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du clergé, sur les biens du clergé, sur la rédaction des actes de l'état civil par l'autorité temporelle. Élu à la Convention par le dép. de Seine-et-Oise, il vota pour la mort du roi, fit partie du Comité de salut public, fut envoyé en mission dans la Gironde, et fut un des plénipotentiaires au congrès de Rastadt. Il devint membre du Directoire en 1798. Après le 18 brumaire, il entra au conseil d'État, prit part à la rédaction du Code civil et du Code criminel, ainsi qu'aux Codes de procédure et de commerce, puis fut nommé sénateur et comte de l'Empire.

TREISAM, riv. du grand-duché de Bade, sort de la Forêt-Noire, reçoit la Glotter, et tombe dans l'Elz à 7 kil. S. de Kenzingen; cours, 45 kil. — Elle donne son nom au cercle badois de Treisam-et-Wiesen, qui a pour ch.-l. Fribourg-en-Brisgau.

TRÉLAZÉ, vge du dép. de Maine-et-Loire, à 10 k. E. S. E. d'Angers; 3881 hab. Grandes ardoisières, d'où l'on tire annuellement plus de 120 millions d'ardoises. Station de chemin de fer.

TRÉLON, ch.-l. de c. (Nord), à 17 kil. S. E. d'Avesnes; 2435 h. Filature de laine, bonneterie; forges et hauts fourneaux; fabriques de bouteilles.

TRELOVOUNI (Mont), mont. de l'Attique, au S. E. d'Athènes, est l'anc. Hymette.

TREMBLAY (le P. Joseph du). V. JOSEPH (le P.)

TREMBLEURS. V. QUAKERS.

TREMBLEY (Abr.), grand naturaliste, né à Genève en 1700, m. en 1784, fit l'éducation des enfants du comte de Bentinck, résident anglais à La Haye, puis fut attaché comme gouverneur au jeune comte de Richmond, visita avec lui l'Allemagne et l'Italie, et se fixa enfin (1757) à Genève, où il devint membre du Grand-Conseil. Il était membre de la Société royale de Londres et correspondant de l'Académie des sciences de Paris. On lui doit, entre autres découvertes, la connaissance de l'histoire naturelle du polype à bras. On a de lui : Mémoire pour servir à l'histoire d'un genre de polypes d'eau douce à bras en forme de corne, 1744. Profondément religieux, Trembley a publié des Instructions d'un père à ses enfants sur la Nature et la Religion, Genève, 1775, et sur la Religion naturelle et révélée, 1779.

TREMECEN, v. d'Algérie. V. TLEMCEN.

TRÉMITHONTE, v. de l'île de Cypre, auj. Nicosie.

TREMITI (îles), Diomedeæ insulæ, îles de l'Adriatique, près de la côte E. de l'Italie mérid. (Capitanate), sont au nombre de 5 : San-Domenico (la plus grande de ces îles, qui a 8 k. de tour), San-Nicola, Caprara, Cretaccio et la Vecchia. Bons ports. Câpriers, lentisques, huile excellente. C'est dans une de ces îles que Tibère relégua Julie, petite-fille d'Auguste, qui y mourut après 20 ans d'exil.

TRENCK (François, baron de), chef de partisans, né en 1711 à Reggio, en Calabre, d'une riche famille de Slavonie, était d'une taille, d'une force et d'une bravoure remarquables, mais aussi d'une férocité extraordinaire. Il prit du service en Russie (1738), puis en Autriche (1740), et organisa à ses frais un régiment de pandours qu'il offrit à Marie-Thérèse ; obtint quelques succès contre les Bavarois et les Français, et pénétra jusqu'en Alsace; mais ayant, à la bataille de Sorr, livrée contre Frédéric II (1745), négligé de combattre afin de piller le camp des Prussiens, il fut condamné à une forte amende et mis en prison. Il réussit à s'évader et s'enfuit en Hollande; ayant été découvert et reconduit à Vienne, il s'empoisonna dans la citadelle de Brunn (1749). Le baron de Trenck exerça sur les villes ennemies et sur les soldats de son régiment de pandours des actes d'une cruauté inouïe. Il a laissé des Mémoires qui ont été publiés par son cousin, qui suit. — Frédéric, baron de Tr., cousin du préc., né en 1726 à Kœnigsberg, m. en 1784, servit d'abord dans l'armée prussienne. Doué de tous les avantages extérieurs, il fut aimé de là princesse Amélie, sœur de Frédéric II ; leur liaison ayant été découverte, le roi l'enferma dans une étroite prison (1745). Il parvint à s'évader, se réfugia à Moscou, où il se fit aimer d'une princesse russe ; puis à Vienne, où il recueillit l'héritage de son cousin, après avoir abjuré le Luthéranisme. Étant rentré en Prusse pour affaires de famille (1753), il tomba entre les mains de Frédéric, qui le retint pendant dix ans prisonnier à Magdebourg et le traita avec la plus révoltante inhumanité. Il vint en France au commencement de la Révolution, fut arrêté sous la Terreur comme émissaire secret du roi de Prusse, et périt sur l'échafaud en 1794, quoiqu'il se fût déclaré partisan du nouveau régime. Il a publié de nombreux écrits et des Mémoires sur sa vie, qui offrent un vif intérêt. Ils ont été traduits en français par lui-même, Paris, 1788-89, 3 vol. in-8 (le 3e contient les Mémoires de son oncle).

TRENEUIL (Joseph), poëte élégiaque, né à Cahors en 1763, m. en 1818, remporta trois prix aux jeux floraux, fut chargé de l'éducation d'un enfant de la famille Castellane, qu'il suivit en émigration, et devint sous l'empire conservateur de la bibliothèque de l'Arsenal. On a de lui des Élégies héroïques, où l'on trouve de nobles sentiments exprimés en beaux vers; ce sont : les Tombeaux de St-Denis, 1806 (pièce qui obtint en 1810 un des prix décennaux); l'Orpheline du Temple ; le Martyre de Louis XVI; la Captivité de Pie VI. Le recueil de ses Œuvres a paru en 1817 et en 1824, in-8.

TRENT, riv. d'Angleterre, prend sa source dans le comté de Stafford, coule au S., puis à l'E., arrose les comtés de Derby, de Nottingham, de Lincoln, et se joint à l'Ouse par la r. dr., sur la limite du comté d'York, pour former l'Humber. Cours, 270 k.

TRENTE, Tridentum, Civitas Tridentina chez les anciens, Trient en allemand , v. des États autrichiens, dans le Tyrol, ch.-l. de cercle, sur l'Adige, à 180 k. S. d'Innspruck; 15 000 hab. Évêché, trib., séminaire, gymnase. Quelques fortifications. Beaucoup de maisons en marbre; cathédrale, église de Ste-Marie-Majeure, palais épiscopal, château fort. Manufacture de tabac, moulins à soie. — Fondée, dit-on, par les Rasena ou Étrusques, Trente appartint dans la suite aux Gaulois Cénomans, aux Goths, aux Lombards, aux ducs de Bavière, puis devint ville libre et impériale, sous la suzeraineté de son évêque. L'évêché fut quelque temps fief immédiat de l'empire et eut la supériorité territoriale, mais en 1363, l’évêque céda ce droit moyennant d'importants privilèges; le territoire de l'évêché de Trente fut alors compris dans le Tyrol et par suite dans la monarchie autrichienne. Sécularisé en 1802, il fut réuni à la Bavière, puis entra dans le dép. italien du Ht-Adige, dont Trente fut le chef-lieu. — Cette ville est surtout célèbre par le concile qui s'y tint de 1545 à 1563. Ce concile, le 19e et dernier des conciles œcuméniques, avait été provoqué par les demandes des Protestants, qui toutefois récusèrent son autorité, même avant sa réunion; il fut interrompu à plusieurs reprises par l'effet de contestations survenues entre Charles-Quint et le pape et transféré momentanément à Bologne (1546). Il se prononça sur le sens de plusieurs dogmes de l'Église, lança l'anathème contre les dissidents, et fit d'utiles règlements pour la réforme des ecclésiastiques. Ses décisions en matière de foi furent reçues en France sans difficulté; mais plusieurs articles relatifs à la discipline furent repoussés par les parlements comme contraires aux usages reçus et aux libertés de l'Église gallicane. L’Hist. du Concile de Trente a été écrite, mais dans des sens opposés, par Sarpi et par Pallavicini. Bungener en a donné de nos jours une nouvelle histoire, Genève, 1854.

TRENTE (Combat des), célèbre défi porté en 1351 par Jean, sire de Beaumanoir, au châtelain anglais de Ploërmel. Trente Bretons et trente Anglais en vinrent aux mains au pied du chêne de Mi-Voie, entre Josselin et Ploërmel : huit Anglais furent tués, et les autres se rendirent. Dans l'ardeur du combat, le chef des Bretons, Beaumanoir, épuisé de chaleur et de fatigue, but le sang qui coulait de ses blessures.