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libérale, il fit paraître en 1820, dans le Courrier français, ses Lettres sur l'Histoire de France, où il développait des idées neuves qui devaient régénérer l'histoire nationale; il donna en 1821 son Histoire de la conquête de l'Angleterre par les Normands, ouvrage fait sur les sources originales et qui marqua une nouvelle ère pour l'histoire : on y trouvait en effet, avec des révélations inattendues sur la lutte des deux races anglo-saxonne et normande, une couleur locale d'une vérité saisissante et des formes dramatiques qui donnaient au récit un vif intérêt. Frappé de cécité par suite de travaux trop assidus, il n'en continua pas moins à se livrer à l'étude avec l'aide de personnes intelligentes et dévouées, et put même composer plusieurs ouvrages nouveaux : Récits mérovingiens (1840) ; Monuments de l'histoire du Tiers état (1849-56); Hist. de la formation et des progrès du Tiers état (1853). A. Thierry avait été nommé en 1830 membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres. Depuis 1840 jusqu'à sa mort, l'Académie française lui décerna le prix Gobert. A la patience et à l'érudition d'un bénédictin, cet historien unissait l'art d'un grand écrivain et l'imagination d'un poète : Chateaubriand voyait en lui l’Homère de l'histoire. Furne et Didier ont publié ses Œuvres complètes (1846-47, 8 v. in-18). M. Guigniaut a lu en 1862 à l'Académie des inscriptions une Notice historique sur A. Thierry, où il a parfaitement apprécié ses écrits et son caractère. — M. Amédée Thierry, son frère cadet (1797-1873), membre de l'Acad. des sciences morales et politiques, s'est aussi fait un nom par de grands travaux historiques: Histoire de la Gaule sous l'administration romaine; Histoire des Gaulois depuis les temps les plus reculés; Hist. d'Attila, etc.

THIERS, ch.-l. d'arr. (Puy-de-Dôme), à 44 kil. N. E. de Clermont-Ferrand, sur le penchant d'une montagne; 15 901 hab. Trib. de 1re inst. et de commerce; collége. Quincaillerie, coutellerie, papeteries (qui fournissent une grande partie du papier timbré). Ville jadis forte, et ch.-l. d'un comté qui était l'un des plus grands fiefs de l'Auvergne. Elle donna son nom à une branche de la maison d'Auvergne.

THIERS (J. B.), savant théologien, né à Chartres en 1636, m. en 1703, fut curé de Champrond (diocèse de Chartres), puis de Vibraye (diocèse du Mans). On a de lui des traités de l'Exposition du St-Sacrement, 1673 ; des Superstitions selon l'Écriture sainte, 1679; des Jeux et Divertissements permis, 1686; l’Avocat des Pauvres, 1676, et une curieuse Hist. des perruques, 1690. Son Traité des Superstitions fut mis à l'index à Rome.

THIERSCH (Fréd. Guill.), érudit, né en 1784 près de Fribourg sur l'Unstrutt (Saxe prussienne), m. en 1860, fut nommé en 1809 professeur de littérature classique à Munich, fonda dans cette ville en 1812 un Institut philologique; visita la Grèce après son affranchissement et y prépara l'élection d'un roi bavarois; publia à son retour l’État actuel de la Grèce et les moyens d'arriver à sa restauration (1833); écrivit aussi sur les Écoles savantes (1826-37), et fit triompher un plan qui unissait les études professionnelles aux études classiques. On lui doit plusieurs ouvrages estimés : Grammaire grecque pour les classes, Grammaire pour le dialecte d'Homère, une édition de Pindare, avec traduction allemande (1820), et les Époques de la sculpture chez les Grecs. Fréd. Thiersch était conseiller intime de Bavière, membre de l'Acad. de Munich et correspondant de l'Institut.

THIMERAIS, Theodomirensis pagus, partie de l'anc. Perche , avait pour ch.-l. Châteauneuf-en-Thimerais. Il fait auj. partie du dép. d'Eure-et-Loir.

THIONVILLE, Theodonis villa, v. d'Alsace-Lorraine (du dép. de la Moselle jusqu'en 1871), sur la r. g. de la Moselle, à 25 kil. N. de Metz; 7818 hab. Place de guerre de 3e classe, collége, jardin botanique, soc. d'agricult.; chemin de fer. Bonneterie, colle forte, tanneries, brasseries. — Thionville date des rois de la 1re race, qui y eurent un palais. Charlemagne y convoqua en 806 une assemblée où il régla le partage de ses États entre ses fils. Cette ville passa successivement aux comtes de Luxembourg, aux ducs de Bourgogne, à la maison d'Autriche, aux rois d'Espagne. Prise d'assaut en 1558 par Guise, elle fut rendue l'année suivante ; vainement assiégée par Feuquières en 1639, elle fut prise de nouveau en 1643 par Condé, et resta depuis à la France; elle devint la capit. du Luxembourg français. Belle défense contre les Autrichiens (1792); contre les Prussiens (1814), Contre les Allemands (1870).

THIRIOT, ami de Voltaire, 1699-1772, avait été avec lui clerc de procureur, et fut pendant toute sa vie son agent d'affaires. Voltaire le fit nommer le correspondant littéraire du grand Frédéric.

THIRON-GARDAIS, ch.-l. de c. (Eure-et-Loir), sur la Théronne, à 15 k. E. de Nogent-le-Rotrou; 610 h.

THIROUX-D'ARCONVILLE (Marie DARLUS, dame), femme d'esprit, 1720-1805, fille d'un fermier général, épousa un président à la chambre des enquêtes, quitta le monde de bonne heure pour s'occuper de littérature, et composa plusieurs ouvrages estimés: Traité de l'Amitié, 1763; — des Passions, 1764; Vie du cardinal d'Ossat, 1771; Vie de Marie de Médicis, 1774; Hist. de François II, 1783. — Son fils, L. Thiroux de Crosne, né en 1736, m. en 1794, victime de la Terreur, fut, en qualité de maître des requêtes, chargé de reviser l'arrêt rendu à Toulouse contre Calas et le fit casser, devint en 1767 intendant de Rouen, embellit cette ville et la dota d'établissements utiles, fut appelé à l'intendance de Lorraine en 1775, et nommé lieutenant général de police en 1785. C'est lui qui supprima le cimetière des Innocents.

THIRSA, v. de Palestine, dans la demi-tribu occid. de Manassé, entre Samarie et le Jourdain, fut avant Samarie la capit. du roy. d'Israël.

THIS, v. de l’Égypte Supérieure, au N. O. d'Abydos, sur un bras dérivé du Nil, fut jadis la capitale d'un état particulier dont Thèbes faisait partie, et où régnèrent, à partir de l'an 2500 avant J.-C., les deux dynasties dites Thinites-Thébaines, les plus anciennes de l’Égypte. Thèbes prévalut ensuite, mais This resta ch.-l. d'un nome. On fait naître Ménès dans cette ville. Détruite depuis longtemps, elle n'offre pas même de ruines.

THISBÉ, amante de Pyrame. V. PYRAME.

THIVA, nom moderne de Thèbes en Béotie.

THIVIERS, ch.-l. de c. (Dordogne), à 32 kil. S. E. de Nontron; 2709 hab. Truffes renommées; vins, fromages. Pris par les calvinistes en 1575.

THIZY, ch.-l. de c. (Rhône), à 35 kil. O. de Villefranche; 2766 hab. Fabriques de toiles et de calicots. Aux env., carrières de marbre noir.

THOAS, roi de la Chersonèse Taurique, avait ordonné que tous les étrangers qui aborderaient dans ses États fussent immolés sur l'autel de Diane, dont Iphigénie était alors la prêtresse. Oreste et Pylade, jetés par la tempête sur les côtes de la Tauride, allaient périr ainsi des mains d'Iphigénie, sœur d'Oreste, lorsque celle-ci, les ayant reconnus, les délivra, et s'échappa avec eux.

THOIRAS. V. TOIRAS et RAPIN-THOYRAS.

THOISSEY, ch.-l. de c. (Ain), à 30 kil. N. de Trévoux, sur la Chalaronne, près de son confluent avec la Saône; 1663 hab. Ville jadis fortifiée; c'était la 2e ville de la principauté de Dombes. Un collége y avait été fondé en 1680 pour la principauté.

THOLUS. V. TOLHUYS.

THOMAR, v. de Portugal (Estramadure), à 144 k. N. E. de Lisbonne; 4000 hab. Résidence au prieur de l'ordre du Christ.

THOMAS (S.), dit en grec Didyme, c.-à-d. jumeau (Thomas en hébreu a le même sens), un des 12 apôtres, est célèbre par l'incrédulité qu'il montra lors de la résurrection de Jésus : il ne se rendit qu'après avoir vu et touché les plaies du Sauveur. Selon la tradition, il alla prêcher l'Évangile chez les Parthes et jusque dans l'Inde, et subit le martyre à Calamine,