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barbaresques, s'étend le long de la Méditerranée de 10° à 22° long. E. et de 27° à 33° lat. N., entre l’Égypte à l'E., l'État de Tunis à l'O., le désert, le Fezzan et les Touaregs au S. : 1500 kil. de l'O. à l'E., de 175 à 750 du N. au S.; env. 1 000 000 d'hab. (Maures, Arabes, Kabyles, Turcs, nègres, Juifs, Francs); capit., Tripoli. Le pays est divisé en 3 prov. : Tripoli, Mesurata, Barca. Montagnes peu élevées, faibles cours d'eau; beaucoup de plaines arides et sablonneuses; climat brûlant et inhospitalier, air vicié par le sirocco. Dattes magnifiques et autres beaux fruits, vins, olives, safran, coton, garance renommée, caroube, cassob, etc. Chevaux et mulets vigoureux. Hyènes, chakals, lions. Grains d'or dans les sables; soufre, gypse, pierre à bâtir, sel, potasse en abondance. Tapis fort beaux, camelots, jarres de terre, huile de castor. Le gouvt est despotique et héréditaire; le chef est un pacha qui reçoit l'investiture de la Porte. Les sciences et les lettres y sont très-peu répandues; cependant l'arabe de Tripoli passe pour le plus pur qui se parle dans les États barbaresques. — Le territoire de la Régence, la Tripolitaine des anciens, fut d'abord partagé entre Carthage et Cyrène, puis il fit partie de l'Afrique romaine (diocèse d'Afrique sous Honorius). Les Vandales possédèrent momentanément ce pays (après 439). En 534, il retomba au pouvoir des Grecs (sous Justinien). Les Arabes s'en emparèrent vers 670. Il appartint ensuite successivement aux Aglabites, aux Fatimites d’Égypte, puis aux Zéirites. Ferdinand le Catholique s'empara de Tripoli au XVe s. et la transmit à Charles-Quint, qui l'abandonna aux Chevaliers de Malte; mais en 1551 Sinan et Dragut la reprirent et l'assujétirent, avec son territoire, à l'empire ottoman sous Soliman II. En 1714, Hamet-Bey, dit le Grand, alors pacha, secoua le joug de la Porte tout en restant tributaire : il rendit la dignité héréditaire dans sa famille, et fonda ainsi la dynastie des Karamaulis qui s'est toujours maintenue depuis au pouvoir.

TRIPOLI, jadis Œa, v. forte d'Afrique, capit. de la Régence de Tripoli, sur la Méditerranée, par 10° 51' long. E., 32° 53' lat. N., à 655 kil. S. E. de Tunis ; 25 000 h. Port petit, mais sûr; château, murailles, forts, batteries; rues sales; maisons mal bâties; toits plats. On remarque la maison du pacha, la grande mosquée, le bazar neuf et les restes d'un bel arc de triomphe en marbre. Commerce assez actif : on exporte séné, garance, soude, peaux crues et préparées, plumes d'autruche, poudre d'or; ivoire, dattes, etc.; on importe draps, épiceries, soieries, liqueurs, fer, quincaillerie, poudre, armes, bois de construction. Beaux jardins. Longtemps repaire de pirates, cette ville fut prise en 1510 par les Espagnols et bombardée par les Français en 1685. — Son nom lui vient de ce qu'elle était jadis la capitale de la Tripolitaine, ainsi nommée elle-même de ce qu'elle renfermait 3 villes principales : Sabrata, Œa, Leptis-la-Grande.

TRIPOLI, Tripolis chez les anciens, Trablos ou Tarabolos chez les Turcs, v. et port de Syrie, ch.-l. du livah de Tripoli, par 33° 31' long. E., 34° 26' lat. N., à 155 kil. N O. de Damas; 16 000 h., dont 7000 Grecs catholiques. Titre d'évêché in partibus. Belle ville; belle mosquée (jadis église St-Jean), plusieurs églises grecques, bazar, fontaines nombreuses. Beaux environs, surtout entre la ville et la mer. Rade peu sûre; climat insalubre. Commerce actif. Tripoli fut prise en 1109 par les Croisés, qui y brûlèrent une précieuse bibliothèque, et fut érigée en comté pour Raymond de Toulouse. — Le pachalik, entre ceux d'Alep au N., d'Acre au S. et la Méditerranée à l'O., a 220 kil. du S. au N. sur 116, et 315 000 hab. (Arabes, Grecs, Turcs, Druzes, Maronites, Arméniens, Juifs, Moutoualis). Il est sillonné par de hautes montagnes (Liban et Anti-Liban) et arrosé par de nombreux cours d'eau. — L'anc. Tripolis de Phénicie tirait son nom de ce qu'elle était composée de trois quartiers qui étaient dans l'origine trois villes distinctes, bâties l'une par les Tyriens, l'autre par les Sidoniens, et la 3e par des Aradiens.

TRIPOLIS, nom de plusieurs villes ou contrées anciennes. V. TRIPOLI et TRIPOLITZA.

TRIPOLITAINE. V. TRIPOLI (Régence de).

TRIPOLITZA, Tripolis, v. de l'État de Grèce, ch.-l. de la nomarchie d'Arcadie et de l'éparchie de Mantinée, presque au centre de la Morée; 7500 hab. Elle fut ainsi nommée parce que les habitants des trois villes de Mantinée, Pallantium et Tégée se réunirent pour la bâtir. Capitale de la Morée sous les Turcs, et alors florissante, elle fut ravagée en 1779 par les Skipétars, prise et reprise pendant la guerre de l'indépendance, notamment par Méhémet-Ali (1825), et presque détruite.

TRIPTOLÈME, fils de Celée, roi d’Éleusis, qui avait donné l'hospitalité à Cérès, fut initié par cette déesse aux mystères de l'agriculture et parcourut la terre avec elle. Revenu en Attique, il enseigna l'agriculture à ses concitoyens, et institua les Thésmophories (fêtes de Cérès) et les mystères d’Éleusis.

TRIRÈME, galère à 3 rangs de rames. V. GALÈRE dans notre Dict. univ. des Sciences.

TRISMÉGISTE. V. HERMÈS et THOTH.

TRISPARADISUS, v. de Cœlésyrie, dans le Liban, où les généraux d'Alexandre firent, après la mort de Perdiccas (320), le 2e partage de l'empire macédonien.

TRISSIN (J. Georges TRISSINO, dit le), poëte italien, né à Vicence en 1478, m. en 1550, fut chargé par Léon X de diverses négociations à Venise, en Danemark, en Allemagne, jouit aussi de la faveur de Clément VII, mais eut dans sa vieillesse de graves et ruineux procès à soutenir, notamment contre un fils qu'il avait eu d'un premier lit. Ses principaux ouvrages sont l’Italie délivrée des Goths par Bélisaire, poëme épique fort médiocre, la comédie des Ménechmes, la tragédie de Sophonisbe (1515), outre des sonnets et des canzones. Ses Œuvres complètes ont été publiées à Vérone, 1729, 2 vol. petit in-fol. On ne les lit plus guère, et Trissin n'est bien connu que comme auteur de la première tragédie régulière et comme ayant été des premiers à employer les versi sciolti ou vers non rimés. Sa Sophonisbe a été plusieurs fois trad. en français et imitée par Marot, Corneille, Voltaire et Alfieri.

TRISTAN (Jean), 4e fils de S. Louis, né à Damiette en 1250, pendant la captivité de son père, prit son nom de cette malheureuse circonstance. Il devint comte de Nevers en 1266 par son mariage avec Yolande, qui avait reçu ce fief en dot de son père Eudes, duc de Bourgogne. Il mourut devant Tunis, 1270.

TRISTAN DE MONEINS. V. MONEINS.

TRISTAN (Nuno), navigateur portugais, fit quatre voyages à la côte d'Afrique (1440, 43, 46, 47), découvrit le cap Blanc dans le 1er, ramena des esclaves et de l'or dans le 2e et le 3e parvint au Rio-Grande dans le 4e, mais fut tué par les nègres à coups de flèches.

TRISTAN D'ACUNHA, navigat. portugais. V. ACUNHA.

TRISTAN L'ERMITE (Louis), dit le prévôt Tristan, né en Flandre au commencement du XVe s., combattit contre les Anglais sous Charles VII. Dunois le créa chevalier (1451) sur la brèche de Fronsac, où il avait fait preuve d'une rare bravoure. Louis XI l'attacha à sa personne comme grand prévôt de son hôtel. Il devint l'exécuteur des vengeances de ce prince, qui vivait avec lui dans une intime familiarité et qui l'appelait son compère. Il mourut fort âgé et laissa de grands biens.

TRISTAN L'ERMITE (Pierre), poëte, né en 1601 au château de Soliers (Marche), m. en 1655, était gentilhomme de Gaston, duc d'Orléans, et se vantait de descendre du compère de Louis XI. Il travailla pour le théâtre, y obtint de grands succès et fut admis en 1649 à l'Académie française, quoique menant une vie fort déréglée. On a de lui : le Page disgracié, roman, 1643; des tragédies (Mariamne, Penthée, la Mort de Sénèque, etc.), qui ne sont pas sans valeur : ses contemporains l'opposaient à Corneille.