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vie, Conrad, appela en Prusse les Chevaliers teutoniques, qui avaient alors pour grand maître Hermann de Salza, et les chargea de subjuguer et de convertir les habitants du pays, qui étaient encore idolâtres : il leur donna pour résidence la ville de Culm. Les Chevaliers effectuèrent cette conquête en peu d’années, et restèrent maîtres de la Prusse. En 1237, l’ordre s’accrut par la fusion des Chevaliers Porte-Glaives (V. ce mot). Son siège fut transféré en 1309 à Marienbourg. Sa puissance finit par s’étendre non-seulement sur la Prusse, mais sur l’Esthonie, la Livonie, la Courlande, en un mot sur presque tout le littoral de la Baltique : c’est vers 1400 qu’il atteignit son apogée. Mais les Chevaliers ne tardèrent point à décliner : le luxe, la débauche, le désordre dans les finances leur firent perdre de leur considération et de leur force. En 1400, ils furent vaincus par les Polonais à Tannenberg et perdirent 40 000 des leurs. Privés de leur capitale Marienbourg, qui fut livrée par trahison aux Polonais, ils se retirèrent à Kœnigsberg, qui devint le ch.-l. de l’ordre. En 1466, Louis d’Erlichshausen fut obligé, à la suite d’une nouvelle défaite, d’abandonner à la Pologne la partie occidentale de la Prusse : il ne garda que la Prusse orientale, et cela en se reconnaissant vassal de la Pologne (paix de Thorn). En 1525, Albert de Brandebourg, qui était alors grand maître, se déclara pour la réforme de Luther, se maria, et sécularisa la Prusse orientale, qui depuis resta dans sa famille. Une partie des Chevaliers nommèrent alors à sa place Walter de Cromberg, et le siége de l’ordre fut transporté à Marienthal ou Mergentheim en Franconie ; en même temps, l’ordre des Porte-Glaives se sépara d’eux et se reconstitua sous Walter de Plettenberg. L’ordre teutonique ne conserva plus alors que quelques propriétés en Allemagne, en Hongrie, en Italie ; il finit par devenir un simple corps militaire, que chaque nation pouvait prendre à son service moyennant une faible somme. Il a cessé d’exister de fait avec l’empire d’Allemagne au commencement de ce siècle. Napoléon l’avait définitivement supprimé par un décret du 24 avril 1809 : le roi de Prusse a tenté de le relever en 1852 sous le titre d’Ordre évangélique de St-Jean. L’Autriche a également institué en 1840 un ordre teutonique, mais qui est purement honorifique. On doit à Waterich l’Hist. de l’Ordre teutonique, Leips., 1857.

TEUTONS, Teutones (le même nom que Deutschen, nom actuel des Allemands), peuple germain venu des bords de la Baltique, est célèbre pour la part qu’il prit à l’invasion qui eut lieu en Gaule et en Italie, de 114 à 101 av. J.-C. Entraînés par les Cimbres, les Teutons passèrent le Danube avec eux vers 112, entraînèrent à leur tour les Ambrons, puis les Tigurins (de l’Helvétie), et arrivèrent, en 111, aux frontières de la Province Romaine en Gaule ; de 111 à 106, ils battirent 6 armées romaines ; ils remportèrent leur dernière victoire près d’Arausio (Orange). En 103, ils se séparèrent en 2 armées : l’une, composée des Teutons et des Ambrons, devait franchir le Rhône et les Alpes maritimes ; l’autre, composée des Cimbres, devait descendre par les Alpes rhétiques. Les deux armées formaient ensemble env. 300 000 âmes. Marius, posté de l’autre côté du Rhône, attendait les Teutons : il les écrasa aux environs d’Aquæ Sextiæ (Aix), en 102 ; les Cimbres ne tardèrent pas à être exterminés à leur tour. V. CIMBBES.

TEVERONE, c-à-d. Petit Tibre, l’Anio des anciens, petite riv. d’Italie, naît à l’extrémité N. de la rov. de Frosinone, baigne Tivoli, où elle forme de belles cascades, et se joint au Tibre à 5 kil. N. E. de Rome, après un cours de 90 kil. V. ANIO.

TEVIOT, riv. d’Écosse, naît sur les confins du comté de Dumfries, coule au N. E., arrose le comté de Roxburg, et se jette dans la Tweed près de Kelso, après un cours de 60 kil.

TEVIOT-DALE, comté d’Écosse. V. ROXBURGH.

TEWKESBURY, v. d’Angleterre (Glocester), à 14 kil. N. E. de Glocester ; 7000 hab. Anc. abbaye. Fabriques d’étoffes ; moutarde vantée ; bas tricotés, drèche, clouterie. Édouard IV battit à Tewkesbury Marguerite d’Anjou et la fit prisonnière avec son fils (4 mai 1471) : cette victoire lui assura la couronne.

TEXAS, un des États-Unis de l’Amérique du N., situé le long du golfe du Mexique, a pour bornes au N. le Red-River, qui le sépare du Territoire indien et de l’Arkansas, à l’O. le Mexique, à l’E. la Louisiane, au S. le Mexique et le golfe de Mexique ; env. 40 000 000 d’hectares ; 602 400 hab., dont près de 200 000 esclaves ; capit., Austin. À l’exception de la Sierra de San-Saba, qui occupe la partie occid., cette contrée forme une vaste plaine extrêmement fertile et arrosée par un grand nombre de fleuves, dont les principaux sont, de l’O. à l’E., le Rio del Norte, le Rio-Nueces, le San-Antonio, le Colorado, le Brazos, le San-Jacinto, le Rio-Trinidad, le Naches et la Sabine ; presque tous ces fleuves ont des barres à leur embouchure ; la côte offre plusieurs baies, entre autres celle de Galveston. Climat tempéré et salubre. Immenses prairies, couvertes de grandes herbes, forêts de pins, de cyprès, de chênes, de magnolias. Grande culture de la canne à sucre, du coton, du tabac, du maïs. Plusieurs chemins de fer.

Dès le XVIIe s., des Français (notamment Lasalle, en 1684) essayèrent de former des établissements au Texas ; mais ces entreprises échouèrent. Cependant les Espagnols du Mexique, redoutant les empiétements des Français de la Louisiane, occupèrent ce pays, qui se trouvait entre les possessions des deux peuples, et qu’ils avaient négligé jusqu’alors ; ils y établirent (vers 1690) des presidios et des missions, et fondèrent San-Antonio de Béjar (1692) et Goliad (1716) : le Texas fut alors compris par eux dans l’intendance de San-Luis du Potosi. Après la cession faite par la France de la Louisiane aux États-Unis (1803), cette république manifesta d’abord l’intention de s’emparer du Texas ; mais, par le traité de Washington, elle renonça à ses prétentions (1819). Alors Moses Austin, citoyen du Missouri, obtint des Espagnols la permission d’établir au Texas une colonie anglo-américaine qui prit, en 1821, le nom de Fredonia ; cette colonie s’accrut rapidement par l’émigration d’un grand nombre de familles venues de l’O. des États-Unis ; San-Felipe de Austin en devint le centre. Après la déclaration d’indépendance du Mexique et lors de l’organisation définitive de la Confédération mexicaine (1824), le Texas, qui n’était pas encore assez peuplé pour former un État séparé, fut réuni à la province de Cohahuila, et forma l’État de Cohahuila-et-Texas ; mais bientôt (1829) les Texiens réclamèrent leur séparation d’avec le Cohahuila ; n’ayant pu l’obtenir, ils se soulevèrent et voulurent se rendre indépendants. Les Mexicains réussirent à étouffer les premières tentatives de rébellion, mais en peu d’années les troubles prirent un caractère de plus en plus grave ; enfin, le 3 novembre 1835, un gouvernement provisoire fut établi à San-Felipe, et les Texiens, après avoir proclamé leur indépendance, déclarèrent la guerre aux Mexicains : leur indépendance fut assurée par la victoire que le général Samuel Houston, 1er président du Texas, remporta en 1836, près des bords du San-Jacintho, sur l’armée mexicaine, commandée par Santa-Anna. La nouvelle république fut dès 1837 reconnue par les États-Unis, et bientôt après par la France (1839). Depuis, les Texiens, sans cesse inquiétés par les Mexicains, ont obtenu leur annexion aux États-Unis (1845). Cette annexion donna lieu en 1846 et 1847 à une guerre avec les États-Unis, qui fut désastreuse pour le Mexique (V. ce nom). En 1861, le Texas s’est rangé parmi les États séparatistes. — L’État est administré par un Sénat et une Chambre des représentants ; le pouvoir exécutif appartient à un président, élu pour 3 ans. — C’est au Texas qu’était le Champ d’asile, où le général Lallemant fonda, en 1817, une colonie de Français réfugiés.