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Il reçoit plusieurs rivières et n’a aucun écoulement apparent. Au centre du lac est une île de même nom où les traditions péruviennes placent la résidence de Manco-Capac, et où l’on voit les ruines d’un temple du Soleil. Les indigènes disent que les Incas jetèrent leurs trésors dans ce lac à l’arrivée des Espagnols.

TITIEN (Tiziano VECELLI, dit LE), célèbre peintre vénitien, né vers 1477 à Pieve di Cadore, mort en 1576, fut élève de Séb. Zuccato, de Gentil Bellini, de Giorgione, mais s’éleva bientôt au-dessus de ses maîtres, et reçut du sénat de Venise le titre de premier peintre de la République. Alphonse d’Este l’employa à décorer son palais de Castello. Le Titien visita ensuite diverses villes d’Italie, et fut partout admiré ; il résista aux efforts que fit Léon X pour le fixer à Rome ; François I ne réussit pas mieux à l’attirer en France. Ce grand peintre voua ses talents à Charles-Quint, qui déjà l’avait comblé de dons et d’honneurs : de 1545 à 1556, il exécuta pour ce prince une foule de tableaux magnifiques. Il en fit beaucoup encore pour Philippe II, bien qu’il fût âgé de près de 80 ans lors de l’avénement de ce prince. Il mourut de la peste à Venise à 99 ans. Le Titien est sans contredit le premier des coloristes ; les tableaux qu’il composa à 70 et même à 80 ans attestent une fraîcheur d’imagination vraiment inconcevable ; mais, comme dessinateur, il est loin de la perfection. Le Titien est le vrai chef de l’école vénitienne. Parmi ses élèves, Horace Vecelli, son fils, le Véronèse, le Tintoret, sont les plus célèbres. La fécondité de ce peintre ne fut pas moins prodigieuse que son génie : le cabinet des estampes du Louvre possède 850 gravures faites d’après le Titien ; mais il en existe encore d’autres, et il est certain que beaucoup de ses ouvrages ont péri en Espagne. Ses chefs-d’œuvre sont : les Bacchanales (à Ferrare), le Triomphe de l’Amour (Ferrare), le Triomphe de Judith (Venise),’l’Assomption (Venise), les tableaux allégoriques de la Religion et de la Ste Trinité recevant la famille impériale au ciel (pour Charles-Quint), Diane et Actéon, la Flagellation, la Ste Cène, etc. Le Louvre possède 18 tableaux de cet artiste, entre autres les Pèlerins d’Emmaüs, le Christ au roseau, S. Jérôme dans le désert, la Vierge, dite à l’enfant, et la Vierge au lapin, le célèbre tableau appelé à tort le Titien et sa maîtresse, qui représente Alphonse, duc de Ferrare, et Laura de Dianti, enfin plusieurs portraits, entre autres celui de François I.

TITIUS (Gottlieb Gérard), jurisconsulte, né à Nordhausen en 1664, m. en 1714, fut nommé en 1709 professeur de droit à l’Université de Leipsick, en 1710 conseiller au tribural de Dresde, et en 1713 assesseur au tribunal de Leipsick. Il introduisit dans l’enseignement du droit une méthode plus philosophique, et rédigea de savants ouvrages, entre autres : Specimen juris publici Romano-Germanici, Leips., 1698 ; Droit féodal germanique (en allemand), 1699 ; Observations sur Puffendorf (en lat., 1703).

TITIUS (J. Daniel), professeur de mathématiques et de physique à Wittemberg, 1729-97, avait composé plusieurs savants ouvrages qui périrent en 1766, lors du siége de Wittemberg. C’est lui qui trouva la loi approximative des distances des planètes au soleil et qui en tira le premier cette conséquence qu’il devait y avoir une planète entre Mars et Jupiter.

TITLIS (Le Mont), mont de Suisse, sur les confins des cantons d’Uri, Berne et Unterwald : 3606m. Il est couvert d’une couche de glace de 60m d’épaisseur.

TITON DU TILLET (Évrard), conseiller au parlement de Paris, né en 1677, m. en 1762, se fit un nom par son zèle pour les lettres, fit frapper à ses frais une suite de médailles représentant les poëtes et les artistes du règne de Louis XIV, et fit exécuter en leur honneur le petit monument en bronze connu sous le nom de Parnasse français, qu’on voit encore à la Biblioth. impériale (décrit en 3 vol. in-f., 1732-60).

TITTERIE, anc. beylick de la régence d’Alger, entre ceux d’Alger au N., de Mascara à l’O., de Constantine à l’E., et le Zab au S. E. Médéah, Milianah, Sidi-Hamza en étaient les lieux principaux. Au S. se trouve le mont de Titterie et un lac du même nom. Soumis par les Français en 1842, ce pays fait auj. partie de la prov. d’Alger.

TITUS, T. Flavius Sabinus Vespasianus, fils aîné et successeur de Vespasien, né en 40, avait été tribun légionnaire en Germanie et dans la Grande-Bretagne, puis questeur, lorsqu’en 66 il suivit son père en Judée ; il prit Jotapat (où commandait l’historien Josèphe), Joppé, Tarichée, Giscale, et fut laissé en Orient par Vespasien, lorsque ce dernier, proclamé empereur par ses troupes, se rendit en Italie (69). Titus poussa la guerre plus activement et l’acheva par la prise de Jérusalem et du temple (8 sept. 70). De retour à Rome, il fut associé à l’administration de l’empire, cumula la censure, le tribunal, et fut 7 fois consul. Parvenu à l’empire en 79, il bannit et flétrit les délateurs, donna d’immenses secours aux victimes de l’éruption du Vésuve (79), de la peste et de l’incendie de Rome, fléaux qui se succédèrent coup sur coup, et montra l’intention d’être le bienfaiteur de l’univers ; mais il n’eut pas le temps d’exécuter tout le bien qu’il projetait. Il mourut en 81, après 27 mois de règne, empoisonné peut-être par Domitien, son frère, qui lui succéda. Pendant sa campagne de Judée, Titus s’était épris de Bérénice, princesse juive d’une beauté remarquable ; mais, quand il fut sur le trône, il s’en sépara (V. BÉRÉNICE). Titus est surtout célèbre par sa bienfaisance ; il mérita d’être appelé les Délices du genre humain. Ayant passé une journée sans répandre de bienfaits, il dit avec douleur : « Mes amis, j’ai perdu ma journée. »

TITYE, géant célèbre, voulut attenter à la pudeur de Latone, et fut tué à coups de flèches par les enfants de la déesse, Apollon et Diane, puis condamné à servir de pâture dans le Tartare à un vautour qui lui ronge éternellement les entrailles. Le corps de ce géant couvrait, disait-on, sept arpents.

TIVOLI, Tibur, v. des États de l’Église (comarque de Rome), ch.-l. de district, à 26 k. E. de Rome, sur une colline et sur la r. g. du Teverone (Anio), qui y forme plusieurs cascades ; env. 7000 hab. Évêché. Aspect délicieux et pittoresque. Belle cathédrale, couvent de St-Antoine (sur l’emplacement de la villa d’Horace) ; nombre d’antiquités : grotte de Neptune, temple de Vesta et de la Sibylle, restes de la villa de Mécène, etc. À 4 kil. de là sont les bains de Tivoli.

TLALPAN, ou San-Agostina de las Cuevas, v. nouvelle du Mexique, dans l’État de Mexico, dont elle a été quelque temps la capitale ; env. 6000 hab.

TLASCALA (Puebla), c.-à-d. Terre du grain, v. du Mexique, à 35 kil. S. de Puebla, sur la Naspa, était très-florissante et très-peuplée avant l’arrivée des Espagnols et compta jusqu’à 300 000 hab. ; auj. elle est réduite à 4000. C’était la capitale d’un État gouverné par un cacique ennemi de celui de Mexico.

TLEMCEN ou TREMECEN, v. d’Algérie (prov. d’Oran), ch.-l. de subdiv. militaire, à 116 k. S. O. d’Oran et à 48 kil. de la mer ; env. 13 000 hab. Puissante forteresse (Méchouar). Fabriques d’armes, d’ouvrages en fer, de maroquins ; moulins à huile et à farine ; pépinières. Aux env., beaux jardins plantés d’arbres fruitiers. Tlemcen était jadis beaucoup plus importante ; elle a été longtemps, sous le nom de Djidda, la capitale d’un État arabe, fondé par les Zénètes, qui comprenait, outre Tlemcen, les villes de Ned-Roma, Djigelli, Marsalquivir, Oran, Mazagran, Arzew, Mostaganem. Au VIIIe s., Edris, calife du Maghreb et fondateur de l’empire de Maroc, régnait à Tlemcen ; cette ville passa ensuite, sous la domination des Zérites (vers 980), puis sous celle des Almoravides et des Almohades. En 1248, Yagmourezen-ben-Zian s’empara de Tlemcen, s’y rendit indépendant, et y fonda la dynastie des Zianides, qui prirent le titre de califes. Soumise un instant au Maroc (1312 et 1336), Tlemcen reconquit promptement sa liberté, et la conserva jusqu’au XVIe s. En