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TÉHUANTÉPETL ou TÉHUANTÉPEC, v. du Mexique (Oaxaca), sur le golfe de Tehuantepetl, à l’embouch. de la riv. de même nom dans le grand Océan, à 260 kil. S. E. d’Oaxaca. Port obstrué par une barre dangereuse. Aux environs, excellent indigo. — On appelle Isthme de Téhuantépetl la langue de terre qui va du golfe de Tehuantepetl à celui de Campêche sur le golfe de Mexique ; elle n’a que 260 kil. de large ; c’est un des points par lesquels on avait projeté d’unir les 2 mers ; on y a construit un chemin de fer.

TEIA ou TEIAS, dernier roi des Ostrogoths en Italie, fut élu en 552, après la mort de Totila, fut battu par Narsès à Nocera, en 553, et périt dans la bataille.

TEILLEUL (le), ch.-l. de c. (Manche), à 15 k. S. E. de Mortain ; 2478 h. Patrie de Fréd. Morel.

TÉKÉDEMPT ou TAGDEMPT, v. de l’Algérie, non loin des sources du Chélif, à 260 kil. S. O. d’Alger et à 140 E. S. E. d’Oran. Cette ville, qui paraît être l’ancienne colonie romaine de Gadaum Castra, a été occupée 150 ans par les Édrisites. Détruite en 975 par les Fatimites de Kaïrouan, elle fut relevée plus tard, mais de nouveau détruite par les Turcs. Abd-el-Kader en fit en 1836 le siége de son gouvernement ; les Français l’ont occupée en 1841.

TÉKÉLI (Éméric), magnat hongrois, né en 1658, fut un des chefs des mécontents qui tentèrent de se soustraire à la domination de l’Autriche en 1676, résista pendant 3 ans aux armées impériales avec de simples troupes de volontaires, puis se vit dans la nécessité d’implorer l’appui du sultan Mahomet IV. Il obtint de ce prince, avec le titre de Maître de la Moyenne Hongrie, le secours d’une armée de 220 000 hommes, sous la conduite du grand vizir Kara-Mustapha (1682), et eut part au siège de Vienne (1683) ; mais, l’amnistie accordée par l’Autriche en 1684 ayant détaché de lui presque tous ses partisans, il perdit les villes d’Éperies, de Cassovie et de Munkatz (1685-88), ce qui le fit disgracier pendant deux ans par le sultan. Nommé par Soliman II en 1690 prince de Transylvanie, puis roi de Hongrie, il battit les troupes impériales et entra dans Hermanstadt, mais il fut chassé la même année par le prince de Bade, et ne fit plus la guerre qu’en partisan dans l’Esclavonie et la Servie. Il ne put se faire réintégrer dans ses biens à la paix de Carlowitz (1699), et finit par aller vivre à Constantinople, où il fut réduit, dit-on, à se faire quelque temps cabaretier. Mustapha II lui donna une belle retraite près de Nicomédie, où il mourut oublié, en 1705.

TÉKIN (ALP-), fondateur de la dynastie des Gaznévides, était un esclave turcoman. Il devint gouverneur du Khoraçan pour Al-Mansour, prince Samanide, se révolta vers 960, et s’empara de Gazna, dont il fit sa résidence, et dont sa dynastie prit le nom. Il mourut en 975. V. GAZNÉVIDES.

TEKKÉ-ILI, à peu près la Lycie et la Pamphylie ; sandjakat de la Turquie d’Asie (Anatolie), entre le sandjakat d’Hamid-ili au N., la Caramanie et l’Itchil à l’E., la Méditerranée au S., et les sandjakats de Mentech et de Méis à l’O. : 150 k. sur 130 ; ch.-l., Satalieh. Lors de la dissolution de l’empire de Roum (1294), ce pays forma un des petits États seldjoucides de l’Asie-Mineure, et eut pour émir un certain Tekké, qui lui laissa son nom.

TÉLAMON, fils d’Éaque, roi d’Égine, et frère de Phocus et de Pelée. Ayant tué d’un coup de disque l’aîné de ses frères, il fut banni par son père, après avoir essayé en vain de se justifier. Il se rendit à Salamine, où le roi Cychrée lui donna sa fille Glaucé en mariage, et il régna sur l'île après la mort du roi. Télamon prit part à la chasse de Calydon, à la navigation des Argonautes, aida Hercule à prendre Troie et envoya ses deux fils Ajax et Teucer au siége de Troie. Après le retour du siège, irrité de voir revenir Teucer sans son frère Ajax, il le maudit, et le prince alla chercher un asile dans l'île de Cypre (V. TEUCER). Pour se venger d’Ulysse, à qui il attribuait la mort d’Ajax, Télamon attira par des fanaux perfides la flotte de ce prince sur des recueils où elle se brisa. Outre Glaucé, Télamon avait épousé Péribée, dont il eut Ajax, et Hésione, princesse troyenne qu’Hercule lui donna en récompense du concours qu’il lui avait prêté, et qu’il rendit mère de Teucer.

TELCHINES, génies ou hommes surnaturels que les Grecs donnent comme métallurgistes, vétérinaires et sorciers, et qu’ils représentent comme des êtres malfaisants. Ils habitèrent d’abord le Péloponèse, principalement Sicyone, d’où ils chassèrent les Titans ; puis l'île de Rhodes, qui prit d’eux le nom de Telchinie, et où ils fondèrent, dit-on, Linde, Camire et Jalyse. Les Telchines participent en même temps du dieu Vulcain, dont ils sont comme les ministres inférieurs, et du caractère d’une population primitive, adonnée aux travaux des mines et de la métallurgie. Ils ont quelques rapports avec les Curètes, les Dactyles et les Cabires.

TELÉBOÏDES, TÉLÉBOËNS, nom primitifs des îles Taphies et de leurs habitants. V. TAPHIES.

TÉLÉGONE, fils d’Ulysse et de Circé, se mit, lorsqu’il fut devenu grand, à la recherche de son père, débarqua dans l'île d’Ithaque, où pour vivre il se vit dans la nécessité de piller, et, dans un combat qui s’ensuivit, tua son père sans le connaître, accomplissant ainsi un oracle qui avait prédit au roi d’Ithaque qu’il périrait de la main de son fils. Il épousa, dit-on, Pénélope, et devint père d’Italus, de qui les Italiens prirent leur nom. On lui attribuait la fondation de Préneste et de Tusculum.

TÉLÉMAQUE, fils d’Ulysse et de Pénélope, était au berceau quand commença la guerre de Troie. La 20e année de l’absence d’Ulysse, il se mit à sa recherche, guidé par Minerve, sous la figure de Mentor. Après avoir eu diverses aventures à Pylos, à Sparte, à Phères, il reprit la route d’Ithaque, tua les assassins apostés par les prétendants pour le faire périr à son retour, trouva son père chez Eumée, l’aida dans son combat contre les prétendants et partagea son triomphe. Un oracle ayant prédit à Ulysse qu’il mourrait de la main de son fils, Télémaque s’éloigna ; malgré cette précaution, la prophétie fut accomplie, mais par Télégone. Télémaque épousa Circé et en eut une fille, Roma, ou un fils, Romus. On lui attribuait la fondation de Clusium. — Fénelon a fait du jeune Télémaque le héros d’un poëme en prose, où il a imité avec un rare bonheur la manière antique.

TÉLÈPHE, fils furtif d’Hercule et d’Augé, avait été exposé à sa naissance. Il fut nourri par une biche et adopté par Teuthras, roi de Mysie, qui lui donna sa fille. Ne connaissant pas sa mère, il fut sur le point de la tuer. Lorsque les Grecs vinrent assiéger Troie, Télèphe conduisit les Mysiens au secours de la ville, et se battit contre Achille dans les plaines du Calque, mais il y fut blessé dangereusement. Cependant il fut guéri par le fer même de la lance qui l’avait blessé, Ulysse ayant composé un emplâtre avec la rouille de cette lance. En reconnaissance, il rendit plusieurs services aux Grecs. Euripide, et après lui plusieurs auteurs anciens et modernes, ont mis sur la scène les malheurs de Télèphe.

TÉLÉPHONTE. V. MÉROPE et POLYPHONTE.

TÉLÉSILLE, Argienne, célèbre comme héroïne et comme poëte, sauva sa ville natale, attaquée par Cléomène, roi de Sparte, en faisant une sortie à la tête des femmes armées, 514 av. J.-C. : Cléomène se retira sans combattre. Une fête fut instituée en mémoire de cet événement et une statue fut élevée en l’honneur de l’héroïne. Il ne reste de ses poésies que peu de fragments qui se trouvent dans les Poetriarum fragmenta de Wolf, Hambourg, 1734, et dans les recueils de Schneidevin et de Bergck.

TELESIO (Bernardin), philosophe, né en 1509 a Cosenza (Calabre), m. en 1588, tenta de secouer le joug d’Aristote, en appela à la raison et à l’expérience et fonda dans sa patrie une Académie pour régénérer la science ; mais il imagina lui-même un