Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P3 - Q-Z.djvu/326

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

TORRENTIUS (Lievin VAN DER BEKEN, dit), prélat belge, né à Gand en 1525, m, en 1595, fut évêque d'Anvers, archevêque de Malines et fonda par son testament le collége des Jésuites de Louvain. On lui doit des éditions avec commentaires de Suétone, Anvers, 1578, d’Horace, 1602, et quelques poésies latines, entre autres un poëme De partu Virginis.

TORRÈS (Détroit de), dans l'Océan équinoxial, entre la Papouasie et l'Australie, a 150 kil. de long. Il est parsemé d'îlots et de récifs, qui en rendent la navigation dangereuse; corail. Découvert en 1606 par le Portugais Luis de Torrès, dont il a reçu le nom.

TORRÈS-VÉDRAS, Arandis, v. murée du Portugal (Estramadure), à 45 k. N. de Lisbonne; 1200 h. Aqueduc. Wellington, forcé de battre en retraite devant les Français, y prit une position redoutable et y exécuta les fameuses Lignes de Torrès-Védras (1810).

TORRICELLI (Evangelista), physicien célèbre, né en 1608 à Faenza, m. en 1647, se fit de bonne heure remarquer par son goût pour les sciences, se lia avec Castelli, élève de Galilée, découvrit quelques propriétés de la cycloïde (découverte dont Roberval lui disputa la priorité), et inventa le baromètre en 1643. Il ferma les yeux à Galilée, et fut, après sa mort, nommé à sa place professeur de mathématiques à Florence. On a de lui divers ouvrages, réunis sous le titre d’Opera geometrica, Florence 1644, et une Lettre à Roberval sur la parabole, la cycloïde, etc. (dans les Mémoires de l'Académie des sciences).

TORRIGIANO (Pierre), sculpteur florentin, 1472-1522, exécuta des chefs-d'œuvre à Rome, en Angleterre, en Espagne; on admire surtout la Charité et l’Ecce homo de la cathédrale de Grenade. Ayant brisé de colère une statue de la Ste Vierge qu'on ne voulait lui payer que 30 ducats, il fut poursuivi par l'Inquisition d'Espagne comme sacrilège, et se laissa mourir de faim dans sa prison par crainte du bûcher.

TORSELLINO. V. TURSELIN.

TORSTENSON (Léonard, comte de), général suédois, 1595-1664, suivit Gustave-Adolphe en Livonie, puis en Allemagne (1630), donna partout des preuves de talent et d'intrépidité, fut pris au combat de Nuremberg, échangé après la bataille de Lutzen (1632), prit, à la mort de Banier, le commandement de l'armée suédoise (1642), remporta la victoire de Breitenfeld, envahit la Bohême et la Moravie (1643), fit une admirable retraite au fond du Holstein, déjoua le plan de Gallas, qui voulait l'y enfermer, enleva aux Danois, alliés de l'Autriche, le Slesvig et le Jutland, et anéantit l'armée impériale à Jankowitz (1645). Christine le fit comte et gouverneur de la Westrogothie. Son Éloge a été écrit par le roi Gustave III.

TORTOLA, une des îles Vierges, a 28 kil. sur 10, et 7000 hab.; ch.-l., Road-Town. Aux Anglais.

TORTONE, Dertona, v. forte de la Hte-Italie, dans les anc. États sardes, ch.-l. d'intendance, à 20 k. E. d'Alexandrie, sur la Scrivia; 11 000 hab. Évêché, trib., collége. (Cette ville eut jadis une université). Commerce de grains. On suppose cette ville fondée par Brennus. Ce fut sous les Romains une colonie florissante. Brûlée par Frédéric Barberousse, elle se releva, et s'érigea en république, mais elle finit par tomber sous la dépendance des ducs de Savoie. Elle fut prise par le marquis de Maillebois en 1734, par le duc de Modène en 1745, reprise par les Français en 1796 et 99, et devint, sous l'empire, un des ch.-l. d'arr. du dép. de Marengo. — L'intend. de Tortone, entre celles de Novare, de Voghera, de Gênes et d'Alexandrie, a 48 kil. sur 18, et 60 000 hab.

TORTOSE, Dertosa chez les Romains, Tortosa en espagnol, v. d'Espagne (Catalogne), dans la prov. de Tarragone, à 70 kil. S. E. de cette ville et 410 kil. N. E. de Madrid, sur la r. g. de l'Èbre; 16 000 hab. Évêché, anc. université. Port sur l'Èbre, 6 châteaux forts, cathédrale gothique, palais épiscopal. Grand commerce de poisson (une digue construite dans l'Èbre empêche le poisson de remonter et monopolise ainsi la pêche au profit de Tortose). Aux env. jaspe, salines, fer, plomb, mercure, calamine, nouille, alun, soude; 600 sources. — C'était une ville municipale sous les Romains. Prise par les Goths, puis par les Maures, elle fut enlevée à ceux-ci par le comte de Barcelone en 1141. Elle a été prise par les Français en 1649 et 1811.

TORTOSE, Orthosia, Antaradus, v. de Syrie, sur la mer, à 62 kil. N. de Tripoli. Murs taillés dans le roc.

TORTUE, machine de guerre des anciens. V. ce mot dans notre Dict. univ. des Sciences.

TORTUE (la), île de l'archipel des Antilles, sur la côte N. O. d'Haïti, dont elle n'est séparée que par un étroit canal, a 32 kil. sur 9, et 5000 hab.; ch.-l., Tayona. Longtemps possédée par les Flibustiers, elle fut le 1er établissement français à St-Domingue.

TORY, TORYS. V. TORIES.

TOSCANE, Tuscia et Etruria chez les anciens, région de l'Italie centrale, par 7° 56'-9° 58' long. E., 42° 20'-44° 14' lat. N., a pour bornes au N. le Modenais, au S. le territoire romain, à l'O. la Méditerranée; env. 200 kil. sur 160; 1 900 000 hab.; capit., Florence; autres villes importantes : Pise, Arezzo, Sienne. Montagnes au centre et à l'E. (Apennins) ; nombreuses rivières (Ombrone, Arno, Tibre, etc.); canaux, plusieurs lacs; le long de la côte, de Piombino à Orbitello, se trouvent les marais insalubres appelés les Maremmes. Climat varié, mais généralement très-doux. Sol très-fertile et bien cultivé : grains, légumes, fruits du midi et belles fleurs, qui ont valu à ce pays le surnom de Jardin de l'Italie; bons vins, huile, pâte d'Italie; bétail, moutons et mulets superbes, etc. Mercure, cinabre, alun, vitriol, soufre, houille, sel, marbres estimés, surtout ceux de Carrare. Industrie assez active; pêche de thons et de sardines; grand commerce. L'instruction est très-répandue : trois universités (Florence, Pise, Sienne) : beaucoup d'académies et de sociétés savantes. Le dialecte toscan est l'italien le plus pur. — La nom de Toscane vient de Tusci, ancien nom des Étrusques (pour l'histoire primitive de ce pays, V. ÉTRURIE). Au IVe s. de J.-C., l'anc. Étrurie devint, sous le nom de Tuscie, une province du diocèse d'Italie, et plus tard du diocèse de Rome. Sous la domination lombarde, elle forma plusieurs duchés, dont le plus important fut celui de Spolète. Après Charlemagne, la Tuscie devint un margraviat ou marquisat indépendant (qui subsista de 828 à 1115). Au Xe s., les marquis de Tuscie jouissaient de beaucoup d'influence à Rome, et avaient une part essentielle à la nomination des papes. La grande-comtesse Mathilde, en qui finit la maison des marquis de Tuscie, ayant légué une grande partie de ses domaines au St-Siége, les papes finirent par posséder la Tuscie méridionale; le reste prit peu à peu le nom de Toscane. Bientôt les villes de cette contrée, Pise, Florence, Sienne, Lucques, Pistoie, etc.), devinrent de riches et puissantes républiques. Pise en était la 1re au XIe et XIIe siècles ; mais au XIIIe elle fut dominée par Florence, qui la soumit en 1405, et ajouta à ses conquêtes Pistoie (1301), Volterre (1361), Arezzo (1384). En 1407, il ne restait plus en Toscane que trois États indépendants, Florence, Lucques, Sienne : Florence (où les Médicis dominèrent depuis 1421) était de beaucoup le plus puissant. L'invasion de Charles VIII (1494) chassa momentanément de Florence les Médicis, et fit révolter Pise contre sa rivale. Pise ne fut soumise qu'en 1509, et les Médicis ne rentrèrent à Florence qu'en 1513. En 1531 fut érigé par Charles-Quint, en faveur d'Alexandre-Médicis, le duché de Florence ou de Toscane, qui en 1569 prit le titre de grand-duché. Enfin Sienne, prise par Charles-Quint en 1555, fut en 1557 donnée par Philippe II à Cosme de Médicis (en échange de Piombino). A l'extinction des Médicis (1737), le grand-duché fut donné à la maison de Lorraine, qui bientôt après devint nouvelle maison d'Autriche, et qui en conserva néanmoins la possession. En 1790 il forma un État particulier, régi par une ligne cadette de la maison de Lorraine-Autriche.