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qui va depuis 325 jusqu'en 429, ouvrage écrit avec netteté et même avec élégance, et suffisamment exact quoique contenant quelques erreurs de chronologie; une Hist. pieuse, qui contient la vie de 50 solitaires, un Traité de la Providence, fort estimé, et plusieurs ouvrages de théologie. Les meill. édit. de Théodoret sont celles du P. Sirmond, Paris, 1684, in-f., complétée par l’Auctarium du P. Garnier, 1864; celle de J. L. Schulze et Nœsselt, Halle, 1769-74, 10 v. in-8 (gr.-latin, reprod. dans la collection Migne, 1859-60). Son Traité de la Providence a été trad. en franc, par l'abbé Lemère, 1740, et sa Démonstration de la vérité évangélique par les philosophes païens, par A. Faivre, 1842.

THÉODORIC, roi des Ostrogoths, de la race royale des Amales, né vers 455 en Pannonie, où son père Théodemir s'était établi de l'aveu des empereurs d'Orient, fut envoyé dès l'âge de huit ans comme otage à Constantinople, où il prit des idées de civilisation, et devint en 472, par la mort de son père, chef des Ostrogoths. Il eut part en 477 au rétablissement de l'empereur Zénon, qui avait été détrôné par Basilisque, et fut en récompense nommé patrice, consul (484), et capitaine des gardes. En 487, d'accord avec l'empereur d'Orient, il envahit l'Italie, qui était alors au pouvoir d'Odoacre, roi des Hérules, parcourut tout le pays en vainqueur, se fit céder la Sicile par le roi des Vandales Thrasimond, puis alla assiéger Odoacre dans Ravenne : il le força à capituler, mais en promettant de partager le trône avec lui (493) ; quelques jours après, il le fit poignarder dans un festin, et resta ainsi seul maître de l'Italie, à laquelle il joignit la Rhétie, la Norique, la Pannonie, l'Illyrie. En même temps, il rattachait à lui la plupart des chefs barbares, épousait la sœur de Clovis, et faisait épouser des princesses de son sang au roi des Visigoths et à plusieurs autres princes. Nommé en 507 tuteur de son petit-fils Amalaric, roi des Visigoths, il régna de fait sous son nom, chassa l'usurpateur Gésalic, défit un fils de Clovis devant Arles, et conserva la Septimanie aux Visigoths, malgré les attaques des Francs. En même temps, il rétablissait l'ordre en Italie, favorisait le commerce, l'agriculture, les lettres, appelait auprès de lui les hommes les plus habiles, les Cassiodore, les Boèce, les Symmaque, et faisait revivre plusieurs des anciennes formes de l'administration romaine. Vers la fin de sa vie, à la suite de la découverte d'une conspiration, il devint défiant, cruel, et fit périr sur de faux soupçons Boèce (524) et Symmaque (525). Il reconnut bientôt leur innocence et mourut peu après (526), en proie à une profonde mélancolie. Théodoric est sans contredit le plus grand des rois barbares qui envahirent l'empire romain : il possédait le génie de la civilisation et avait des vues libérales. On lui doit un code connu sous le nom de Loi gothique, qu'il fit rédiger vers 500, et dans lequel il prit pour base la loi romaine. Quoique arien, il toléra les Catholiques ; cependant à la fin de sa vie, il les persécuta en représailles des persécutions exercées en Orient contre les Ariens, ses coreligionnaires. Du Roure a écrit l’Hist. de Théodoric, Paris, 1846.

THÉODORIC I, roi des Visigoths d'Espagne, successeur de Wallia, régna de 420 à 451, fit trois fois la guerre aux Romains, de 426 à 436, et tenta de s'emparer de Narbonne sans pouvoir réussir; néanmoins il augmenta son territoire tant en Gaule qu'en Espagne. Il fut longtemps l'allié de Genséric, dont il fit son gendre, mais ensuite il se brouilla avec lui. Il prit part à la ligue contre Attila, ainsi qu'à la bataille décisive de Châlons, dans laquelle il périt (451). — II, son fils, acquit le trône en 453 par le meurtre de Thorismond, son frère, mais fut tué en 466 par un autre de ses frères, Euric. Il avait accru l'empire des Visigoths de plusieurs districts des deux Aquitaines et poussé presque jusqu'à la Loire; il avait vaincu en 456 le roi suève Réchiaire; enfin il avait élevé sur le trône d'Occident Avitus, et, après avoir combattu Majorien, il avait obtenu de Ricimer la Narbonnaise Ire. — III, le même que Théodoric le Grand, roi des Ostrogoths. V. ci-dessus.

THÉODOSE I, dit le Grand, Flavius Theodosius, empereur romain, né en 346 à Cauca, en Espagne, était fils du comte Théodose, que Valens, empereur d'Occident, fit mettre à mort en 376 sur de faux soupçons, quoiqu'il lui eût rendu les plus grands services. Avant de monter sur le trône, le jeune Théodose avait déjà repoussé une invasion des Quades et des Marcomans (372) ; il combattait les Visigoths et venait de remporter sur eux un avantage, lorsque Gratien, sentant le besoin de s'adjoindre un homme capable de défendre le trône, le proclama à Sirmium empereur d'Orient, à la place de Valens qui venait de mourir, 379. Théodose acheva la soumission des Visigoths par sa conduite généreuse envers leur roi Athanaric, et s'en fit d'utiles auxiliaires. Gratien, son collègue, ayant été en 383 renversé par l'usurpateur Maxime, qui menaçait du même sort le jeune Valentinien II, frère de Gratien, Théodose interposa sa médiation, et, en reconnaissant Maxime comme auguste, obtint la paix pour Valentinien. Maxime reprit néanmoins les armes en 387; alors Théodose marcha contre lui, le battit en Pannonie, le prit et le mit à mort dans Aquilée (388). Deux ans après, Valentinien périssait victime du Franc Arbogast, son favori, et le rhéteur Eugène le remplaçait sur le trône : Théodose marcha contre eux et les vainquit près d'Aquilée (394). Il se trouva, par la mort de Valentinien II, seul maître de tout l'empire. Mais lui-même mourut l'année suivante (15 janvier), laissant deux fils entre lesquels il partagea son empire : Honorius, qui eut l'empire d'Occident, et Arcadius, l'Orient. Théodose fut aussi grand dans la paix que dans la guerre; il fit tous ses efforts pour réparer les maux de l'empire par une sage administration. Toutefois, ce grand prince ne put que retarder l'instant de la ruine de l'empire : elle commença sous ses deux fils. Ce prince protégea la religion, défendit sous des peines sévères le culte des faux dieux (qui dès lors se réfugia dans les bourgs, les campagnes : d'où le nom de pagani) ; il éleva S. Grégoire de Nazianze au siége de Constantinople (380) et fit condamner l'hérésie d'Arius. Théodose avait été obligé de comprimer avec rigueur les fréquentes séditions des grandes villes : il fut sur le point de faire massacrer les habitants d'Antioche; il fit égorger 7000 habitants de la ville de Thessalonique qui s'était révoltée : pour le punir de ce cruel emportement, S. Ambroise lui interdit pour 8 mois l'entrée de l'église de Milan; Théodose se soumit à la pénitence, et obtint son pardon par un repentir sincère. Fléchier a écrit la Vie de Théodose.

THÉODOSE II, fils d'Arcadius et petit fils du précédent naquit en 399, monta sur le trône en 408, et régna jusqu'en 450 (c.-à-d. 42 ans). Ce prince faible fut gouverné toute sa vie : d'abord par le sage Anthémius, son ministre, puis par Pulchérie, sa sœur aînée, qui s'efforça de corriger ses défauts et de le rendre digne de son aïeul, par sa femme Athénaïs ou Eudoxie, et enfin par l'eunuque Chrysaphe; son chambellan. Les principaux événements de son règne sont : 1° une guerre avec la Perse (elle fut terminée par la paix de 423, qui dura 79 ans, et par un partage de l'Arménie); 2° les querelles religieuses du Nestorianisme et de l'Eutychianisme, qui donnèrent lieu au concile œcuménique d'Éphèse en 431, puis au prétendu concile appelé le Brigandage d'Éphèse, en 449; 3° la rédaction du Code théodosien (438), le premier code officiel connu. Tremblant devant Attila, il lui paya tribut; il tenta plus tard, mais sans succès, de le faire assassiner.

THÉODOSE III, d'abord receveur d'impôts à Adramyte, en Bithynie, fut nommé empereur d'Orient par l'armée, qui venait de se révolter à Rhodes. Il refusa en vain la couronne, se rendit à Constantinople, et força Anastase II à abdiquer, mais il ab-