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prit la place de Carrik-Fergus; il ramenait la garnison captive en France, quand il fut attaqué par trois frégates anglaises (20 janv. 1760); il périt glorieusement dans le combat.

THUROT (J. Franç.), helléniste, né en 1768 à Issoudun, m. en 1832, fut depuis 1811 professeur-adjoint de philosophie à la Faculté de Paris, où il suppléa Laromiguière, puis professeur de grec au collége de France (1824). On a de lui des traductions estimées de l’Hermès ou Grammaire universelle de Harris (1798); de la Morale et de la Politique d'Aristote (1823), ainsi que de divers Dialogues de Platon, et un traité de l'Entendement et de la Raison (1830).

THURY. V. HÉRICART et HARCOURT.

THYADES, de thyein, immoler, nom qu'on donnait quelquefois aux Bacchantes, parce que dans leurs transports elles massacraient souvent ceux qui s’offraient à leurs regards. (V. AGAVÉ, PENTHÉE.)

THYATIRE, auj. Ak-Hissar, v. de Lydie, au N., près de la Mysie, sur le Lycus, fut une des premières villes qui comptèrent des chrétiens. S. Paul a écrit une épître aux fidèles de Thyatire.

THYESTE, fils de Pélops et d'Hippodamie, et frère puîné d'Atrée, roi d'Argos, séduisit sa belle-sœur Europe et en eut plusieurs enfants. Atrée ayant découvert leur commerce adultère, Thyeste s'enfuit en Épire. Cependant il revint bientôt en Argolide à la prière d'Atrée, qui feignit de se réconcilier avec lui; mais, dans le festin qui signalait leur réconciliation, Atrée fit manger à Thyeste les chairs des fils dont Europe l'avait rendu père, puis il lui révéla tout. Thyeste éleva pour la vengeance Égisthe, fils né d'un commerce incestueux qu'il avait eu avec Pélopée, et, quand ce fils fut devenu grand, il l'envoya sous un faux nom auprès d'Atrée, qu'il ne tarda point à mettre à mort. Thyeste alors occupa le trône d'Argos; mais Agamemnon et Ménélas l'en chassèrent, et il alla mourir dans l'île de Cythère.

THYMBRÉE, Thymbrium, lieu de la Phrygie, au S. E. d'Ipsus, où Crésus fut battu par Cyrus (548 av. J.-C). — V. de Troade, où Apollon avait un temple célèbre, ce qui le fait appeler Thymbræus : c'est dans ce temple qu'Achille fut tué par Pâris.

THYNES, peuple thrace, qui s'établit en Asie-Mineure et donna son nom à la Bithynie. V. BITHYNIE.

THYRÉE, v. du Péloponèse, sur les confins de l'Argolide et de la Laconie, près de la côte, appartint d'abord aux Argiens, et leur fut enlevée par les Lacédémoniens en 544 av. J.-C. Ruines importantes.

THYRSE, javelot entouré de feuilles de vigne et de lierre, que portaient Bacchus, et les Bacchantes.

TIARE, espèce de mitre. V. ce mot dans notre Dict. univ. des Sciences.

TIBALDO, peintre. V. PELLEGRINI.

TIBBOUS, peuple barbare répandu dans le Sahara oriental et le Fezzan. Ils sont très-sauvages, vivent sous des huttes de terre et pillent les caravanes.

TIBÈRE, Tiberius Claudius Nero, 2e empereur romain, né en 42 av. J.-C., eut pour père Tiberius Nero et pour mère Livie, qui divorça pour épouser Octave. Encore jeune, il se distingua dans les guerres contre les Cantabres et contre les Germains, battit les Pannoniens révoltés (12), et, après la mort de son frère Drusus (9), acheva la défaite des Germains (8); il reçut à son retour le consulat et la puissance tribunitienne pour cinq ans (6). Son ambition et l'antipathie qu'il montrait pour les deux fils aînés d'Agrippa et de Julie (Caïus et Lucius), dans lesquels il voyait des rivaux dangereux, le firent exiler à Rhodes, où il passa six ans. Rappelé à Rome en l'an 2 de J.-C., il y tint le rang de simple particulier; mais, après la mort de Lucius et de Caïus (2 et 3), Auguste, qui déjà lui avait fait épouser Julie, sa fille, l'adopta en lui faisant adopter à lui-même Germanicus, fils de Drusus, et le décora de nouveau de la puissance tribunitienne; enfin il le désigna pour son héritier l'an 13. A la mort d'Auguste (14), Tibère feignit de résister aux instances du sénat, qui lui déférait le Titre d'empereur, et voulut paraître ne prendre ce titre que malgré lui et pour un temps. Il ne tarda pas néanmoins à mettre à mort Posthume, le seul des fils d'Agrippa qui vécût encore ; bientôt après, Germanicus, qui avait excité sa jalousie parce qu'il était aimé de l'armée, expira en Syrie, empoisonné par Pison, qui n'était que son instrument (19). S'abandonnant de plus en plus librement à son caractère défiant et sanguinaire, Tibère, secondé par son favori Séjan, préfet des cohortes prétoriennes, encouragea les délations, multiplia les crimes de lèse-majesté, et fit tomber les têtes les plus illustres : un fils aîné de Germanicus périt; Agrippine, femme de ce héros, fut exilée ; Livie elle-même, à qui l'empereur devait tout, lui devint insupportable. Devenu vieux, Tibère, soit pour échapper à la haine des Romains, soit pour se livrer plus facilement à ses vices, quitta Rome pour fixer son séjour dans l'île de Caprée (26) : c'est de là qu'il gouvernait l'empire et qu'il envoyait à Rome ses ordres homicides. Pendant qu'il s'endormait dans le repos et la débauche, peu s'en fallut que Séjan, à qui il laissait presque toute l'autorité, ne le supplantât : averti à temps du complot, Tibère déjoua les projets du perfide ministre, le fit arrêter en plein sénat et mettre à mort, en 31. Lui-même, il mourut en 37 : le préfet Macron, qui s'était empressé de proclamer Caligula, l'étouffa au moment où il semblait revenir à la vie. Tibère, justement flétri par Tacite dans ses Annales, est resté le type d'un tyran cruel et soupçonneux ; toutefois ce prince ne manquait pas de talent pour le gouvernement : il fit fleurir la paix, l'ordre, la justice dans les provinces, maintint la discipline dans l'armée, et administra bien les finances; on trouva dans son trésor 2700 millions de sesterces (env. 550 millions de francs). Ce prince avait cultivé la littérature : il laissa quelques poëmes tant grecs que latins, et des Mémoires fort courts, qui étaient la lecture favorite de Domitien ; ces ouvrages sont perdus.


TIBÈRE II ou TIBÈRE CONSTANTIN, empereur d'Orient (578-582), avait été capitaine des gardes de Justin II; ce prince le désigna pour son successeur sur le conseil de sa femme Sophie, qui espérait devenir plus tard femme de Tibère. Déçue dans cet espoir, elle conspira; Tibère fut clément à son égard et se contenta de l'empêcher de lui nuire. Il continua la guerre contre les Perses avec des succès variés, et tenta, mais vainement, de conclure la paix avec eux; il repoussa les Avares. On pouvait espérer de lui un règne glorieux et utile à l'empire, lorsqu'il mourut, après avoir occupé le trône 4 ans seulement.

TIBÈRE III, ABSIMARE, emp. d'Orient (698-705), détrôna Léonce à l'aide du patrice Jean, et voulut mettre à mort Justinien II, sur qui Léonce avait usurpé ; mais ce prince s'échappa de sa prison, et, avec l'appui des Bulgares, rentra dans Constantinople, où il fit trancher la tête à Tibère.

TIBÉRIADE, Tiberias, auj. Tabarieh, v. de Galilée (jadis dans la tribu de Zabulon), au S. E., sur la côte O. du lac de Tibériade, fut fondée l'an 17 de J.-C. par Hérode Antipas en l'honneur de Tibère. Après la ruine de Jérusalem (70), les docteurs juifs y établirent une académie célèbre, qui rédigea la Mischna. Sous Constantin, cette v. fut érigée en évêché. En 1187, Saladin y remporta sur Guy de Lusignan, roi de Jérusalem, une victoire qui fit tomber Jérusalem en son pouvoir. — Le lac de Tibériade, dit aussi de Génésareth, s'étendait entre la tribu de Nephtali à l'O. et la demi-tribu orient. de Manassé à l'E., et était traversé du N. au S. par le Jourdain. Il avait env. 23 kil. de long sur 5 de large. C'est autour de ce lac que J.-C. fit la plupart de ses miracles.

TIBET. V. THIBET.

TIBISCUS. V. THEISS et TÉMESWAR.

TIBRE (le), Tiberis, en italien Tevere, fleuve célèbre d'Italie, naît dans les Apennins, en Toscane, à 9 k. N. de Pieve-san-Stefano. coulé généralement au S., ar-