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paladin Roland et la vengeance qu'en tira Charlemagne, vivait au XIe s. La Chanson de Roland a été publiée par Génin (1850), par Francisque Michel (1863), et traduite par St-Albin (1866).

THERSANDRE, fils de Polynice et l'un des Épigones, vint quelques années après la mort de son père mettre le siége devant Thèbes, prit la ville et se plaça sur le trône. Il fut tué en Mysie par Télèphe pendant qu'il se rendait au siége de Troie.

THERSA, v. de Palestine. V. THIRSA.

THERSITE, est représenté par Homère, dans l’Iliade, comme le plus laid, le plus lâche et le plus satirique des Grecs qui vinrent au siège de Troie : dans ses sarcasmes, souvent aussi justes que piquants, il ne ménageait ni Agamemnon, ni Ulysse, ni les autres chefs. Achille l'assomma d'un coup de poing, parce qu'il s'était moqué des larmes que versait le héros à la vue de Penthésilée morte. Son nom est devenu l'épithète des lâches insolents.

THÉSÉE, Theseus, héros athénien, dut le jour, dit-on, au commerce furtif d'Égée, roi d'Athènes, avec Éthra, fille de Pitthée, roi de Trézène, et fut élevé secrètement par son aïeul maternel Pitthée. Devenu grand, il se rendit à Athènes pour se faire reconnaître de son père : en traversant l'Argolide, l'isthme de Corinthe et l'Attique, il rencontra plusieurs monstres dont il délivra la contrée : Sinnis, Scyron, Cercyon, Procruste ; il se présenta enfin à Égée, qui d'abord, à l'instigation de sa femme Médée, voulut l'empoisonner, mais qui, l'ayant bientôt reconnu à l'épée qu'il portait, renversa la coupe fatale et le garda près de lui. Thésée mit fin à la guerre civile qui désolait Athènes, en mettant à mort les Pallantides qui disputaient le trône à Égée, prit vivant un taureau qui désolait les plaines de Marathon, puis alla en Crète, pénétra dans le labyrinthe à l'aide d'un fil que lui avait donné Ariane pour retrouver son chemin, extermina le Minotaure, et délivra ainsi Athènes du tribut honteux qu'elle payait à ce monstre. Mais, ayant oublié en revenant de Crète de mettre à son vaisseau des voiles blanches en signe de victoire, il causa la mort de son père qui, persuadé qu'il avait succombé, se jeta de désespoir dans la mer. Devenu roi, Thésée fondit en une seule nation les diverses tribus ou classes de l'Attique, agrandit Athènes, qui prit dès lors le rang de capitale, fonda ou restaura la fête des Panathénées et établit dans l'Attique un gouvernement presque républicain. Ce héros prit part à tous les grands exploits de l'époque héroïque, à la chasse du sanglier de Calydon, à l'expédition des Argonautes, et fit la guerre aux Amazones, qui avaient envahi l'Attique. Uni d'une étroite amitié avec Pirithoüs, il voulut l'aider à enlever Proserpine, femme de Pluton ; mais cette coupable entreprise échoua : les deux héros restèrent captifs aux Enfers, et Thésée ne fut délivré que par Hercule. A son retour, il trouva Athènes en proie aux factions, et fut mal reçu de ses compatriotes ; il les maudit et mit aussitôt à la voile pour l'île de Crète ; mais il mourut en route, à Scyros. Plus tard Cimon prétendit avoir retrouvé ses cendres dans cette île et les fit rapporter à Athènes en grande pompe : la ville alors éleva un temple à ce héros, qu'elle mit au rang des demi-dieux. Thésée eut deux femmes : Antiope, reine des Amazones, qu'il avait faite prisonnière, et dont il eut Hippolyte ; Phèdre, fille de Minos, qui, éprise d'Hippolyte, son beau-fils, et ne pouvant le séduire, accusa ce jeune prince auprès de son époux, et fut ainsi cause de sa mort. On lui donne pour maîtresses, entre autres, Ariane, sœur aînée de Phèdre, qu'il enleva de Crète, mais qu'il abandonna pendant son sommeil dans l'île de Naxos ; Hélène, qu'il enleva du temple de Diane Orthia. Thésée est un personnage vraiment historique, mais il est probable que l'on aura réuni sur lui nombre de traits qui appartiennent à plusieurs individus différents. On place son règne de 1323 à 1292 av. J.-C. Plutarque a écrit la Vie de Thésée.

THESMOPHORIES, fête athénienne en l’honneur de Cérès Thesmophore, c.-à-d. législatrice, se célébrait dans le mois de Pyanepsion (novembre). On en attribuait l'institution à Orphée, à Triptolème ou aux Danaïdes. Les femmes seules pouvaient y assister ; cependant un grand prêtre de la famille des Eumolpides y présidait. La fête durait trois jours : on s'y préparait par des jeûnes et par une vie chaste. Le 1er jour était rempli par une procession solennelle d'Athènes à Éleusis; dans le 2e, des femmes, avec des torches allumées, semblaient chercher Proserpine ; le 3e, on recevait des initiés.

THESPIES, Thespiæ, v. de Béotie, à l'E., était consacrée aux Muses et pleine d'édifices et de statues relatives à leur culte. Les Thespiens défendirent, avec les Spartiates de Léonidas, le défilé des Thermopyles. On voit les ruines de Thespies près d’Erimocastron.

THESPIS, créateur de la tragédie, né au bourg d'Icarie près d'Athènes, florissait en 540 av. J.-C. Le premier il intercala entre les chœurs qu'on chantait aux fêtes de Bacchus des récits qui, d'abord débités par un seul acteur, se changèrent bientôt en dialogues et formèrent de véritables pièces de théâtre ; il inventa en outre le masque tragique. Banni d'Amènes parce que ses fictions donnaient l'exemple du mensonge, il se mit, dit-on, à parcourir l'Attique avec quelques acteurs, barbouillés de lie, montés sur un chariot qui leur servait de théâtre. On cite les titres de quelques-unes de ses tragédies : le Combat de Pélias, les Prêtres, les Jeunes Grecs, Penthée, Alceste. Il fut le maître de Phrynichus.

THESPIUS roi de Thespies, fils d'Érechthée ou de Teuthras, eut 50 filles qu'il livra à Hercule. Les enfants nés de ces unions, les Thespiades, allèrent s'établir en Sardaigne sous la conduite d'Iolas.

THESPROTIE, contrée de l’Épire occidentale, le long de la mer ionienne, s'étendait au N. O. du golfe d'Ambracie, en face de l'île de Corcyre, et était arrosée par l'Achéron et le Cocyte, dont on a fait les fleuves des Enfers. Buthrotum et Onchesme en étaient les villes principales. On y joint quelquefois Dodone, qui était plutôt en Chaonie.

THESSALIE, contrée de la Grèce septentr., était située sur la côte orientale, entre la Macédoine au N. et la Grèce propre au S., ayant au N. l'Olympe et les monts Cambuniens, qui la séparaient de la Macédoine, à l'O. la chaîne du Pinde, qui la séparait de l’Épire, à l'E. la mer Egée, et au S. la chaîne de l'Œta. L'Olympe, l'Ossa, le Pélion y formaient une chaîne à peu près parallèle à la côte ; le pays était arrosé par deux fleuves principaux : le Sperchius au S., le Pénée au N. — De bonne heure habitée par des Pélasges et nommée d'abord Hémonie, cette contrée reçut ensuite nombre de peuplades de même race, mais plus barbares : les Thessali (sortis de Thesprotie), qui donnèrent leur nom à tout le pays ; les Phthiotes, les Doriens-Achéens, qui quittèrent la Thessalie pour la Grèce propre et le Péloponèse, les Ænianes, qui finirent par se fixer au S. O. de la contrée. On y trouvait aussi dans les temps les plus anciens les Lapithes, les Myrmidons, les Dolopes et les Dryopes, qui disparurent de bonne heure. Quand les Doriens eurent quitté le pays, 80 ans après la prise de Troie, il y eut cinq régions principales en Thessalie : 1° la Magnésie ; 2° la Phthiotide ; 3° la Thessaliotide ; 4° la Pélasgiotide ; 5° l'Histiéotide. Iolcos Magnésie, Phères, Pharsale, Larisse, Tricca en étaient les villes principales. — Deucalion et Hellen régnèrent sur la Thessalie dans les temps les plus reculés (vers 1500 av. J.-C.). Elle eut dans la suite des rois issus d'Hercule : l'un de ces rois, Aleuas, donna son nom aux Aleuades, qui dominèrent longtemps sur le pays. Lors de l'invasion de Xercès, les Thessaliens se reconnurent ses sujets et même lui servirent de guides dans l'invasion de la Phocide. Dana le siècle suivant, on voit dominer en Thessalie les tyrans Jason et Alexandre, tyrans de Phères, et