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né en 1201, m. en 1253, accompagna à la croisade contre les Albigeois le roi Louis VII, dont quelques-uns lui ont imputé la mort, prit part en 1226 à la ligue des feudataires contre la reine Blanche, et, après avoir trois fois changé de parti en moins de deux ans, finit par se rallier à la cause royale. Il eut à défendre son comté contre les prétentions d'Alix, sa cousine, reine de Chypre, et ne la put désintéresser que par de fortes sommes, qu'il obtint de la couronne en aliénant sa suzeraineté sur les quatre comtés de Blois, Chartres, Châteaudun et Sancerre. En 1234, il devint roi de Navarre, du chef de sa mère Blanche, sœur et héritière de Sanche VII, et prit alors le nom de Thibaut I. En 1235, il entreprit, avec quelques seigneurs, une croisade qui avorta ; il revint au bout de deux ans. Thibaut est surtout célèbre par son talent comme troubadour, ce qui le fit surnommer le Faiseur de chansons, et par la passion qu'on lui attribue pour Blanche de Castille (passion qui, vu l'âge de la reine, ne peut être qu'une fable). On a de lui 66 Chansons (publiées à Paris, 1742, 2 vol. in-12), qui ne manquent pas de charme. Il est le premier qui ait entremêlé les rimes masculines et féminines. — Ce Thibaut laissa deux fils qui régnèrent aussi sur la Navarre, tout en restant comtes de Champagne : Thibaut II ou VII (1253-70), et Henri le Gros (1270-74).

THIBERVILLE, ch.-l. de c. (Eure), à 12 k. N. E. de Bernay; 1362 hab. Percales, rubans de coton.

THIBET, grande région de l'Asie centrale, qui fait partie des pays tributaires de l'empire chinois, a pour bornes à l'E. la Chine, au S. le Boutan et l'Inde, tant au delà qu'en deçà du Gange, au N. le pays de Khoukhounoor, et s'étend de 69° à 100° long. E, et de 27° à 35° 30' lat. N.; 2800 kil. de l'E. à l'O. sur 940; 6 000 000 d'hab.; capitale, Lahsa. On le divise en 4 provinces, le Ngari ou Ladak (Petit-Thibet), à l'O.; le Tsang et l'Ouéi (au centre); le Kham à l'E. Le Thibet est un des pays les plus élevés du monde : il s'y trouve des sommets qui dépassent l'Himalaya ; c'est là que s'élèvent le Tchamoulari et le Daoulaghiri. L'air est très-sec, le climat tempéré au S., froid partout ailleurs; les saisons très-uniformes, le printemps très-court (2 mois); le sol est assez fertile dans les vallées du Sud. Immenses déserts, lacs nombreux; riches mines de fer, mercure, arsenic, cinabre, plomb, cuivre, argent et or (une seule est exploitée) ; salpêtre, soufre, turquoises, pierreries, lapis lazuli, borax, marbre, eaux minérales et thermales. On y trouve le cheval, le chameau, le buffle, l'yak, le daim musqué, la chèvre dont le duvet sert à fabriquer les châles de Cachemire (que Ternaux et Am. Jaubert ont acclimatées en France) : on prétend que la licorne existe au Thibet. Peu d'agriculture, point d'industrie, un peu de commerce avec la Chine, les Boukhares et le Cachemire, mais par l'intermédiaire des étrangers. Les habitants sont, les uns Thibétains, les autres Mongols; la polyandrie est en usage dans les classes inférieures. La langue, dure et chargée de consonnes, a beaucoup de racines communes avec le chinois. Il existe au Thibet deux écritures, l'une sacrée, l'autre civile; l'imprimerie y est connue depuis longtemps, l'instruction élémentaire très-répandue. La religion indigène est le lamaïsme ou chamanisme, dont le chef visible, incarnation de Fo (Bouddha), se nomme le Grand-Lama, et réside à Lahsa; les simples prêtres se nomment lamas ou chamanes (on en compte jusqu'à 84 000). — Le Thibet reçut de la Chine, vers le Ve s. av. J. C, les premiers éléments de la civilisation; le Bouddhisme s'y introduisit vers 640 et contribua à polir les mœurs des habitants. Depuis 1642, ce pays est tributaire de la Chine : il y a toujours à Lahsa un résident chinois, par les ordres duquel tout s'opère. Les habitants du Népal, en 1792, occupèrent une partie du Thibet, et faillirent s'emparer du Grand-Lama.

THIÉBAULT (Dieudonné), littérateur, né en 1733 à Laroche en Lorraine, m. en 1807, fut d'abord professeur chez les Jésuites, alla en Prusse comme professeur de grammaire générale à l'école militaire de Berlin (1765), y resta vingt ans, honoré de la confiance de Frédéric II, fut à son retour en France attaché à la direction de la librairie, puis devint secrétaire du Directoire (1795), et mourut proviseur du collège de Versailles. On a de lui, entre autres ouvrages, un Essai sur le style (1774); une Grammaire philosophique (1797), et des Souvenirs de Vingt ans de séjour à Berlin ou Frédéric le Grand, sa famille, sa cour, etc. (1805).

THIEBLEMONT, ch.-l. de c. (Marne), à 12 kil. S. E. de Vitry-Ie-Français ; 307 hab.

THIEL, v. de Hollande (Gueldre), sur le Wahal, à 35 k. O. S. O. d'Arnheim: 5000 hab. Toiles, lainages. Assiégée en vain par les Impériaux en 1528 ; prise et démantelée par les Français en 1672.

THIELT, v. de Belgique (Flandre occid.), à 20 k. S. E. de Bruges; 12 000 hab. Toiles, dentelles, chapeaux, savon. Patrie d'Olivier Ledain.

THIÉRACHE, Theorascia, anc. petit pays de France, dans la Picardie, est auj. compris dans la partie N. du dép. de l'Aisne. Guise en était ch.-l.; Nouvion, Marle, La Fère les autres lieux principaux.

THIERRI (S.), Theodoricus, disciple de S. Rémi et abbé du mont d'Hor, près de Reims, m. vers 533, est fêté le 1er juillet. — Un autre S. Thierri, évêque d'Orléans au XIe s., est hon. le 27 janv.

THIERRI I, 1er roi de Metz ou d'Austrasie de 511 à 531, était l'aîné des fils de Clovis. Il ajouta la Thuringe à ses États en 530, après avoir précipité traîtreusement du haut des murs de Tolbiac le roi du pays, Hermanfroy; combattit heureusement Théodoric le Grand, roi des Ostrogoths, et ne lui laissa en Gaule que la Septimanie. C'est sous son règne que fut rédigée la loi des Francs Ripuaires.

THIERRI II, 4e roi d'Orléans, 3e roi de Bourgogne et 7e roi de Metz ou d'Austrasie, né en 587, était fils puîné de Childebert II, et frère de Théodebert II. Il avait eu pour lot, à la mort de son père (596), les royaumes d'Orléans et Bourgogne. Il accueillit à sa cour (599) son aïeule Brunehaut, chassée de l'Austrasie par Théodebert; fit la guerre d'abord à Clotaire II, roi de Soissons (600-602), qu'il vainquit à Dormeuil et à Étampes, puis à Théodebert, roi d'Austrasie, le battit à Toul, à Tolbiac (612), le fit prisonnier dans Cologne, et le livra avec ses deux fils à la vengeance de Brunehaut, qui les fit périr; il réunit ainsi l'Austrasie à ses États. Il mourut en 613 à Metz.

THIERRI III, 3e fils de Clovis II, fut à la mort de Clotaire III (670) mis sur le trône de Neustrie par Ébroin, maire du palais, fut renversé presque aussitôt, ainsi qu'Ébroin, par son frère Childéric II, déjà roi d'Austrasie, et enfermé à l'abbaye de St-Denis ; il en sortit en 673, à la mort de l'usurpateur, et recouvra la couronne, mais il fut contraint d'accepter de nouveau pour maire du palais Ébroin, qui avait pris les armes contre lui et qui gouverna sous son nom jusqu'en 683; il vit l'Austrasie, représentée par Pépin d'Héristal, écraser la Neustrie à la bataille décisive de Testry (687), après laquelle les Héristal, à la fois ducs en Austrasie, maires en Neustrie, furent les véritables rois de France. Il mourut en 691.

THIERRI IV, dit de Chelles, du nom du couvent où il avait été élevé, fils de Dagobert II, fut placé sur le trône de Neustrie à 7 ans, en 720, et régna de nom jusqu'en 737. Charles-Martel, son maire du palais, ne lui donna pas de successeur.

THIERRY (Augustin), historien, né en 1795 à Blois, m. en 1856, sentit naître en lui, au collége même, le goût de l'histoire pittoresque en lisant les Martyrs de Chateaubriand, entra en 1811 à l'École normale, professa quelques mois à Compiègne, puis s'attacha au réformateur Saint-Simon et publia avec lui quelques écrits où il prenait le titre de son fils adoptif, mais rompit dès 1817 une association qui ne pouvait convenir à son esprit juste et indépendant. Après avoir pendant quelques années milité dans la presse