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TUNJA, v. de la Nouv.-Grenade, ch.-l. de prov., sur une hauteur, à 97 kil. N. N. E. de Bogota; 7000 h. Université, collège. Tissage de laine et de coton; fabriques de tabac. Ville jadis considérable, et capit. d'un État important. C'est aux environs que Bolivar remporta sur les Espagnols la victoire décisive de Boyaca. — La prov. de Tunja, située vers le S. O., compte env. 24 000 hab.

TUNNEL, passage souterrain sous la Tamise. V. TUNNEL dans notre Dict. univ. des Sciences.

TURBIE (la), vge des Alpes maritimes, à 12 kil. N. E. de Nice, sur une haute mont. qui domine Monaco et d'où l'on aperçoit la Corse et l'Apennin.

TURBIGO, bg du Milanais, sur la r. g. du Tessin, à quelques kil. N. N. E. de Magenta. C'est là que Napoléon III passa le Tessin, repoussant les Autrichiens, qui s'opposaient à son passage (3 juin 1859).

TURCKHEIM, jadis Turingheim, ch.-l. de cant. (Ht-Rhin), sur le Kecht, au pied des Vosges, à 6 k. O. de Colmar; 2946 hab. Vin estimé. — C'est une des 3 villes impériales qui formaient la seigneurie de Kaisersberg. Turenne y battit les Impériaux commandés par l'électeur de Brandebourg (1675).

TURCOING, v. de France. V. TOURCOING.

TURCOMANS, grande race de la famille turque, est répandue dans le Turkestan, la Perse, le roy. d'Hérat, le Kaboul, la Russie caucasienne et l'Asie ottomane; toutefois, elle n'est pas la seule qui occupe ces pays, et dans les 3 premiers seulement elle est la race dominante. On appelle spécialement Pays des Turcomans la partie comprise entre la mer Caspienne, le lac Aral et le Khanat de Khiva.

TURCS, peuple asiatique formant une grande famille de la race indo-germanique, a longtemps habité presque exclusivement le Turkestan indépendant et les régions situées au N. de la Chine. Ils vinrent au Xe s. se fixer en Perse et dans l'Asie-Mineure, entraînant à leur suite des peuplades alliées ou soumises, avec lesquelles on les a souvent confondus (V. TARTARES). Les Turcs formèrent dans les pays conquis de nombreuses dynasties, dont les plus célèbres sont celles des Gaznévides, des Seldjoucides et des Ottomans (V. ces noms). La famille turque a donné naissance à un grand nombre de races, dont plusieurs ont disparu, entre autres les Khazars, les Hoéikes, les Ouigours (d'où sortirent les Hongrois). Parmi les races turques qui existent encore se distinguent : 1° les Ottomans, les plus civilisés de tous, qui dominent dans la Turquie d'Europe et la Turquie d'Asie; 2° les Turcomans, dans le Turkestan, la Perse, le Caboul ; 3° les Touraliens ou Tartares de Sibérie; 4° les Uzbeks, qui dominent dans le Turkestan ; 5° les Kirghiz (subdivisés en Bourouts et Kaïsaks) ; 6° les Yakoutes et les Tchouvaches.

TURDETANI, peuple de la Bétique, à l'E. de l'Anas, à l'O. des Bastuli, avait pour v. principale Gades. Le Bétis traversait leur pays, qui forme la partie S. O. de l'Andalousie. — Soumis par Carthage, puis par Scipion pendant la 2e guerre punique, les Turdetani participèrent à l'insurrection de 197, mais furent assujettis de nouveau par P. Manlius en 195.

TURDULI, peuple de la Bétique, sur les rives du Bétis, dans la moyenne partie de son cours, avait pour bornes au N. les Oretani, au S. les Turdetani. Ses villes principales étaient Astapa, Illiturgis, Corduba. Il occupait les prov. de Cordoue et Séville.

TURENNE, petite v. de l'anc. Limousin, auj. dans le dép. de la Corrèze, à 12 kil. S. E. de Brives-la-Gaillarde ; 2210 hab. Vieux château. Jadis ch.-l. d'une vicomte, située entre le Limousin et le Périgord, et qui comprenait, outre Turenne, Beaulieu, Brivezac, Estaillac, Arnac-Pompadour, Estivaux et Espagnac. Cette vicomté, qui remonte au IXe siècle, relevait des ducs de Guyenne, comtes de limoges, mais elle se maintint longtemps indépendante à la faveur des querelles des rois de France et d'Angleterre qui se disputaient la Guyenne. Elle ne fut définitivement réunie à la couronne que par Louis XV, qui l'acheta en 1736. Cette vicomté, après avoir appartenu à diverses maisons, fut acquise en 1350 par Guillaume Roger de Beaufort, puis elle passa en 1544 dans la maison de La Tour d'Auvergne, par le mariage d'Anne de Beaufort, vicomtesse et héritière de Turenne, avec Agne de La Tour d'Auvergne; c'est de cette dernière maison que sont sortis Henri de La Tour d'Auvergne, vicomte de Turenne et duc de Bouillon, et son fils, le célèbre Turenne.

TURENNE (H. DE LA TOUR D'AUVERGNE, vicomte de), maréchal de France, fils de H. de La Tour d'Auvergne, vicomte de Turenne et duc de Bouillon (V. BOUILLON), naquit à Sedan en 1611, d'une famille qui professait la religion réformée, servit 5 ans sous ses oncles Maurice et Henri de Nassau, puis fit la guerre en Lorraine et en Italie, reçut de Mazarin le bâton de maréchal en 1645 et remplaça Rantzau à l'armée du Rhin. Il recueillit les débris des troupes vaincues à Tudlingen, soutint avec Condé les efforts de Mercy (1644), fut battu à Mariendal (1645), mais opéra une belle retraite; vainquit à son tour à Nordlingen, se joignit à Wrangel dans la Hesse et remporta avec lui les vict. de Lavingen et de Sommershausen, qui hâtèrent la conclusion du traité de Westphalie (1648). Égaré par une folle passion pour la duchesse de Longueville, Turenne se jeta dans le parti de la Fronde après l'arrestation des princes (1650); il prit pour les Frondeurs quelques villes, Rethel, Château-Porcien, marcha sur Vincennes, mais sans pouvoir enlever les prisonniers, qui avaient été conduits ailleurs, et fut défait par le maréchal du Plessis-Praslin près de Rethel même (15 déc). Rentré dans le devoir dès l'année suivante, il sauva la cour en repoussant, à Bléneau, près de Gien, les Frondeurs, que commandait Condé (avril 1652), battit ce prince au faubourg St-Antoine (à Paris), et ouvrit au roi les portes de la capitale; il vainquit encore Condé à Arras (1654) et aux Dunes (1658), s'empara de Dunkerque, et hâta par ses victoires la signature du traité des Pyrénées. Il reçut en récompense le titre de maréchal général (1660). En 1667, il prit la Flandre en 3 mois; en 1672, il fit face, avec des forces très-inférieures, au prudent Montecuculli; marchant ensuite contre le parjure électeur de Brandebourg, il le vainquit à Sintzheim (1674), et punit le prince Palatin, son allié, en mettant à feu et à sang le Palatinat. Il eut bientôt à tenir tête à des armées d'Impériaux supérieures en nombre, fit une admirable retraite dans laquelle il se surpassa lui-même, gagna les deux victoires de Mulhausen et de Turckheim, rejeta ainsi l'ennemi à l'E. du Rhin (1675), puis attira Montecuculli sur un terrain de son choix, à Saltzbach; déjà il comptait le vaincre, quand il fut frappé d'un boulet (27 juillet). Le génie de Turenne a moins d'éclat que celui de Condé; ce grand capitaine a pourtant gagné autant ou même plus de batailles décisives, et il a réparé plus de graves échecs : c'était le premier tacticien de l'Europe; il préparait ses plans de longue main, sans rien donner au hasard ; en outre, il se faisait une loi d'épargner le sang des soldats. A ses talents militaires Turenne joignait toutes les qualités de l'homme privé, la bonté, la modestie, le désintéressement. Né dans la religion protestante, il fut converti au Catholicisme par Bossuet, et abjura en 1668. La Vie de Turenne a été écrite par Sandras de Courtilz, par Raguenet, et par Ramsay. Mascaron et Fléchier prononcèrent son oraison funèbre. Il a laissé des Mémoires (publiés en 1782 par Grimoard, 2 vol. in-fol.). Sedan lui a élevé une statue.

TURGOT (Anne Robert Jacq.), baron de l'Aulne, ministre et économiste célèbre, né en 1727 à Paris, m. en 1781, était fils d’Étienne Turgot, prévôt des marchands sous Louis XV, à qui Paris doit d'importantes améliorations. Destiné d'abord à l'état ecclésiastique, et nommé en 1749 prieur de la Sorbonne, il prononça en cette qualité un discours remarquable sur les progrès du genre humain, qui annonçait la direction de ses idées. Il rentra en 1752