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d'un corps d'armée avec lequel il fit de nouvelles conquêtes; mais, las enfin des querelles sans cesse renaissantes entre Mouça et Tarik, il leur retira le commandement à tous deux, et laissa Tarik mourir dans l'obscurité.

TARKHOU, jadis Semender, v. de la Russie mérid. (Daghestan), à 150 k. N. O. de Derbend; 12 000 h. (presque tous Tartares). Château; résidence d'un khan des Kalmouks. Commerce avec la Perse et la Russie.

TARN (le), Tarnis, riv. de France, sort du mont Lozère, court au S. O., entre dans le dép. de l'Aveyron, arrose Milhau, Alby, Gaillac, Villemur, Montauban, Moissac, et tombe dans la Garonne par la r. dr., près de Moissac, après un cours de 350 kil. Elle reçoit à droite l'Aveyron, à gauche la Dourbie, le Dourdou et la Rance.

TARN (dép. du), entre ceux de l'Hérault au S. E., de l'Aveyron au N. E., de Tarn-et-Garonne et de la Hte-Garonne à l'O. ; 5740 k. carr.; 353 633 h. ; ch.-l., Alby. Formé de l'Albigeois (dans le Ht-Languedoc). Montagnes, surtout au N. et à l'E. ; plusieurs rivières : Tarn, Agout, Viaur, Aveyron. Fer, plomb, manganèse, houille, marbre, pierre à plâtre, sable à faïence, à porcelaine, à verre, etc. Sol fertile dans les vallées et les plaines : céréales, légumes, fruits, lin, chanvre, pastel, anis, coriandre; très-bons vins; vastes forêts; pâturages; gros bétail, beaucoup de bêtes à laine. Draps fins et autres, étoffes de soie, toile, chapeaux, liqueurs, confitures; filatures, teintureries, usines à fer. — Ce dép. a 4 arr. (Alby, Gaillac, Castres, Lavaur), 35 cantons, et 316 communes; il appartient à la 12e division militaire, a une cour impér. à Toulouse et un archevêché à Alby.

TARN-ET-GARONNE (dép. de), entre ceux du Lot au N., de l'Aveyron au N. E., du Tarn à l'E., de la Hte-Garonne au S., du Gers au S. O., et du Lot-et-Garonne au N. O.; 3720 kil. carrés; 232 551 h. ; ch.-l., Montauban. Ce dép., formé en 1808 seulement, se compose de parties du Bas-Quercy, du Ht-Languedoc, de l'Agénois, de la Lomagne, de la Basse-Marche et du Rouergue, prises sur les dép. environnants. Coteaux entrecoupés de plaines. Fer, marbre, pierre de taille, pierre tégulaire, terre à potier. Toutes les céréales, melons, noix, truffes, châtaignes, lin, chanvre, navette, peu de bois; beaux pâturages. Mules et mulets, gros bétail, porcs; volaille, abeilles, vers à soie; gibier. Cadis et autres lainages, toiles, bas de soie, coutellerie, amidon, papeteries, teintureries, tanneries. Grand commerce (avec l'Espagne et l'Italie), en grains, farines, mulets, bestiaux, vins, eaux-de-vie, laine, huile, safran, draps, cuirs, prunes et pruneaux. — Ce dép. a 3 arr. (Montauban, Moissac, Castelsarrazin), 24 cantons et 193 communes. Il appartient à la 12e division militaire, a une cour impér. à Toulouse et un évêché à Montauban.

TARNOPOL, v. de Galicie, ch.-l. de cercle, sur le Séreth, à 140 kil. S. E. de Lemberg; 15 000 hab., dont env. 7000 Juifs. Grand commerce. — Le cerclé de T., borné au N. et à l'E. par la Russie, ailleurs par ceux de Sloczow, Brzezany, Czortkow, a 95 k. sur 60, et 210 000 h. Napoléon le fit céder à la Russie en 1809; il fut rendu à l'Autriche en 1814.

TARNOW, v. de Galicie, ch.-l. de cercle, à 240 kil. O. de Lemberg; 4800 hab. Évêché, tribunaux, gymnase. — Le cercle de T., entre ceux de Rzeszow à l'E., de Jaslo au S., de Bochnia à l'O., et la Pologne russe au N. O., compte env. 240 000 hab.

TARO (le), Tarus, riv. de l'Italie septentr., sort du mont Penna (Gênes), coule au S. E., puis au N. E., entre dans la prov. de Parme, et se jette dans le Pô, par la r. dr., à 19 kil. N. O. de Torricelle, après un cours de 125 kil. Cette rive a donné son nom à un dép. français dont Parme était le ch.-l., et qui fut formé en 1803 du duché de Parme et de Plaisance.

TARODANT, v. du Maroc, ch.-l. de la prov. de Sous, sur le Ras-el-Ouadi, dans une plaine fertile, à 220 kil. S. O. de Maroc; 10 000 hab. Tanneries, manteaux dits haïks, selles, salpêtre.

TARPA (Sp. Metius), judicieux critique du temps d'Auguste, exerçait les fonctions de censeur dramatique et était l'un des commissaires chargés de choisir les poèmes dignes d'être déposés dans le temple des Muses. Il est cité avec honneur par Horace.

TARPEIA, fille de Sp. Tarpeïus, gouverneur de Rome au temps de Romulus. Séduite par les Sabins, elle leur promit d'ouvrir les portes de la ville à leur armée, à condition qu'ils lui donneraient ce qu'ils portaient au bras gauche, voulant parler de leurs bracelets d'or. Tatius, roi des Sabins, y consentit; mais, en entrant dans la ville, il jeta à Tarpeïa, non-seulement son bracelet, mais encore le bouclier qu'il portait au même bras; il fut imité par ses soldats, de manière que la malheureuse Tarpeïa périt accablée sous le faix. Elle fut enterrée au mont Capitolin, dont la partie la plus méridionale prit d'elle la nom de Roche Tarpéïenne. — Depuis, ce fut du haut de cette roche, haute de 32m, que l'on précipita les citoyens coupables du crime de haute trahison.

TARPÉIEN (Mont). V. CAPITOLIN et TARPEÏA.

TARQUIN I, L'ANCIEN. L. Tarquinius Priscus, 5e roi de Rome, était un riche seigneur ou Lucumon de Tarquinies, et avait pour père l'exilé corinthien Démarate. Sur le conseil de sa femme Tanaquil, qui passait pour savoir prédire l'avenir, il vint s'établir à Rome en 627 av. J.-C. Il y gagna la faveur populaire par sa bravoure et sa munificence; il obtint également la confiance du roi Ancus, qui, en mourant, le nomma tuteur de ses deux fils en bas âge. Le trône n'étant pas héréditaire, il réussit à se faire proclamer roi lui-même par les curies (614). Il doubla le nombre des sénateurs, qui n'était alors que de 150, et celui des chevaliers, fortifia et embellit Rome, y fit construire les Célébrés égoûts (Cloaca maxima), et jeta les fondements du Capitole. Au dehors, il battit les Sabins et leur prit Collatie, défit les Latins coalisés, leur enleva Cornicule, Ficulnée, Camérie, Crustumérie, Apioles, Médullie, Nomente, et, s'il faut en croire Denys d'Halicarnasse, soumit toute l'Étrurie après neuf ans de guerre. Ces faits sont sans doute exagérés, mais on ne saurait douter que Rome ne fût riche et forte vers la fin du règne de Tarquin. Ce prince mourut en 578, assassiné par les fils d'Ancus. Servius Tullius, son gendre, lui succéda. — Niebuhr ne croit pas que Tarquin fût étrusque, et il voit dans Priscus le nom d'un peuple ancien, qui se serait fondu avec les Latins (Prisci Latini) : selon lui, Tarquin serait un habitant de Lucérie, un Latin régnant sur Rome.

TARQUIN II, LE SUPERBE, 7e et dernier roi de Rome, petit-fils du précédent. Marié à une fille de Servius, femme d'un caractère doux et timide, il la fit périr afin d'épouser une autre fille de Servius, Tullie, femme ambitieuse, qui de son côté s'était débarrassée de son époux Aruns par un crime. Il forma avec elle un complot, dont le dénoûment fut la mort violente de Servius, et sa propre élévation au trône (534 av. J.-C.). Son règne fut une réaction contre les institutions de Servius : il abolit les lois favorables au peuple, accabla d'impôts les Romains des dernières classes, exila ou même fit tuer nombre de sénateurs, décida seul de la paix et de la guerre, et gouverna en tyran. Du reste, il fut guerrier actif et politique habile. Rome vit sous son règne Apioles vaincue et Gabies soumise (V. SEXTUS TARQUIN); les villes latines furent réunies en une confédération dont Rome était le centre et avait la présidence; le Capitole fut terminé ; il acheta les livres sibyllins. Tarquin faisait en personne le siége d'Ardée, quand la brutalité de son fils Sextus à l'égard de Lucrèce et l'énergie de Brutus déterminèrent une terrible insurrection à Rome ; la royauté fut abolie et remplacée par la république (509). Tarquin, banni avec toute sa famille, ourdit trois conspirations au sein même de Rome, mais sans succès (V. BRUTUS) ; puis il arma successivement contre Rome Veïes et Tarquinies (509), Porsena (508 et 7), les Sabins (505-499), les Latins (498-496), les