Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P3 - Q-Z.djvu/296

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

brasser la religion catholique. Elle eut, de 614 à 625, la tutelle de son fils Adaloald, et laissa une grande réputation de piété. C’est elle qui plaça un des clous de la vraie croix dans la couronne des Lombards.

THÉODEMIR, prince visigoth d’Espagne, battit sur mer les Maures an 695, les Arabes en 711, fut, avec Roderic, défait à Xérès (711), sauva les restes de l’armée, se maintint dans la Sierra-Morena, puis dans Orihuela, et forma un petit État qui embrassait Murcie, Valence et la Nouv.-Castille, où il se soutint jusqu’à sa mort moyennant un faible tribut.

THÉODORA, impératrice d’Orient, femme de Justinien, avait été danseuse et courtisane, quand Justinien, qui n’était pas encore empereur, s’éprit de sa beauté. Il la fit monter sur le trône avec lui en 527. Elle eut sur ce prince le plus grand ascendant, soutint son courage pendant la fameuse sédition de 532 et l’empêcha d’abdiquer, mais fut souvent funeste à l’empire par ses intrigues et ses caprices : elle protégea les désordres d’Antonine, femme de Bélisaire, puis, s’étant brouillée avec cette favorite, elle se vengea d’elle en faisant rappeler Bélisaire au milieu de ses victoires ; elle obéra le trésor par ses prodigalités, anima la folle passion de Justinien pour les discussions théologiques, et tomba elle-même dans des hérésies qui la firent condamner par les papes Agapet et Vigile. Sa mort eut lieu en 548. Procope lui impute dans ses Anecdotes secrètes toutes sortes de débordements ; néanmoins le même auteur la loue dans son Histoire. — Femme de l’empereur Théophile, devint veuve en 842, exerça la régence sous son fils Michel III, rétablit le culte des images et poursuivit les Pauliciens, fut dépouillée du pouvoir en 857, et enfermée dans un couvent où elle mourut vers 867. — Fille cadette de Constantin IX, régna quelques semaines avec Zoé, sa sœur, en 1042, puis seule après la mort de Constantin X (1054-1056), mérita l’estime publique par la sagesse de son administration, et désigna pour lui succéder Michel Stratiotique ; en elle finit la dynastie macédonienne.

THÉODORA, dame romaine, célèbre par sa beauté, ses dérèglements et ses crimes, était parente d’Adalbert II, margrave de Tuscie, et fut vers l’an 908 toute-puissante à Rome : elle ne craignit pas de placer sur le trône pontifical Jean, archevêque de Ravenne, son amant. Elle avait 2 filles qui acquirent le même genre de célébrité qu’elle : Marozie (V. ce nom) et Théodora la Jeune, femme du consul Gratien. Ces 3 femmes étaient à Rome l’âme d’un parti sans cesse en lutte avec les Allemands, et qui ne nomma pas moins de huit papes : Sergius III, Jean X, Jean XI, Léon VII, Étienne VIII, Martin III, Agapet II, Jean XII, peu dignes pour la plupart d’occuper le St-siége.

THÉODORE DE CYRÈNE, philosophe grec qui vivait vers 325 av. J.-C., embrassa les doctrines d’Aristippe, professa sur les dieux des opinions hardies qui lui valurent le surnom d’Athée et qui le firent exiler de Cyrène, vint se fixer à Athènes, mais y déplut également par son impiété et fut, dit-on, condamné par l’aréopage à boire la ciguë. Il avait composé un Traité des Dieux, où il prétendait prouver qu’il n’y a pas de divinité.

THÉODORE (S.), soldat romain, né en Syrie, était à Amasée lorsqu’il confessa courageusement Jésus-Christ, en 307, et, dans son zèle, mit le feu à un temple de Cybèle. Il fut appliqué à la torture et brûlé. S. Grégoire de Nice a écrit son panégyrique. On le fête le 9 nov. — L’Église honore aussi une Ste Théodore, vierge et martyre, que Dioclélien avait condamnée à la prostitution, mais qui préféra la mort.

THÉODORE DE MOPSUESTE, né en 350 à Antioche, mort en 428, condisciple de S. Jean Chrysostôme, combattit l’Apollinarisme avec talent et obtint en récompense de son zèle l’évêché de Mopsueste, en 393 ; mais ne tarda pas à tomber lui-même dans l’erreur en favorisant le Pélagianisme. Ses écrits, qui faisaient partie des Trois-Chapitres (V. ce mot), furent après sa mort anathématisés au concile de Constantinople de 553 comme infectée de Nestorianisme : il avait eu en effet Nestorius pour disciple. On a porté le nombre des écrits de Théodore à plus de mille : il n’en reste d’entier qu’un Commentaire sur les Psaumes (dans la Chaîne du P. Corder), et un sur l’Évangile, publ. par Fritzsche, Zurich, 1847. On. trouve des fragments des autres dans le De Tribus Capilulis de Facundus, dans le Scriptorum veterum nova collectio e vaticanis codicibus de Mai (Rome, 1825).

THÉODORE DE CÉSARÉE, dit Ascidas, d’abord moine à Jérusalem, vint vers 535 à Constantinople, où il s’acquit les bonnes grâces de Justinien et de l’impératrice Théodora, qui le fit archevêque de Césarée, eut une part essentielle à la condamnation des Trois-Chapitres, présenta le résumé de la doctrine de Théodore de Mopsueste, d’Ibas d’Édesse, de Théodoret de Cyr, et fut l’âme des intrigues et des mesures violentes relatives à ce débat théologique, mais vit son crédit baisser après la mort de l’impératrice, et finit par être privé de son siége et excommunié par le concile tenu à Constantinople en 563.

THÉODORE DE PHARAN, ainsi nommé de la ville de Pharan en Arabie dont il était évêque, vécut sous Héraclius. Il passe pour l’auteur du Monothélisme.

THÉODORE, lecteur de l’église de Constantinople au VIe s., composa une Histoire en 2 livres, qui s’étend de la 20e année de Constantin au règne de Julien. Elle a été imprimée en grec par Robert Estienne, Paris, 1544 ; en grec et latin, Genève, 1612 ; avec les notes de Valois, Paris, 1673 ; et en partie traduite en français par le président Cousin.

THÉODORE STUDITE (S.), né à Constantinople en 753, fut moine, puis abbé (795) du monastère de Saccudion, près de Constantinople, fut persécuté par Constantin V pour avoir refusé de communiquer avec lui depuis son divorce, se réfugia, lors de l’invasion des Barbares, au couvent de Stude (dans Constantinople même), qui ne comptait alors que douze religieux et qui, sous sa conduite, en réunit au delà de mille ; fut banni par Nicéphore pour s’être opposé aux Iconoclastes, mais réintégré sous Michel I ; trouva un nouveau persécuteur dans l’iconoclaste Léon V, qui le fit emprisonner et flageller, et fut une dernière fois rendu à la liberté par Michel II (820). Il mourut six ans après, laissant plusieurs ouvrages, dont quelques-uns ont été publiés par le P. Sirmond, Paris, 1696, in-fol. On le fête le 12 nov.

THÉODORE PRODROME, moine grec du XIIe s., est auteur du roman de Rhodanthe et Dosiclès, d’un dialogue de l’Amitié exilée, de la Galéomachie, tragédie burlesque, et de plusieurs autres ouvrages presque tous inédits. On a souvent publié l’Amitié exilée ; Rhodanthe a été éditée par Gaulmin, avec une trad. latine, Paris, 1625, et trad. en français par Godard de Beauchamp. On trouve dans les Notices des Mss. un autre de ses écrits : Amarantus ou les Amours d’un vieillard, dialogue satirique.

THÉODORE, pape de 642 à 649, était Grec de naissance : il montra de la vigueur contre le Monothélisme. — Autre pape, Romain de naissance, fut élu en 898, mais mourut après un pontificat de 20 jours.

THÉODORE GAZA, METOCHITA. V. GAZA, etc.

THÉODORE I et II, empereurs de Nicée. V. LASCARIS.

THÉODORE, roi de Corse. V. NEUHOPF.

THÉODORET, écrivain ecclésiastique, né à Antioche en 387, d’une famille illustre, m. vers 458, donna sa fortune aux pauvres pour aller vivre dans un couvent près d’Apamée, devint en 423 évêque de Cyr en Syrie, fut quelque temps en querelle avec S. Cyrille au sujet de Nestorius, qu’il regrettait de voir en butte aux inimitiés des orthodoxes bien qu’il n’approuvât pas ses opinions, se réconcilia ensuite avec Cyrille, mais déplut bientôt après à la cour de Constantinople par son ardeur contre l’Eutychianisme, fut condamné par le prétendu concile dit Brigandage d’Éphèse (449), et ne put revenir dans son diocèse que sous l’emp. Marcien (après 450). On doit à Théodoret une Histoire ecclésiastique en 5 liv.,