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tenu le parti de Pompée, et se vit livrer par son propre fils, qui suivait le parti, opposé.

TORBAY, baie et port d’Angleterre (Devonshire), dans la Manche. Rendez-vous des forces militaires de l’Angleterre. C’est là que Guillaume débarqua en 1688.

TORCY (J. B. COLBERT, marquis de), neveu du grand Colbert, fils de Colbert de Croissy, et gendre du marquis de Pomponne, 1665-1746, fut chargé par Louis XIV de missions en Portugal, en Danemark, en Angleterre, fut après son père secrétaire d’État pour les affaires étrangères, contribua à l’heureuse conclusion du traité d’Utrecht (1713), et fit partie du conseil de régence pendant la minorité de Louis XV. Voltaire en fait un grand éloge comme diplomate. Il a laissé des Mémoires, publiés en 1756, qui sont précieux pour l’histoire depuis le traité de Ryswick jusqu’à la paix d’Utrecht.

TORDENSKIOLD (Jean WESSEL, dit), amiral danois, né en 1691 à Drontheim, m. en 1720, avait d’abord été apprenti barbier. Entré en 1704 à l’école de navigation de Copenhague, il se distingua si bien comme cadet qu’on lui confia un bâtiment corsaire et ensuite une frégate avec le titre de lieutenant. Des actes d’une intrépidité héroïque le firent nommer successivement capitaine, adjudant général, commandant en chef des armements, enfin vice-amiral (1718) ; il n’avait alors que 27 ans. Entre autres faits remarquables, Tordenskiold avait pris en 1716 dans le port de Dinelika toute l’escadre suédoise (12 bâtiments de guerre et 21 de transport) ; en 1719, il prit Marstrand et la citadelle de Carlsten. Il fut tué en duel à Hanovre. Son surnom de Tordenskiold, qui signifie Foudre-Bouclier, lui avait été donné par le roi qui, en le lui conférant, lui adressa ces mots : « Vous êtes la foudre qui écrase les Suédois et le bouclier qui couvre la marine de mon royaume. »

TORDESILLAS, Turris Sillæ, v. d’Espagne (Valladolid), à 35 kil. S. O. de Valladolid, sur une élévation et près du Duero ; 4000 h. Patrie d’Avillaneda, continuateur du Don Quichotte. Jeanne la Folle et Éléonore Tellez moururent dans cette ville. Il y fut conclu en 1495 un traité qui, modifiant la ligne de partage tracée en 1493 par le pape Alexandre VI, la porta 270 lieues plus à l’O. : le Portugal et l’Espagne convenaient que tout pays découvert plus à l’occident que 370 lieues à l’O. des Açores serait à l’Espagne, et que tout pays plus à l’E. serait au Portugal.

TORDESILLAS (Ant. de), historien. V. HERRERA.

TORELLI (GUIDO), d’une famille qui, de 1118 à 1310, eut la souveraineté de Ferrare, mais qui finit par la céder à la maison d’Este, servit le duc de Milan J. Marie Visconti, puis la reine de Naples Jeanne II, entra dans Naples et dans Gaëte, et délivra la reine ; revint ensuite commander les troupes milanaises, battit Carmagnole en 1431, réconcilia François Sforce avec Philippe Marie Visconti, fut fait gouverneur de la Valteline, du Brescian et du Bergamasque, et mourut en 1449 comblé d’honneurs et de richesses.

TORELLI (Lélio), en latin Taurellus, jurisconsulte, né en 1489 à Fano, m. en 1576, fut podestat de Fossombrone et 1er magistrat de Fano, chassa de cette ville Scanderbeg Comnène, qui en avait reçu la souveraineté du Saint-Siége, reçut néanmoins de Clément VII le gouvernement de Bénévent et finit par s’établir à Florence, où Cosme I le nomma successivement auditeur de la Rote, podestat, chancelier, 1er secrétaire du grand-duc. Il fut aussi l’un des chefs de l’Académie florentine. On lui doit la magnifique édition des Pandectes florentines, Flor., 1553, 3 vol. in-fol., publiées sur le manuscrit trouvé en 1137 à la prise d’Amalfi et conservé à Florence.

TORENO (le comte JOSÉ de), homme d’État, né en 1786 à Oviédo (Asturies), d’une des plus nobles familles du pays, mort en 1843, prit part à l’insurrection de 1808 ; fut élu en 1811 député aux Cortès, quoiqu’il n’eût pas l’âge requis ; donna dans cette assemblée l’exemple de renoncer aux droits féodaux, provoqua l’abolition de l’inquisition et la suppression des ordres religieux ; se vit après le retour de Ferdinand VII obligé de quitter l’Espagne, y rentra à la faveur de la révolution, de 1820, siégea de nouveau dans les Cortès, fut proscrit une 2e fois en 1823, après le rétablissement du pouvoir absolu de Ferdinand, vint résider à Paris, et consacra ses loisirs à écrire l’Histoire du soulèvement, de la guerre et de la révolution d’Espagne, ouvrage capital. Rentré dans son pays à la faveur de l’amnistie de 1833, il se prononça, après la mort du roi, en faveur de la reine Isabelle ; fut nommé en 1834 ministre des finances, et bientôt après président du conseil avec le portefeuille des affaires extérieures : il reconnut la dette étrangère, supprima les Jésuites et limita le pouvoir des municipalités. Se voyant débordé par le parti exalté, il se retira (1835). Son Hist. du soulèvement de l’Espagne a été traduite par L. Viardot, 1834.

TORFÆUS (Thormodur TORFESEN, en latin), savant danois, né en 1640 dans un îlot voisin de l’Islande, m. en 1719, fut nommé en 1660 par le roi de Danemark Frédéric III interprète pour les antiquités islandaises, eut mission d’aller recueillir des manuscrits en Islande, et reçut à son retour le titre d’historiographe des deux roy. de Danemark et d’Islande. On lui doit plusieurs ouvrages qui sont des sources précieuses pour l’histoire : Series dynastarum et regum Daniæ a Skioldio ad Gormum, Copenhague, 1702 ; Hist. Vinlandiæ, 1705 ; Trifolium historicum, seu de Tribus potentissimis Daniæ regibus, 1707 ; Hist. rerum norvegicarum, 1711 ; Orcades, seu rerum orcadicarum historia, 1715.

TORFOU, brg de Maine-et-Loire, à 25 k. S. O. de Beaupréau ; 2027 h. Il s’y livra le 19 septembre 1793 un combat sanglant entre les Républicains, commandés par Kléber, et les Vendéens, commandés par Charette et Bonchamps.

TORGAU, v. forte des États prussiens (Saxe), sur l’Elbe, à 79 kil. N. E. de Mersebourg ; 9000 hab. Château fort. Grandes fabriques de drap et casimir, bas, toile, chapeaux. Tombeau de Catherine Bore (femme de Luther). - Les Réformés conclurent une ligue à Torgau ; ils y rédigèrent en 1574 une célèbre confession de foi dans le but d’établir entre eux la concorde. Frédéric II gagna près de cette ville une victoire sur les Autrichiens en 1760.

TORGOUTS, peuple mongol soumis à la Chine dep. 1770, habite la Zoungarie et le Khoukhounoor.

TORIBIO (S.), archevêque de Lima, fut à la fois ordonné prêtre et sacré évêque, en 1581, à la demande du roi d’Espagne Philippe II, quoiqu’il fût laïque et n’eût rempli jusque-là que des fonctions administratives. Comme Las Casas, il se dévoua au soulagement des Indiens, en convertit un grand nombre par la persuasion, et créa partout chez eux des églises, des séminaires, des hospices. Il mourut en 1606. Il fut canonisé en 1726 : on le fête le 23 mars.

TORIES (au singulier Tory), nom donné en Angleterre au parti le plus éloigné des principes démocratiques, et opposé aux Whigs. Ce parti est en général très-attaché à la royauté, a l’épiscopat anglican, aux intérêts de la grande propriété, et s’intitule par excellence le parti conservateur. Le mot tory parait être dérivé de l’irlandais toree (donne-moi), terme qu’emploient les voleurs en Irlande en abordant les passants. On l’appliqua d’abord par mépris à quelques royalistes irlandais qui, vers 1648, avaient voulu se révolter contre le Parlement ; puis on s’habitua à l’étendre à tous les royalistes ; avec le temps ce mot perdit ce que son acception primitive avait d’offensant, et a fut accepté même par les membres du parti conservateur.

TORIGNY (Manche). V. THORIGNY.

TORMÈS, riv. d’Espagne, sort de la Sierra de Gredos, dans la prov. d’Avila, court au N., puis à l’O., passe à Alba de Tormès, et tombe dans le Duero à 22 kil. S. O. de Miranda, après un cours de 200 kil.

TORNA, v. de Hongrie, ch.-l. de comitat, à 300 k. N. E. de Bude ; 2000 h. - Le comitat, dans le cer-