; on les a recueillis sous le titre d’Adversaria, Paris, 1564, et de Turnebi opera, Strasb., 1600. Il a surtout travaillé sur Cicéron, Varron, Horace, Pline l’Ancien, Eschyle, Sophocle ; il a trad. des traités d’Aristote, de Théophraste, de Plutarque, d’Arrien, d’Oppien, de Philon le Juif.

TURNER (Sharon), historien, né à Londres en 1768, m. en 1847, était solicitor ou avoué. Outre des articles dans le Quarterly-review, il publia : Histoire des Anglo-Saxons, 1799, ouvrage fait sur les sources ; Histoire de l’Angleterre au moyen âge, 1814-23, qu’il continua plus tard jusqu’à la mort d’Élisabeth, 1826-29 ; Histoire sacrée du monde, 1836-39 ; et un poème de Richard III. Comme prosateur, il compte parmi les bons écrivains de l’Angleterre.

TURNER (W.), peintre, né à Londres en 1775, m. en 1851, se fit d’abord connaître par des dessins et des aquarelles, devint en 1802 membre de l’Académie royale de peinture et exposa pendant un demi-siècle plus de 200 tableaux. On remarque dans le nombre la Chute de Carthage, son chef-d’œuvre ; le Palais de Caligula, l’Incendie du Panthéon d’Oxford, le Naufrage ; la Grêle, la Pluie et la Vitesse (marche d’un train de chemin de fer pendant une nuit d’orage). Le mérite de cet artiste est surtout d’être constamment fidèle à la nature.

TURNHOUT, v. de Belgique (Anvers), à 40 k. N. E. d’Anvers, dans la Campine ; 6000 hab. Toiles, siamoises, coutils, dentelles, tapis, etc. — Fondée en 1209 par Henri, duc de Brabant ; donnée en 1545 par Charles-Quint à Marie de Hongrie, gouvernante des Pays-Bas ; elle passa ensuite à la maison d’Orange, puis fut vendue à la Prusse. Maurice de Nassau défit les Espagnols à Turnhout en 1597 ; les Brabançons insurgés y battirent les Autrichiens en 1789.

TURNUS, roi des Rutules, fils de Daunus et de Vénilie, allait épouser Lavinie lorsque Latinus lui préféra Énée, à peine arrivé de la veille en Italie. Turnus arma contre son rival, et, secouru d’une partie des Latins et par le roi d’Étrurie Mézonce, fit la guerre aux Troyens ; mais il fut battu et périt de la main d’Énée dans un combat singulier. Turnus est le véritable héros des six derniers chants de l’Énéide.

TURONES, peuple de la Gaulé (Lyonnaise 3e), au S. E., limitrophe de la Lyonnaise 4e et de l’Aquitaine 2e, avait pour ch.-l. Turones ou Cæsarodunum (auj. Tours) et habitait le dép. actuel d’Indre-et-Loire.

TURPIN (J.), TULPIN ou TILPIN, moine de St-Denis, puis archevêque de Reims (753), assista au concile de Rome en 769 et fut, selon Trithème, le secrétaire, l’ami et le compagnon d’armes de Charlemagne. Ami des lettres, il fit copier beaucoup de livres. On conjecture qu’il mourut vers 800 ; Il passe à tort pour l’auteur du livre De vita Caroli Magni et Rolandi connu sous le nom de Chronique de l’archevêque Turpin. Édité pour la 1re fois en 1566 à Francfort-sur-le-Mein, dans le recueil de Schard, ce livre a été publié depuis par Ciampi, Florence, 1822, par Reiffenberg, Paris, 1836, et par Francisque Michel, 1863 ; il a été trad. en franc, dès le XIIe s. et plus récemment par Robert Gaguin (1527) : c’est une compilation romanesque, presque sans valeur historique ; elle doit surtout sa célébrité à l’Arioste, qui feint de la suivre dans ses récits. Selon Génin, le faux Turpin aurait vécu à la fin du IXe s. et ne serait autre que Gui de Bourgogne (Calixte II) ; selon d’autres, ce serait un moine de St-André de Vienne (en Dauphiné), qui aurait vécu au XIe s.

TURPIN (Fr. H.), professeur au collége de Caen, né à Caen en 1709, mort en 1799, a laissé une Histoire universelle, 1770-78 ; la France illustre ou le Plutarque français, 1775-85 ; les Vies de Louis II de Bourbon, de Charles et de César de Choiseul (qui forment les tom. XXIV, XXV, XXVIII des Hommes illustres de d’Auvigny), et une Vie de Mahomet.

TURPIN DE CRISSÉ (Lancelot, comte), tacticien, né en 1710, m. en 1799, était lieutenant général en 1780 et fut nommé en 1781 gouverneur du fort de Scarpe à Douai. Il a laissé plusieurs ouvrages estimés : Essai sur l’art de la guerre, Paris, 1754 ; Commentaires sur les Mémoires de Montecuculli, 1769 ; — sur les Institutions de Végèce, 1770, et une trad. des Commentaires de César, avec des notes historiques, critiques et militaires, 1785.

TURPIN (J. Franç.), botaniste et habile dessinateur, né en 1775 à Viré, mort en 1840, alla à St-Domingue comme pharmacien en chef, et explora l’île entière. De retour en France, il eut part à la rédaction de la Flore médicale, de la Flore parisienne, fut admis à l’Académie des sciences, en 1833, et rédigea pour cette compagnie, d’intéressants mémoires sur les parties délicates de l’organisation des végétaux.

TURQUIE ou EMPIRE OTTOMAN, un des plus vastes États du globe, se compose de deux parties, la Turquie d’Europe et la T. d’Asie, auxquelles on peut joindre, en Europe, les principautés tributaires de Servie, Valachie, Moldavie, Monténégro ; en Asie, l’Arabie ; en Afrique, l’Égypte et les régences de Tunis et de Tripoli, qui en sont tributaires. Borné au N. par la Russie et la mer Noire, à l’O. par les États autrichiens et la mer Adriatique, au S. par la Grèce, la Méditerranée et l’isthme de Suez, à l’E. par la Perse, ce vaste empire s’étend de 13° à 46° long. E., de 25° à 48° lat. N. ; il embrasse les contrées les plus célèbres et les plus florissantes de l’antiquité : sa population, si on y comprend les pays tributaires, s’élève à près de 36 millions d’individus, dont 15 en Europe et le reste en Asie ou en Afrique : les Turcs sont au nombre d’env. 12 000 000 ; le reste se compose de Slaves, Grecs, Juifs, Arméniens, Syriens, Arabes, Francs, etc. ; la capitale est Constantinople. Toutes les possessions turques en Asie et en Europe se partagent en gouvts dits pachaliks ou eyalets, gouver-